Très drôle pour les fans de néo (si si ça existe, non mais !), bonne humeur et technique Metal Mind

Note globale


Au risque de paraître néo-chiant : ça sert à quoi ?

Editeur : Metal Mind
Durée totale : 2 h 27

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Image        PAL

CD-ROM : 4 fonds d'écran parfaitement hideux
Fiche des musiciens où ils oublient l'essentiel : leur groupe d'origine !
Répétitions (33 min)
Interview de Clive Nolan et John Jowitt (16 min non st)
Galerie de photos (8 min)
Logo (30 sec. On ne sait toujours pas à quoi ça sert mais bon...)

Comme très souvent chez Metal Mind, le 16/9 est appréciable, les couleurs chaudes (mais un peu baveuses), les cadrages excellents et le piqué sur les gros plans fantastique. Parfois c'est brouillon, mais on reste quand même sur le haut du panier.
Mouaif, on va donner 7 pour la propreté, pour le côté "live" très honnête et pour le public qui en 5.1 acclame les intros avec ferveur. Mais comparez Ouverture avec sa version sur Subterranea de IQ et vous comprendrez pourquoi si peu d'enthouziazme...
Une espèce de best-of du Néo Progressif Anglais avec switchage de chanteurs. On se marre, on chante à tue-tête, on admet quelques prises de risques, mais rien de transcendant. Trop court et trop approximatif pour faire office de super-ultra-best-of pour les novices.
Metal Mind est réputé pour ne jamais faire de DVD "bare-bones". Mais si l'interview est relativement rigolote, la demi-heure de répétitions, elle, va éprouver vos nerfs à force d'indigence.

UN LAPIN, CHEF !

Imaginez un peu. Vous êtes en 1983. Avec l'arrivée du punk, de la new wave et du disco, plusieurs styles musicaux ont sombré corps et âme, parmi lesquels celui que vous pratiquez habituellement. Le metal, mettons. Ne pouvant pas céder à l'appel de la mode, vous continuez de jouer cette musique impopulaire, mais vous y avez incorporé un élément subversif. Disons que votre chanteur fait gruik gruik toutes les deux phrases. Votre style accroche un nouveau public et sans crier gare vous commencez à rencontrer un succes inattendu et contre-normes. La presse s'en empare et se met alors à monter en épingle le phénomène de ce qu'elle baptise le Cochon Metal. Evidemment, ce terme apparaît partout et vous vous forgez un public qui dresse l'oreille et remue la queue (et vice et versa) à la moindre citation Cochonne. La mayonnaise prend bien, vous avez d'autres groupes qui suivent, un groupe entièrement féminin qui déclare faire du Truie Metal (la chanteuse fait onk onk), et même un groupe musulman qui fait un tabac avec de l'Agneau Metal (avec un chanteur bêêêêllâtre). Puis tout s'en va, gloire, argent, veaux, vaches... cochons ! Ca couve quelque chose, arf. Et dix ans plus tard, une nouvelle génération vermille dans votre discographie, mais trop orgueilleux, vous déclarez que vous n'avez en réalité jamais fait de Cochon Metal, que ce style n'a jamais existé, et que votre musique dépasse largement les clivages. Or, on vous propose de combiner tous les groupes de l'époque pour donner un concert géant et se faire des thunes. Comment appelleriez-vous le supergroupe ? Simplement : "Cochon". Et de prétexter que c'est de l'humour, tout en priant que le maximum de gens soient au courant de cette réunion pour remplir la salle et payer le crédit votre Talbot Sorcière 450.000 kilomètres moteur d'origine.

Voila, vous remplacez Cochon Metal par Neo Progressif, et vous avez Neo.

ON VEUT DU À L'AIL !

Le nom du groupe est donc une déclaration en bonne et dûe forme : ce sont des superstars du Neo-Prog qui se sont associées pour rejouer leurs anciens tubes. Jadis, IQ, Pendragon, Arena, Pallas, et le tout supervisé par Clive Nolan, qui a déjà fait partie de la moitié des groupes de neo anglais ayant jamais existé ("non" nous dit-il dans les bonus ; c'est vrai qu'en mentant ainsi, il peut nous faire oublier quelques horreurs qui ont payé ses fins de mois, à commencer par l'épouvantable Medecine Man). Le groupe ainsi formé, avec donc Nolan et John Jowitt (IQ, Arena) en maîtres de cérémonie, a profité de l'infrastructure de Metal Mind, société de production polonaise au catalogue de plus en plus impressionnant, pour délivrer un DVD-témoignage - profitant de la beauté des décors, de l'enthousiasme désormais mythique des polonais, et d'une réalisation de toute beauté (l'image du DVD est excellente). Et que jouent-ils ? Des morceaux classiques de leurs groupes, en mélangeant chanteurs et musiciens, puisque pour être honnête c'était ça l'idée alléchante de base. Et pour rester dans l'honnêteté (je ne serai jamais un politique), c'est bien l'idée que l'on retiendra à l'arrivée ; pas le résultat.

LE FIL VERT SUR LE BOUTON BLANC

Déjà que ce concert est court, le premier contact est encore plus repoussant. Débuter le concert par l'ouverture de Subterranea, album d'IQ qui est probablement l'un des tous meilleurs disques du genre, c'était se mettre le public dans la poche. D'ailleurs les 5 premières secondes procurent un frisson d'extase. Au final, on se demande à quoi ça servait de monter un supergroupe pour avoir un instrumental mal joué, avec des pains à la guitare, des claviers ridicules et la moitié des arrangements partis à la benne. Nolan n'est pas Martin Orford, ce premier titre le rappelle douloureusement, et le reste du concert ne sera pas beaucoup plus crédible. Le groupe n'est pas soudé, il joue roborativement, et seuls les chanteurs peuvent faire la différence... ou non. Les bons, on les connaît : d'abord Alan Reed, le lutin de Pallas, totalement deshinibé, qui se donne à fond et délivre un excellent For The Greater Glory (le meilleur titre de la soirée ?). Il sera un poil moins convaincant sur Crown of Thorns qui joué ainsi fait encore plus plagiat éhonté de Carpet Crawlers. Autre chanteur qui s'en tire pas mal, Nick Barrett : oh, il couine un peu, et a beaucoup de mal à venir à bout de Outer Limits (qui là aussi n'a pas la même prestance qu'avec IQ). Mais Barrett, au moins, il a sa fidèle Stratocaster. Sur Master of Illusions, ça peut aider.

SI J'CONNAISSAIS L'CON QU'A FAIT SAUTER L'PONT !

Mais les efforts réunis, y compris sur un final en forme de Nostradamus sautillant, ne feront pas oublier l'essentiel : tout ça est mignon, pas mauvais, pas totalement dénué d'âme ni complicité, mais absolument aucune version n'arrive à la hauteur de leurs illustres pendants "canal historique", ne parlons même pas de versions meilleures. Par contre, vous avez l'inverse : les réhabilitations. Des absents, en l'occurence. Ceux qui trouvaient Peter Nicholls mauvais chanteur n'ont jamais écouté la somptueuse Erosion chantée par John Jowitt : le garçon s'applique, mais on le sent complètement mort de trac et il n'a pas l'once du charisme vocal de Nicholls. Le meilleur reste à venir : Clive Nolan qui chante le single ultra culcul "Mindgames" (qui ressemble à une chanson de Didier Barbelivien tant elle fait populo). Et Clive Nolan qui chante, c'est quelque chose : il est faux, sa voix va souvent se perdre dans des endroits qu'on sait même pas comment elle a pu grimper jusque là, mais lui au moins, il s'amuse, il y va franchement et semble complètement à l'aise. A lui seul il résume bien le DVD : c'est marrant, familial et de bon aloi, il faut simplement n'accorder aucune importance au résultat final.

J'AI GLISSÉ, CHEF !

Résultat final qui ne sera pas rattrapé par une quelconque pirouette bonusienne : les deux ajouts principaux n'ont rien de vraiment glorieux. L'interview de Nolan et Jowitt est plaisante mais n'apporte aucune crédibilité indéboulonnable au projet (Nolan précise que "Neo a sa propre identité", et il tient à le repréciser dans sa fiche signalétique. Oui oui oui... (NDBaker : Depuis, Jowitt a déclaré en interview très exactement le contraire)). Et surtout, les plus courageux pourront (et dans mon cas, devront) se parfumer trente cinq minutes de "répétitions", qui sont, comme dans 99% des DVDs musicaux, totalement inutiles puisque ce ne sont pas de vraies répétitions où l'on met en place les arrangements, mais juste un soundcheck où le groupe joue en entier, mal, avec un son pourri, les chansons d'une traite filmées de loin par un camescope. Et ceux qui vendent le disque appellent ça un bonus. Bon, au moins on n'est pas dupes : le nom du groupe ne laisse plâner aucun doute sur le contenu. Mais qui va acheter ce Broadcast ? Les fans se doutent bien que ce genre de comité VIP ne donne que très rarement de bons résultats ; quant aux novices par le best-of alléchés, ils ont franchement autre chose à acheter d'abord. Non, ce disque n'a finalement qu'un but : amuser les fans, comme les musiciens eux-mêmes s'amusent. C'est quasiment le même genre de fun, presque une télépathie. Sauf que eux sont payés tandis que nous, on paie. En fait de télépathie, ce serait plutôt des vases communicants. On se consolera en se rappelant ce que disait Vendredi, le fidèle euh... ami de Robinson Crusöé : "télépathie, on peut plus wegawder le concew".


05-07-2007

PS : Et puis franchement c'est quoi cette pochette ?

31 octobre 2006 - Théâtre Slaski (Katowice, Pologne)


01. Overture (IQ)
02. Erosion (IQ)
03. For the greater glory (Pallas)
04. Hide and seek (Pallas)
05. Crown of thorns (Genesis Pallas)
06. The hanging tree (Arena)
07. The enemy smacks - End section (IQ)
08. Mindgames (Shadowland)
09. Outer limits (IQ)
10. Shadows of fate (Nolan/Wakeman)
11. Paintbox (Pendragon)
12. Masters of illusion (Pendragon)
13. Nostradamus (Pendragon)


Clive Nolan - Chant, choeurs, claviers   
   John Jowitt - Basse, chant, choeurs
Mark Westwood - Guitare   
   Alan Reed - Chant
Andy Edwards - Batterie   
   Nick Barrett - Chant, guitare
John Barnfield - Claviers