Live extraordinaire, setlist fabuleuse, globalement un objet agréable et conforme aux attentes

Note globale


Technique insuffisante, visuellement trop sobre

Editeur : Century Media
Durée totale : 2 h 38

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Image        NTSC

2 CD live (version limitée et devenue rare only)
Livret avec excellentes liner-notes
Live report en Europe (27 min non st)
Interview du groupe (14 min non st)
Clips de The Enemy et Praise Lamented Shade (7 min)
Trailer du DVD "Over the madness" (1 min non st)
Interview des fans (8 min non st)

Une image ni hideuse ni bête, mais qui souffre terriblement de... ce qui se passe sur scène, c'est à dire pas grand chose. Et une fois de plus le faux 16/9 est gonflant. Cela dit, rien de totalement rhédibitoire non plus.
Note tirée, hissée, hélitreuillée vers le haut grâce à une stéréo impeccable : crade, live et brute, mais où on entend parfaitement tout, et en prime au casque la complémentarité des deux guitaristes est à tomber. Le 5.1, lui, est... est... ah damned de diantre, tiens, je vais faire semblant qu'il existe pô !
La baffe. Le massacre. Ca enquille chef-d'oeuvre sur chef-d'oeuvre, sans laisser respirer, ça pioche dans tous les albums (ou si peu s'en faut), le groupe est au taquet, le chanteur est pas aux fraises ce qui relève de l'exceptionnel, le public est dingo (si), et le tout se laisse réécouter en boucle. J'en connais beaucoup qui devraient prendre des notes.
A part l'absence de sous-titres qui confine à la grippe (même vacciné on sait qu'on va se la farcir, alors autant se balader à poil), et deux clips qui font d'autant plus honte que PLost a toujours été bon dans ce domaine, on peut avouer que les bonus font passer un très agréable moment.

Manger des pâtes tous les jours, c'est le pied. Pendant deux semaines. Après, la seule vue d'une coquillette même crue donne des sueurs froides. Sans compter foie et estomac qui en ressortent salement amochés. Il en est un peu pareil avec les live : en sortir un tous les deux ans rapproche chaque fois plus de l'indigestion. Dans ces cas-là, il est sain d'aller chercher un peu d'oxygène auprès de groupes qui se font plus rares. Bingo ! (Et pas Dingo, qui est dans la salle). Dans le genre, Paradise Lost a repoussé les frontières. Voilà un groupe mythique, suivi de près par des cohortes de fans dans d'interminables tournées, et qui n'avait jamais publié de live en 17 ans de carrière (à part sur le DVD Evolve qui est plus un document qu'un vrai live). L'affront fut donc réparé en 2007, sur la petite scène du Koko, pour leur premier live officiel. 17 ans d'attente, une paille, on attendait donc beaucoup de ce disque ; mais étant donné la réputation de Paradise Lost en live, pas toujours élogieuse, on n'en attendait pas trop.
La surprise est donc d'autant plus de taille. Non seulement live mais en même temps best-of quasi-définitif, Anatomy of Melancholy est simplement un des meilleurs concerts qu'on ait eu la joie de découvrir cette année. Bien qu'horriblement statique, le groupe envoie la bûchette avec la précision d'un satellite. Le public est si bouillant qu'on se demande en quoi est fait le sol du Koko : induction ou vitro-céramique ? La setlist, enchaînée sans temps mort, est divine, parfaite pour découvrir le groupe, piochant dans tous les albums (sauf le premier), et enquillant tube sur tube. Ce groupe a pondu un nombre hallucinant de refrains imparables, dès leurs tous débuts, et se les emplâtrer l'un derrière l'autre en continu est un régal.
Mieux encore, respirez un grand coup : Nick Holmes est BON ! Si ça ne tient pas du miracle ! A part quelques notes qui n'appartiennent définitivement pas aux douze composant la musique occidentale, il chante très bien, très juste, avec ardeur et professionnalisme. Il aurait pu être le talon d'Achille de ce live ; tout ça vole en éclats et permet de se délecter de grands moments. La découverte de deux titres de In Requiem en avant-première, dont l'ouverture du concert et son refrain addictif, les clâmeurs de joie du public à l'annonce d'un extrait de Host, leur jouissance commune aux premières notes de One Second, le frisson qui les parcourt lorsque Gothic est déterré, l'intro d'As I Die que Nick avoue devoir éviter, les hourras dès le premier sample de Forever Failure... Rien que des succès, rien que du très lourd et très mélodique, même quand ils s'attaquent à une face B ! L'ambiance est si extraordinaire que le groupe a même dû impoviser un dernier rappel, en la personne d'Isolate où cette fois Nick capitule... et on lui pardonnera volontiers (NdDieu : C'est con ces histoires de rappel. Quand un plombier a fini, il s'en va, il revient pas juste filer un petit coup de clef de douze !).
Certes, les fans trouveront toujours à redire : abandon total du growl, pas assez de Host, pas de Hallowed Land (et ça on le comprend dès l'entâme du second morceau puisque c'était sa place attitrée), trop de ceci, pas assez de cela, et des titres trop souvent joués. Mais pour un premier vrai DVD live, le choix des morceaux et la durée du concert sont tout bonnement parfaits ! Pas étonnant que ce disque soit aussi sorti en double CD, et même en double vinyl : c'est désormais une pierre angulaire du metal live. Entre puissance, nostalgie et pure beauté, Paradise Lost gagne ici ses galons de grand groupe. Par le talent, mais pas par la prétention, comme on pourra le voir dans le disque de bonus habituellement anecdotique, et ici un peu plus fouillé. On passera rapidement sur ce qui fâche : les deux clips, monumentaux de nullité, et une bande-annonce pour le DVD 'Over the Madness', bande-annonce pas terrible et en plus pas trop fidèle à ce qu'est réellement ce reportage. La présence de cette b-a est également annonciatrice d'un autre manque : ici, pas de rétrospective du groupe, si vous débutez en PLost, vous connaîtrez leur musique mais pas leur carrière.
Passons aussi rapidement sur les fans interviewés sur le trottoir : on a les habituels "génial", "fantastique", "le meilleur concert de ma vie", "j'ai parcouru 43.000 kilomètres pour venir les voir parce que je me suis gourré 4 fois d'avion" et autres "retiens-moi René, j'crois que j'vais gerboueeeeuaaark". A quand un bonus de fans mécontents ? Le meilleur restera donc un road movie un peu plus intelligent que la moyenne, avec pour héros un Jeff Singer drôle et fûté (même si... franchement... quelle connerie de remplacer Lee Morris par un gars qui s'appelle Singer mais qui ne fait plus les chœurs !). Le Jeff qui nous montre d'ailleurs les réalités de la scène, et notamment ce qui rend le groupe un peu trop figé sur scène : la machine à bandes, qui exclut toute impro et tout dérapage. Dernier bonus, l'habituelle interview. Trop courte, elle est passionnante et drôlissime, et même sans sous-titres la bonne humeur mâtinée d'intelligence collective transpire à chaque question. Indispensable complément à Over the Madness, en... mieux filmé et mieux mixé.

Et ce bougre d'animal qui nous parle technique sur les bonus ! Alors que c'est sur le concert que tout repose. Et justement... Quand on sort de 15 jours de coquillettes, le premier fagot de haricots verts qui passe a intérêt à être bon. Il ne sera que comestible. L'image de ce DVD ne restera pas dans les annales, pour cause de technique bonne... en 1999 ! Les couleurs bavent terriblement, puisqu'elles sont omniprésentes (ah, ce bleu, mais ce bleu, il es tunique !), la définition en pâtit forcément, et du coup le grain vidéo s'invite à la fête. On rajoute un format letterbox, le NTSC, un groupe trop statique, des caméras un poil hésitantes, et le tout est très loin de jeter des paillettes in zeu mirettes. Seul vrai intérêt de rajouter l'image à ce bijou de live : la précision de Jeff, le headbanging impressionnant d'Aaron et la présence quasi habitée de Gregor à sa précieuse guitare. Le son est à double tranchant aussi. La stéréo est excellente : précise, ultra-pêchue, avec le public parfaitement mixé, et surtout très brute, très réaliste sans gloubiboulguer. Le 5.1 sera très loin du compte : spatialisation inexistante, arrières flous, basse chevrotante, très peu d'intérêt. Dommage... Fort dommage... Car tout comme le dernier Muse, cette anatomie de la mélancolie aurait dû avoir dix sur dix. On se consolera en pensant que le résultat reste un des meilleurs DVD de cette pourtant riche année, et surtout, que Paradise Lost, groupe par trop méconnu du grand public, a prétendu accéder à ce fameux 10. Rien que pour cette entrée fracassante dans la cour des grands, vous vous devez d'acquérir ce live à tout prix. Même si vous êtes dans le rouge. Et quitte à en bouffer des pâtes pendant 15 jours.


22-10-2008

12 avril 2007 - The Koko (Camden, Londres)


01. The enemy
02. Grey
03. Erased
04. Red shift
05. So much is lost
06. Sweetness
07. Praise lamented shade
08. Pity the sadness
09. Forever failure
10. Once solemn
11. As I die
12. Embers fire
13. Mouth
14. No celebration
15. Eternal
16. True belief
17. One second
18. The last time
19. Gothic
20. Say just words
21. Isolate


Nick Holmes - Chant   
   Greg MackIntosh, Aaron Aedy - Guitare
Steve Edmondson - Basse   
   Jeff Singer - Batterie