Un concert exceptionnel avec un nombre impressionnant de bons morceaux et une ambiance globale qui grave le sourire sur les visages |
Note globale |
Aucun bonus, un poil redondant avec le DVD précédent, le mixage 5.1 qui n'a pas eu l'occasion d'être perfectionné niveau spatialisation |
Editeur
: EuroArts
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Durée
totale : 1 h 39
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- - (PCM) Image NTSC |
Rien, à part des bandes-annonces pour d'autres DVD qui, dans la grande tradition du site, ne sont donc pas comptées |
A part la compression un poil visible par moments, c'est du très beau travail, les couleurs sont chaudes et le piqué appréciable, les caméras sont fluides, discrètes, et toujours là où il faut. Pas éblouissant, mais un sacré bon travail. | ||
Le même que sur le Arena Concerto : beau, ample, mais qui hélas ne bénéficie pas d'une spatialisation aussi forte que... dans les films ! Mais vous aurez tout loisir d'apprécier l'orchestre aussi chaleureux que massif. | ||
On dirait la même chose qu'en Arena, mais tout y est meilleur : interprétation, ambiance. Un concert fabuleux qui devient de facto un mètre-étalon dans un genre bien trop peu représenté. | ||
A part le livret, rien du tout, et c'est fort dommage. |
Ce fut Michael Kamen qui ouvrit le bal. Puis s'ensuivirent Jerry Goldsmith, Elmer Bernstein, Basil Poledouris, Leonard Rosenman. Une véritable hécatombe, des morts parfois jeunes, bien trop jeunes, et une partie de l'histoire du 7ème art qui commença à s'eçrouler. Aujourd'hui, qui reste parmi les grands noms de la musique de film, de ceux qui ont marqué les années 60, 70 et 80 ? Maurice Jarre, Bill Conti, John Barry, John Williams... Morricone. Les derniers dinosaures. Et hélas, plus de toute première jeunesse. Mais toujours rugissants. Seulement, contrairement à tous ses collègues, même plus jeunes, Morricone avait déjà gravé sur DVD un testament live, qui était de bonne facture d'ailleurs. Une façon supplémentaire de pérenniser son uvre. Et alors qu'on attend toujours le même principe pour des contemporains comme Zimmer ou Newton Howard, voire pour les disparus sus-cités post-mortem (les miracles n'arrivent pas que sur la 34ème rue), c'est avec surprise que l'on voit le grand Ennio remettre le couvert, cette fois en salles, à Munich. Les morceaux joués sont en majeure partie tirés du concert précédent, et on y retrouve des musiciens déjà présents sur le précédent DVD. Et pourtant, le résultat final n'est pas le même. Si la magie existe, en voici la preuve. | |
Comme
pour Arena Concert, on retrouve un orchestre massif, presque Wagnerien,
doublé d'un chur peu présent mais très effectif,
et les sempiternels synthé, basse, batterie (qui sonne très
carton d'ailleurs, avec un groove inexistant). Quelques instruments viennent
se placer à l'avant-plan pour des solos pas piqués des hannetons
: flûte de pan, soprano, violon solo. Et de temps à autre,
les musiciens produisent des sons peu orthodoxes, mais ça vous
le savez déjà. Ce que vous ignorez, c'est à quel
point cet ensemble est harmonieux et dynamique. Ennio donne toujours l'impression
d'être dispensable au pupitre, mais c'est sa sympathique pianiste
qui prend le relais : les doigts bien perpendiculaires aux touches, les
jolis yeux constamment à l'affût du moindre geste du Maestro,
elle joue la médiatrice entre dynamiques, tempi et le reste de
l'orchestre. Le résultat est immédiat : dès l'ouverture,
celle ô combien théâtrale des Incorruptibles, le spectateur
est happé, fasciné par la façon dont tout coule de
source, et ne pourra pas quitter son fauteuil pendant cent minutes.
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Car ce concert n'est pas seulement bon : il est passionnant. Les titres joués sont souvent connus, et majoritairement disponibles dans le Arena Concerto, mais ici les transitions dans la setlist ont été choyées pour ne jamais lasser l'auditeur. L'émotion est toujours présente, comme pour ce Il Etait une Fois en Amérique à fleur de peau, ou cet incroyable final avec Mission sublimé par le choeur qui y met tout le sien (de coeur), mais mieux encore, Morricone arrive à intervalles réguliers à nous faire franchement sourire, en exhumant des titres méconnus voire totalement inconnus du grand public, et qui se révèlent de véritables pépites, tel ce thème de H2S sautillant qui montre tout son talent d'arrangeur : partant d'une petite bêtise insignifiante, on arrive à un joyeux bordel où l'ensemble de l'orchestre, déchaîiné comme pas deux, rivalise de tonus et de richesse harmonique. Maddalena est également un bijou de fraîcheur, et d'autres titres obscurs provenant principalement de films indépendants italiens vous prouveront que le garçon a depuis toujours aimé distiller violence et dissonnances pour mieux choquer l'auditoire. Vous y trouverez même une ébauche de ce qui sera 20 ans plus tard le thème du fabuleux film Les Anges de la Nuit, car oui, Morricone est un redoutable autorecycleur, comme pas mal de ses collègues. Ce que ce concert, avec son immense diversité, ne laisse aucunement paraître. | |
Et
pour mettre vraiment tout le monde dans la poche, Ennio a sorti de ses
placards une pièce unique, à même de charmer les amateurs
de musique classique qui le trouveraient trop "commercial",
trop "fade" : Making Love, une farandole de thèmes, 15
minutes non stop de danse, de romantisme à la Beethoven (on pense
un peu à Kreutzer) et de frénésie, avec un pauvre
violoniste soliste qui doit puiser dans les derniers retranchements de
son instrument pour exécuter une partition extrêmement exigeante.
Mission accomplie : on ressort de ce quart-d'heure ravi, et encore plus
exténué que lui ! Le concert tout entier d'ailleurs donne
le tournis à force de tant de génie lancé à
la figure insolemment, par grosses poignées, sans retenue. Et inexplicablement,
ce qui était déjà très bon dans le concert
en plein air devient ici religieusement jouissif. La voilà, la
magie : avoir su transcender une simple suite de morceaux pour en faire
un des meilleurs moments musicaux de l'année 2005. Et le DVD en
lui-même, connaîtra-t-il un bourgeonnement similaire ?
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Pas tout à fait. Techniquement, il n'y a pas grand chose à redire, surtout côté image : la définition est bonne, le piqué vif, et la réalisation est à se pâmer. Le monteur nous montre toujours exactement ce qu'il faut quand il faut, c'est un régal de bout en bout ! (avec un bémol pour le synthé et la basse, mais cela permet de mieux apprécier les nuances des accompagnements, surtout aux bois). Le son est très bon en 5.1 et DTS, clair, puissant, mais on regrettera qu'il soit exactement pareil que l'Arena Concerto : joli certes, mais manquant cruellement de spatialisation qui aurait donné plus de corps et de netteté aux fioritures stylistiques que Morricone aime tant. La stéréo s'en tire très bien aussi malgré une balance mal goupillée à certains endroits. Et ? ...et c'est tout. Un petit livret, très sympa mais trop court (le rédacteur maîtrisant bien son sujet, on en aurait aimé trois tartines comme ça). Et aucun autre bonus. Des quoi ? Des bandes-annonces pour les autres DVD ? Oui, c'est bien ça : pas de bonus ! En réalité, le combo qui tue, ce serait ce concert, éblouissant, avec les bonus du Arena Concerto, excellents. Nous ne saurons que conseiller au néophyte, surtout qu'acheter les deux risque de faire quand même un peu redondance. Gardez simplement à l'esprit que, concert en extérieur ou entre quatre murs, vous n'avez pas ici un "greatest hits" d'Ennio, mais un "best of". C'est bien différent et c'est justement ce qui fait tout le sel de cet enthousiasmant DVD. Et vu le niveau, on peut même parler de fleur de sel de Guérande.
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20 octobre 2004 - Le Philharmonique (Gasteig, Munich, Allemagne) |
01.
The untouchables - Main credits |
Ennio
Morricone - Direction
d'orchestre
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München Rundfunkorchester - Orchestre |
Chor
des Bayerischen Rundfunks
- Choeurs
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Henry Raudales, Norbert Merkl - Violon solo |
Susanna
Rigacci - Soprano
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Ulrich Herkenhoff - Flûte de pan |
Gilda
Butta - Piano
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