Nemo - La machine à remonter le temps     


Un bon premier live bien équilibré, musiciens nickel, son très professionnel, bel objet bien rempli

Note globale


Format de l'image et coups de sang du montage, mérite un public plus nombreux et plus actif

Editeur : Quadriphonic
Durée totale : x h xx

(PCM)

Image        PAL

2 CDs remplis de remixes et réenregistrements
Backstage (12 min, feat. DJ Aurélien et MC Antoine ^^)

6 ? Oui. Certes il y a des problèmes de montage speedé et un souci à l'encodage, mais les caméras sont fluides, la compression assez bonne, le rendu plus professionnel que prévu et surtout le groupe est très bien suivi et filmé. Et le tout sent le travail acharné.
N'était pas loin du 9 car pour de la "simple" stéréo, ça pulse ! En particulier le rendu des guitares qui n'ont absolument rien à envier aux cadors du genre, les John Mitchell, Steven Wilson et autres Hassan Hajdi en tête.
Une setlist bien fournie en roller-coasters émotionnels, qui va piocher un peu partout et alterne brûlots et epics. Il peut être un peu difficile de se jeter dedans si on est néophyte, mais une fois les premières minutes passées, elle est bonne et on n'a froid qu'en en sortant.
Pour la partie CD où très clairement Nemo ne s'est pas foutu de la gueule du consommateur, ni du fan. J'en connais qui feraient mieux de prendre exemple. Le petit documentaire quasi-familial ? Je ne peux pas être objectif, il y a trop de copains dedans ! :)

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Dans le monde merveilleux du DVD musical, il n'y a pas 36 solutions pour réussir son coup : soit on a des moyens, soit on bosse. C'est un peu tranchant comme opinion, et puis on peut évidemment avoir des moyens et bosser quand même, mais globalement le manque de technique et de support peut toujours être contourné, si tant est que l'on se donne corps et âme à son projet. Pour un U2 au Rose Bowl qui dispose d'une vingtaine de caméras dont la moitié floue, on verra naître des live avec 4 caméras au poing où tous les caméramen avaient l'oeil ouvert, et le bon ; tout comme pour un live de Céline Dion où les meilleurs ingénieurs du son américains tenteront de spatialiser un groupe lissé, un pauvre petit Martin Orford donnera naissance tout seul dans sa cave à un Subterranea qui aujourd'hui encore reste une pierre angulaire du live en 5.1 qui tue. C'est exactement ce qui se passe ici pour le groupe français Nemo, naviguant (ah ah) dans les eaux du rock progressif "à la française", dignes successeurs d'un Ange sans malheureusement connaître le même succès public. Pour l'instant. Parce qu'à force de bosser, on espère bien que ça finira par payer.
La Machine... est donc un combo DVD + double CD censé fêter les dix ans d'existence de la formation. Censé, car tout autant que revenir sur les dix années précédentes, ce disque pourrait tout aussi bien leur assurer dix autres années futures. Un DVD live anniversaire d'un groupe français peu connu, aïe, n'aurait-on pas déjà vu ça il y a fort peu (Syrens Call par exemple) ? Certes. Mais que vous connaissiez Nemo ou pas, vous devez avant tout savoir que ce DVD n'est pas une simple sortie faite à la va-vite comme on en voit tant fleurir et pousser dans nos rayons tel le chiendent. Déjà, l'objet est beau, triple digipak avec livret et présentation classe. Comme Syrens Call ? Non, le concept va bien plus loin. Les deux CDs ne sont pas une simple version audio du live. Il s'agit d'une compilation rétrospective du groupe, et pas n'importe comment, avec deux inédits fort sympathiques, une moitié de titres remixés (plus ou moins fortement), et une autre moitié carrément réenregistrée ! Si ça c'est pas prendre soin du consommateur, je ne sais pas ce que c'est.
Le live, maintenant. N'allons pas mentir : de grand spectacle il ne sera pas question, encore que la toute petite salle ait été malignement décorée de VariLite toujours bienvenues et d'un étrange arbre-sous-marin rappelant que le patronyme du groupe ne vient PAS de chez Pixar (en même temps, avec une chanson intitulée Philéas, si vous n'avez pas compris, vous êtes prié de quitter cette page et d'aller lire un vrai écrivain). Revenant sur toute sa discographie mais avec une certaine limite de choix dans les titres (les chansons de Nemo peuvent durer longtemps, dixit Jean-Pierre Louveton en personne), le quintet fait montre d'une puissance et d'une cohésion bluffantes. La comparaison avec Ange n'est point superfétatoire, mais avec le Ange des années 2000 : tellurique, carré comme une racine, groovy (Lionel Guichard est visiblement content d'être sur scène), avec un son parfait et une volonté de construire un pont entre metal et rock français qui durera bien plus longtemps que d'autres crossovers malingres. Le groupe entier se débrouille comme un chef, les rares petites erreurs étant perceptibles justement de par l'excellence de tout le reste. Maître à bord, JPL se permet de dominer la scène avec une guitare insolente au son parfaitement digne des grandes formations anglosaxonnes.
A partir de là, Nemo se profile-t-il comme un groupe de tout premier plan ? Clairement, mais, et c'est là que ça devient encore plus intéressant, sans gommer toute trace de leur facette "semi-pro". En gros, cela permet de se rappeler que d'autres formations françaises possèdent eux aussi de grands talents et méritent bien des sorties DVD et des albums en bacs ; ce qui n'empêche pas Nemo d'aller un cran au-dessus. Le live peut paraître âpre à découvrir en une fois, mais dès la seconde vision les refrains et temps forts vous reviennent en pleine face, signe qui ne trompe pas. Il n'y a qu'à voir Barbares, monstrueux pavé qui, s'il est peut-être le plus faible vocalement du set, est un boulevard de mélodies et de passages techniques à rendre jaloux tout musicien aspirant. Le seul problème qui peut encore empêcher ce disque d'être instantanément assimilable, ce sont les fins de titres qui mériteraient d'être retravaillés, plus amples et plus rock'n'roll (plus évidentes aussi il faut l'avouer, en gardant en tête l'indétrônable Alchemy de Dire Straits). Nemo méritait-il un DVD live à lui tout seul ? Après cette vision, sans aucun doute. Mais quel DVD exactement ? Un semi-bootleg en mono qui ferait honte au moindre groupe de punk polonais ?
C'est là que, lorsque l'argent vient à manquer, patience et travail font le reste. Le son d'abord : s'il n'est qu'en stéréo, il est simplement énorme, d'une précision assez redoutable sur tous les instruments, la guitare vrombit, les nuances de la batterie sont fort bien respectées. Les seuls défauts sont un public trop épars, donc assez chétif (on n'est pas au Stade de France non plus), et la voix qui de temps en temps est noyée (chaque fois que JPL n'a pas les lèvres collées à un micro peu collaboratif). Pour le reste, c'est parfaitement digne des productions mondiales du genre ("mondiales" car si le progressif était cantonné à l'anglo-saxon, le monde serait triste). Le choix du format PCM est particulièrement bénéfique pour une bande-son pleine de panache.
Mais l'image n'est pas en reste, alors que sur le papier elle aurait dû être catastrophique. Seuls trois caméramen ont été réquisitionnés pour filmer les deux concerts ; d'habitude c'est un nombre bien trop petit, un minimum de cinq étant requis pour obtenir un résultat professionnel. Or, sans atteindre des sommets, l'image de ce live se montre agréable à suivre, avec un montage souvent bien conçu, de très nombreux angles tous réussis, des mouvements de caméra fluides, quelques gros plans sur les doigts ; seul le batteur est un peu mis de coté comme bien souvent, mais au moins apparait-il, lui (si on reprend l'exemple de Syrens Call... ou de Mark Kelly à Loreley, ou de Jim Crichton à Munich...). Le tout simplement parce que ça a été fait avec le coeur et la tête plus que les bras, par des gens qui visiblement ont un minimum répété les choses. Là aussi les défauts demeurent : un souci d'encodage ayant désanamorphosé une image qui au départ n'était pas anamorphique (NDGrichka : Ca va, vous avez pigé ?), et surtout l'éternel problème du montage typé Vômi-de-Jason-Bourne à chaque moment un peu trop rock. Répétons-le une énième fois, et ce sera pas la dernière : quand la musique devient violente, l'image n'a jamais besoin de s'y mettre aussi.

Avec des moyens relativement modestes, et une cohorte de bonnes chansons, Nemo est donc arrivé à produire un coffret qui n'a pas grand-chose à envier aux groupes phares du genre. Plus encore qu'une belle offrande aux fans, cette Machine à Remonter le Temps est également un Polaroid sans fard de l'état du groupe, qui donne envie se se projeter 10 ans dans le futur pour voir les évoutions, autant musicales que visuelles. Certains lecteurs se demanderont si une note de 8/10 est autant méritée ; au vu du travail colossal effectué, il n'y a pas de doute possible. On aurait toujours préféré plus et mieux, comme un documentaire plus long et introspectif sur la carrière du groupe, mais en l'état voici un disque où chacun a fait du mieux qu'il a pu à chaque stade de la réalisation, et c'est bien l'essentiel. Un joli cadeau à s'offrir pour aérer son paysage musical tout en supportant des p'tits français qui n'ont pas la chance d'être assez mauvais pour pouvoir être sponsorisés par les médias.


10-01-2011

17 & 18 avril 2010 - Chadrac (France)


01. Philéas part I
02. Miroirs
03. Même peau, même destin
04. Apprentis sorciers
05. Philéas part II
06. La mort du scorpion (part III)
07. Tous les chemins
08. Barbares
09. Les enfants rois
10. Philéas part IV


Jean-Pierre Louveton - Chant, guitare   
   Guillaume Fontaine - Claviers, flutiau, chant, choeurs
Lionel B. Guichard - Basse, choeurs   
   Jean-Baptiste Itier - Batterie, choeurs
David Zmysiowski - Guitare, choeurs