Concert intéressant de A à Z, musiciens excellents et polyvalents, chanteuse épatante, son agréable, et puis Kate (enfin presque) |
Note globale |
Images parfois monochromatiques, inégalité entre les chansons bien... naturelle ! |
Editeur
: TF1 Vidéo
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Durée
totale : 2 h 20
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- - (PCM) Image PAL |
Road
movie : La tournée des curiosités (24 min) |
Il est vraiment dommage que la scène ait été souvent baignée de lumières bleues monochromes : le tout bave forcément en DVD. Mais le reste est agréable, très bien monté, fluide, on ne voit pas encore assez les musiciens mais c'est très honorable. | ||
Le 5.1 TF1 qu'on aime : bancal, mais gros. La stéréo est d'une propreté absolue, surtout sur la batterie. Là aussi, rien de renversant mais on passe un très agréable moment. | ||
Des extraits des deux albums, quelques menus réarrangements, et d'excellentes reprises dont une très belle surprise. On sent qu'il y a encore du potentiel non exploité derrière tout ça, mais en l'état, c'est déjà excellent, bien chanté, bien joué, varié et artistiquement cohérent. | ||
Si les clips ne sont pas forcément indispensables dans la carrière de la jeune femme, ils sont d'une qualité formelle absolument épatante. Et le roadmovie se laisse particulièrement bien regarder. |
Allons-y pour une bonne tranche de clichés sans sel et sans matières grasses : Il était une fois une belle princesse, qui habitait dans un beau château... enfin, le chateau de la Star Ac' à Vosves, c'est pas Moulinsart non plus. Elle chantait toute la journée, entourée de ses soeurs, toutes plus piaillantes les unes que les autres, et de Nikosine, marraine de groupe en leasing. Le château était hanté par une terrible malédiction qui montrait au pays entier ce qui s'y passait, mais curieusement, ses soeurs ne s'en plaignaient pas, et plus c'était piailleur, moins ça se plaignait. Notre princesse n'y faisait pas attention, elle ne faisait que chanter. Au grand dam des seigneurs du château, qui voulaient la voir un peu plus glamour, un peu plus souriante, et surtout beaucoup plus dansante - d'ailleurs les cours de danse faisaient partie des supplices quotidiens pratiqués dans le château, au dernier étage du sinistre Donjon de la Mort. Supplice pour elle, pas pour ses cadettes qui adoraient ça, persuadées qu'en dansant bien et en souriant, elles séduiraient le prince charmant, le très convoité Pak Hedfrikk (NDBaker : Avec un nom pareil, c'est sûrement le prochain batteur d'Opeth). Notre princesse s'en fichait ; la plus belle, c'était elle, la meilleure chanteuse, c'était elle aussi ; pourtant personne à l'intérieur du château ne faisait attention à elle car elle était toujours triste, s'habillait en noir et écoutait des choses bizarres. Un beau soir pourtant, Nikosine dût demander aux gens du peuple, les bas-morceaux comme on les appellait alors, quelle souillon devait quitter le château. A la surprise générale, ce ne fût pas notre princesse, qui continua de vocaliser comme si de rien n'était. Le même rituel se répéta toutes les semaines, mais à chaque fois, ce fût une pimpante naïade ou un gai laquais rasé de frais qui quitta la mansarde. Cela était fâcheux pour les seigneurs du château qui se demandèrent si la princesse ne plaisait pas simplement car elle était proche du peuple, alors qu'une princesse est censée être intouchable et faire rêver. Arriva la dernière semaine, et la dernière Bouton-d'Or fût éjectée par la masse salariale au profit de notre princesse. Les seigneurs et Nikosine agitèrent leur baguette magique, transformant les citrouilles en carosses et les contrats en disques. Ce n'était pas sans arrière-pensée : eux savaient que l'enchantement ne durerait que jusqu'à minuit - heure de la nouvelle saison de supplices au château. Notre belle princesse alla donc au bal. Les "oh" et les "ah" de ravissement autour de sa personne auraient pu la destabiliser, mais elle n'en eût cure. Elle sentait que rien dans ce bal n'était authentique. Le prince Hedfrikk entra dans la salle, tous apparâts dehors, la plume au cul tel le paon en rut, mais la princesse se contenta d'une bise amicale (et de le planquer sur sa pochette). Elle dansa quelques tours avec les châtelains du coin, dont le poète romantique Lionel Florence qui lui offrit une nouvelle paire de pantoufles de vers, et se laissa enivrer par la fête, doucement, tout en gardant un minimum de lucidité, car comme disait Nestor, le majordome du château : "souviens-toi Nolly, c'est Sam qui conduit !" (bon, il était pété, le Nestor). Les douze coups de minuit arrivèrent. Nikosine et ses logeurs en étaient déjà à la prochaine princesse du jour, entre daube et dents factices ; le public aima daubasse et le dernier carillion sonnant, c'en était fini de notre princesse. Mais une bonne fée veillait sur elle, ou plutôt une sorcière, comme notre princesse les aimait puisqu'elle était la seule au château à croire en leur existence. Bien lui en avait prît : alors que notre princesse courût vers son carosse pour échapper à son triste sort, les vers dont étaient faites ses pantoufles se brisèrent (de réputation, les vers de Florence ne sont pas très solides), et elle se tordit la cheville. Elle fut rattrapée au vol par Don Voulzi, qui n'était peut-être pas le prince charmant dont chacune rêvait, mais qui était généreux et la prit sous son aile. Dès leur premier regard échangé, elle sut que Don Voulzi allait changer sa vie bien plus sûrement que le hideux Hedfrikk. Alors qu'elle aurait dû disparaître, la princesse continua de travailler encore et encore, mais contrairement à ses soeurs, elle aimait cela. Le public commençait à se lasser de regarder les murs de leur château, qui leur semblait soudain bien fade, avec ses simili-princesses capricieuses et ses fleurs fanées. Dames marries, laids lys, la grogne commença. Des oeufs pourris furent lancés sur les carosses du Roi, et une bombe artisanale fut même placée dans l'enceinte du château, réveillant en sursaut votre narrateur préféré soit dit en passant. Peu à peu, le château s'enfonça dans les profondeurs fûmantes d'un sombre Marais. Et notre princesse pouvait sourire : elle était debout, elle était toujours belle... et bien qu'elle chantât le contraire, tous sûrent que de princesse, elle était devenue reine. |
Les contes de fées finissent mal en général. Cendrillon devient bouffie et sa pantoufle de vair ne lui va plus parce que le tabac et l'alcool la font chausser du 53. La Belle au Bois Dormant se fait jeter par le Prince quand elle revendique son patronyme en restant toute la journée affalée sur le canapé à regarder Dechavanne. Blanche-Neige ayant aidé les sept nains au sortir de la mine, elle fût jugée pour corruption et débauche de mineurs. Et ne parlons pas du petit Poucet qui après avoir fait brûler la sorcière ouvrit un kebab "Aux petits cailloux" boulevard Sébastopol. Aussi, qui aurait parié qu'un jour Nolwenn Leroy, gagnante de cette émission de télé-réalité-crochet appelée "Star Academy", finirait par sortir un DVD, un bon, un vraiment bon ? Peu de gens... mais pas personne. Car lors de son passage, il était indéniable que cette fille avait quelque chose d'autre, de différent de ce qui sortira plus tard en masse par packs de 12. D'autres candidats avaient du talent, bien sûr, mais elle a en plus réussi à gagner. Gagner, la belle affaire, pas de quoi se vanter, limite à cacher dans son C.V. Mais gagner signifie aussi sortir un disque, débuter sa carrière. La continuer est une autre paire de manches, mais voici qu'avec ce live à l'Olympia, la belle nous prouve qu'elle en avait sous le capot. Continuer sa carrière ? Oui, un second album avec Voulzy, plus pop, plus profond, plus cohérent que son premier disque, et maintenant cet excellent live qui vient asseoir sa réputation. | |
Excellent
live ? Nolwenn ? Vous ne rêvez pas. Qu'est-ce qui fait un bon DVD
live, outre une belle image et un beau son ? De bons musiciens, doués,
de bonnes chansons, une bonne fluidité entre icelles, un public
réceptif, chahuteur mais pas bête, et un minimum d'importance
artistique dans la carrière de l'artiste. Tournez et retournez
le disque dans tous les sens : c'est bien ce que vous trouverez ici. Artistique
? Bonnes chansons ? Musiciens ? Vous voulez dire... comme quand ça
joue de la musique ? Par quel étrange phénomène ?
On pourra prendre le problème par tous les bouts, la seule explication
valable est celle-ci : à la Star Ac, et dans tous ces télécrochets
- allons même plus loin : dans tout ce qui est sorti en France depuis
15 ans, on trouve des chanteurs. Des chanteuses. Des brailleurs, des brailleuses,
des conteurs, des conteuses. Nolwenn, elle, est musicienne. Et
ça fait toute la différence. Nolwenn joue de la flûte.
Nolwenn joue du piano, bien. Pire, Nolwenn apprivoise ce bestiau infernal
qu'est le violon. Nolwenn ne fait pas que chanter et gémir des
notes hautes avec un joli vibrato histoire de captiver la ménagère
TF1 : elle comprend les mélodies, les harmonies, l'essence de la
musique. Là voilà, la différence.
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Autour d'elle, il n'y a pas de manchots non plus. Tous en réalité sont multi-instrumentistes, même - c'est rare - la section rythmique. Cela fait donc six zicos multipliés par deux ou trois, et autant de choristes. Le tout créée une véritable unité de groupe, comme chez des Goldman ou des Cabrel, soit des pointures qui - comme par hasard - sont généralement plus appréciés par les fans de rock ou de pop internationale. Leur mission durant le concert : adapter de nombreux extraits des deux albums de la donzelle, plus des reprises, avec assez de fidélité pour ne pas choquer toujours cette maudite ménagère... mais aussi assez de peps et de brillance pour rester fidèle aux souhaits de l'artiste. Il y a donc recours à des bandes, parfois même un peu trop, et on sent les musiciens un poil retenus, mais le tout fait preuve d'une très belle cohérence. Les titres du premier album sont un peu plus musclés, tandis que les arrangements aériens du second sont exécutés avec une magnifique précision, certains titres comme Histoire Naturelle en étant presque perfectionnés ! | |
(Note à Séverine : Et là, elle te ressemble toujours pas, hum ? ^^) |
On
peut alors se rendre compte que malgré quelques menues baisses
ici ou là, Nolwenn s'est déjà constitué un
répertoire plus qu'honorable. Preuve en est ce "Cassé",
magnifique hommage à Brice de Nice, qui s'avère (superbe
solo final mis à part) l'un des titres les plus faibles du DVD...
alors même qu'il s'agissait déjà à l'époque
d'un des meilleurs titres français "grand public"
de son année. C'est dire le niveau, mais jeune artiste oblige,
ce sont surtout les reprises qui s'avèrent cruciales... et tuantes.
Outre une reprise de Leon Russell, divine surprise, où Leroy se
montre Lareyne du blues - et étant la seule chanteuse française
à pouvoir chanter en anglais sans être ridicule - on notera
aussi une revisite épurée, très sensible, de Cyndi
Lauper. On rajoute deux invités masculins balançant les
voix et tâtant de l'acoustique avec justesse, histoire de bien montrer
qu'on est à un concert, pas à une exhibition nombriliste
: encore un bon point.
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Et puis la baffe magistrale, le grand moment de ce DVD : inattendue, presqu'incroyable, et source immédiate de craintes... Running Up That Hill de l'immense, de l'intouchable Kate Bush. Et là, plus question de tricher, d'utiliser des bandes ou autres ! Sans se laisser démonter, Nolwenn et ses musiciens ont bien compris qu'ils ne pouvaient pas la refaire à l'identique sans une batterie de Fairlights sur scène : ce chef-d'oeuvre a donc été remodelé, un peu plus hard rock, un peu plus tribal et avec quelques réarrangements surprenants... et ça tue sa race. Comme ça, sans sourciller, une gamine française venue de la Star Ac se permet l'impermissible, avec un aplomb stupéfiant, et gagne haut la main. On avait déjà trouvé que la pochette de l'album "Histoires Naturelles"était très "Bushienne" dans son essence, et bien voilà... Si on voulait pinailler, on regretterait juste que la douce brunette déclare avoir entendu ce titre dans le ventre de sa mère - à moins que l'accouchement n'ait duré trois ans... Mais c'est pinailler. C'est du détail d'acarien. | |
Les autres éléments du DVD n'iront pas à contre-courant de l'excellence de l'ensemble. L'image est souvent prisonnière de pans de lumière trop monochromes, et le montage se focalise comme toujours un peu trop sur la chanteuse (même si les garçons n'y perdront pas au change), mais l'ensemble est harmonieux. Le son est parfaitement propre en stéréo, et le DTS, un peu trop gonflé aux hormones sur les bases (c'est Nolwenn Leroy les mecs, c'est quand même pas Meshuggah !), se permet de spatialiser la réverb au maximum, du 5.1 TF1 Vidéo quoi : pas précis, pas aristiquement bouleversant, mais parfaitement fonctionnel. Les bonus sont trois clips, très léchés (images absolument magnifiques), et un roadmovie un peu meilleur que la moyenne, pas assez de répétitions mais beaucoup de bonne humeur, de pragmatisme, et une Nolwenn qui semble beaucoup plus sympathique qu'avant, avec un professionnalisme qui fait plaisir et un solide humour sarcastique (oserais-je l'inviter à dîner pour profiter de ses anecdotes croustillantes ? je vais me gêner, l'appel est lancé). Rien donc qui aille contre le plaisir du spectateur, rien surtout qui laisse entrevoir une seule seconde une opération marketing. Et si c'en était une ? On s'en ficherait comme de notre première culotte : on découvre ici une vraie artiste, certes encore un peu verte, au potentiel pas encore lâché, et qui délivre déjà un live digne des plus grands. Début de carrière prometteur ? Que oui, et même si la roue tournait, ce qui resterait son unique testament live serait un objet dont elle (et ses cinq partenaires) pourrait rester fière jusqu'à la fin de ses jours. Et croyez-le ou pas, mais on connaît d'autres artistes, et non des moindres, qui pourraient ne pas en dire autant.
PS : Alors pour le dîner aux chandelles, ma chère Nolwenn, c'est pas compliqué tu connais déjà, après le château tu continues jusqu'au rond-point du Leclerc, et... Ah, Kaworu me signale que si je vais jusqu'au bout, mon loft va être envahi de jeunes naïades DvDreamScapiennes en folie, et ce ne serait pas raisonnable. |
Octobre 2006 - L'Olympia (Paris) |
01.
Mélusine |
Nolwenn
Leroy - Chant,
claviers
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Frédéric Renaudin - Claviers, flûte, saxophone, hautbois, percussion, choeurs |
Thomas
Coeuriot - Guitare,
harpe, choeurs
|
Eric Lafont - Guitare, claviers, batterie, percussion, choeurs |
Laurent
Cokelaere - Basse, guitare, choeurs
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Frédéric Jacquemin (pas l'opérateur) - Batterie, percussion, basse |
Teitur,
Laurent Voulzy - Chant, choeurs
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