Un des plus grands concerts du siècle dernier, image et son à la hauteur

Note globale


Légère déception côté bonus

Editeur : EMI
Durée totale : 4 h 38

(448 et 640 Kbps) -

Image        PAL

Films de projection y compris versions alternatives (64 min)
Clips de Learning to Fly et Take it Back (9 min)
Pub TV pour le CD original (1 min non st)
Documentaire : Say goodbye to life as we know it (15 min non st)
Galerie de photos (6 min, 5.1)
Wish You Were Here avec Billy Corgan (10 min non st)
Cartes de la tournée et itinéraire
Croquis de la scène
Galerie de pochettes

Le format original en 4/3 a heureusement été gardé, et la restauration digitale a été aussi réussie que possible. A part des plans aux halos colorés impossibles à améliorer, tout est très propre, très beau, la réalisation est signée David Mallet (donc bonne), c'est excellent. Attention cependant au grain vidéo qui selon votre lecteur et écran risque de gâcher la fête.
Le 5.1 est présenté dans deux formats, dont un inédit qui risque de planter sur vos lecteurs (mais c'est rare). Et il est vraiment bon, ce 5.1. C'est la stéréo qui empêche ce chef-d'oeuvre d'obtenir un 10 en son : comme elle n'est pas en PCM, elle semble étouffée par rapport au CD.
Evidemment si vous préférez la période Roger Waters, vous allez faire la gueule. Mais en tant que live de Pink Floyd "Gilmour way of life", c'est superbe. High Hopes passant dès le début peut faire peur quant à la progression émotionnelle : pas de panique, les deux heures vingt vous réservent des trésors.
L'idée de pirater les pirates est géniale. Le manque de sous-titres l'est moins. Côté documents d'époque il ne manque pas grand-chose, mais on aurait aimé en avoir toujours plus. Pour se détendre, il reste le roadmovie totalement déjanté et à mille lieues de la réputation de gentlemen des Floyd.

Prochainement sur cette page, vous aurez une chronique historique signée Kaworu de l'histoire palpitante du petit Pulse, nouveau-né béni par les fées dans le monde merveilleux du Disque Digital Versatile, et de sa bataille contre le terrible Démon du Retard qui fait que vous avez acheté ce DVD en 2007 alors que partout il y a bien marqué (c) 2006 (merci Chris pour avoir révélé la faille dans le système !).

Pourquoi un retard ? Parce que le Démon du Retard, en plus d'être de mauvaise foi, est un peu con : il s'est auto-maudit ! ^^

 

Éthymologiquement parlant, Pulse se rapproche fortement de pulsion. Celle que vous avez eu, par exemple, lorsque vous avez croisé ce DVD en magasin. Celle que vous avez partagée avec des centaines de milliers d'autres mélomanes. Celle que vous réfréniez chaque fois qu'une rumeur de sortie pointait son nez, avant d'etre sauvagement réfutée par la maison-mère EMI - jusqu'à ce jour béni où nous avons tous découvert, puis subi, un intense matraquage de pub qui faisait de ce joyau LE DVD musical de l'année 2006. Du reste, vous n'avez sûrement attendu ni une baisse de prix, ni une chronique de votre petit site chéri, pour vous jeter sur la boite en carton comme des affamés. Et vous avez eu bien raison. C'est précisement cela, une pulsion. Et quand elle est partagée par tant de gens au point d'en devenir un orgasme collectif, c'est peut-être pour une raison simple, unique, et si évidente : Pulse est tout simplement un très, très grand live, un beau moment de musique, un show magique, une date phare dans l'histoire de la musique contemporaine. Et si vous n'en êtes pas convaincu, alors vous faites partie de cette microscopique minorité d'indécis à qui cette chronique, avec sa solide année de retard (chacun son tour), est dédiée.
Pour bien comprendre ce qu'est Pulse, à part le monstre de marketing et de louanges qu'il est devenu depuis sa ressortie, il faut nous remettre dans le contexte. C'est qu'en 1994/1995, le moment n'était pas vraiment propice. Mike Oldfield débutait tout doucement son déclin, Marillion et toute la clique avaient été décimés par Nirvana et consorts (qu'on a mis trop de temps à sortir, d'ailleurs), et globalement tout ce qui était lent, ou mélodique, ou pire : soigné (beuark), était irrémédiablement has-been. Et pour bien enterrer le clou, aucun synthétiseur ne devait montrer son museau (alors même que la techno commençait à battre son plein). Le jugement était sans appel : Pink Floyd était une bande de vieux dinosaures fatigués, et méritait la mort par pendaison (tandis que la presse encensait les Rolling Stones qui avaient, il est vrai, une autre classe avec un album aussi merveilleux, soigné, dynamique, inspiré et beau que Voodoo Lounge). Cependant, les médiocres critiques d'antan n'ont pas réussi à empêcher les gens de venir aux concerts, pas plus que l'éternelle guéguerre entre pro-Gilmour et pro-Waters. Et si le Floyd était un dinosaure, gageons qu'il s'agissait d'un stégosaure : d'un coup de queue, il se débarrassait de ses ennemis sans même le sentir (il paraît qu'un personnage nommé Rocco fera de même dans le prochain SoulCalibur, mais je m'égare). L'objet Pulse était donc de convoitise autant que de collection, et possédait tous les apparats d'un live "posthume" sans les regrets qui vont généralement de paire. Le double CD qui vit le jour après la tournée connut donc un succès rarement égalé dans le monde des double live, ainsi que le quadruple vinyl, la VHS et le LaserDisc. Il était par conséquent vital au DVD de ne pas faillir.
Doit-on faire encore durer le suspens ? Avant d'aller au cœur de la bête, il nous faut admettre que Pulse-le-DVD mérite ses records de vente ne serait-ce que techniquement. L'image semble difficilement pouvoir être plus somptueuse, étant donné l'année de réalisation, les conditions de tournage, les pièges du format vidéo. La définition est exceptionnelle sur certains plans, excellente sur le reste ; les nombreuses rétroprojections rendent plutôt bien, les lasers et autres fumigènes ne posent aucun problème, et les couleurs chaleureuses et précises bavent rarement, ce qui est un véritable miracle (ne vous fiez pas à nos captures d'écran, comme souvent en transfert vidéo, le vrai rend bien mieux). En outre le montage original a été un peu amélioré (sans que la qualité n'en pâtisse), et montre un peu plus quelques "à-côtés" de musiciens qui raviront les fans. De même, le son est plus que digne d'éloges, et le 5.1 est assez ample et spatialisé pour contenter nombre d'afiçionados, sans tomber dans l'excès. Certes, on se demande bien pourquoi avoir choisi une double piste Dolby Digital dont une en haute définition, plutôt qu'un DTS tout bête. Heureusement pour eux, il est vrai que la piste Dolby 640 Kbps est effectivement meilleure que sa cousine 448 Kbps : plus ample mais surtout bien plus précise. Peu importe en réalité, le concert se laisse suivre avec un vrai bonheur, et c'était bien là le principal.
Les puristes pourront peut-être regretter l'absence de certains bonus. D'abord, il manque cruellement un commentaire audio, et ce n'était pourtant pas le temps qui leur a manqué. Un commentaire croisé de Gilmour, Storm Thorgerson et des concepteurs de la scène et des lasers aurait sûrement figuré en bonne place au panthéon des commentaires. Autre manque remarquable, et assez inexplicable : l'absence totale d'Astronomy Domine, un des points forts de la tournée. Enfin, on peut regretter que le peu de bonus parlés n'aient pas eu droit à des sous-titres, ce n'est pas comme si EMI ne considérait pas Pulse comme une sortie importante ! Sinon, il faut avouer que pas mal de choses nous sont présentées. Une superbe galerie de photos, dont la bande-sonore, non musicale, est une merveille pour se détendre. Des croquis de la scène. Une pub télé entre kitsch et mégalo. Et également un gros morceau, qui ne plaira pas à tout le monde : les fameux "screens" projetés pendant le concert, dans leur version intégrale, et parfois dans des versions alternatives (dont une utilisée par... Australian Pink Floyd !). Intéressants, parfois beaux, ils restent quand même bien dans le style Thorgerson : des silhouettes de gens qui font des choses, chaque mot ayant un sens bien Thorgersonnien. On aime ou pas. En tous cas, l'un de ces films fera l'unanimité : Brain Damage, qui est un worst-of des chefs d'état dans tous les leurs (d'états), de Thatcher à Reagan en ne passant pas par Mitteux. A la fois hilarant et effroyable. La palme revenant sans conteste à un Boris Eltsine qui se bat contre une tranche de mortadelle (c'est la mortadelle qui gagne). L'époque aidant, on a malheureusement échappé au combat Bush contre Bretzel. Un combat il est vrai fort peu équitable, tant l'un possède un quotient intellectuel infiniment supérieur à l'autre.
Trois bonus moins attendus viennent compléter le tout : d'abord, Pink Floyd prend les pirates à contrepied en... piratant leurs bootlegs ! Ce qui donne quatre chansons de plus, toutes magnifiques, avec un son parfaitement correct et une image amateur donc, mais supérieure à bien des bootlegs d'autres groupes. C'est franchement le meilleur bonus du DVD, et un indispensable à ceux qui pensaient s'en tirer facilement en se contentant du CD. Puis, nous retrouvons notre Floyd qui se fait décorer (encore et toujours), cette fois par Billy Corgan des Schmashine Pukmpmins... Des Schamsing Pumpink... Des Machsing Pmukpin.. par Billy Corgan (...pouvaient pas s'appeler Kansas comme tout le monde ?!?). Et après un discours frénétique et hâché, où l'absence de sous-titres a de quoi faire exploser la cervelle des apprentis causeurs en rosbif, le trio Gilmour / Wright / Corgan entame Wish You Were Here, Billy étant clairement (et de manière avouée) une sorte de petit paddawan apprenant la guitare avec son maître Jedi. (D'ailleurs il n'arrive même pas à faire sonner ses accords de mi mineur... Magnétisme de Gilmour qui lui pourrit ses cordes ?). Et puis, quittons le milieu musical où nous baignons depuis quatre heures pour découvrir Say Goodbye To Life As We Know It. Un roadmovie camescopé de 15 minutes qui n'est pas spécialement intéressant, mais qui en revanche est réjouissant au plus haut point : ce sont les aventures alcoolisées d'un roadie filmant toute la tournée par le petit bout de la lorgnette, et ça fait un bien fou de voir tous ces gens (David compris) qui passent leur temps à déconner, au beau milieu d'une putain de tournée que l'on découvre ici réellement gigantesque (à un point que vous ne soupçonniez peut-etre pas).
Nous quitterions-nous sans un dernier mot ? Non, s'exclament en chœur ceux qui se sont rendus compte qu'on n'avait tout simplement pas parlé du principal... le concert ! Eh oui, avoir avoir appris comment était Pulse, il est temps de savoir ce que c'est. Un seul mot : magique. C'est magique. En aucun cas, ce live n'a usurpé sa réputation de disque culte. Pulse, c'est onze musiciens au top de leur forme ou, quand la forme est moins grande (Mason), la classe vient en renfort. Pulse, c'est le Gilmour Show, une belle voix et deux des solos de guitare les plus beaux de toute l'histoire du rock (le final de Comfortably Numb est indéniablement dans le top 5 de tous les temps). Pulse, c'est l'inclusion dans le Floyd de petits jeunes qui n'en veulent : Jon Carin le beau gosse touche-à-tout, Guy Pratt le bassiste funk-metal, Gary Wallis, un pois sauteur sur triphasé qui tape sur des bambous (et ça lui va bien, demandez à Jean Michel Jarre), et un trio de choristes sexy en diable, dont la jolie et célèbre Sam Brown (la pub Maxwell Qualité Filtre, pour les Prix Nobel qui nous lisent). Pulse, c'est bien sûr un spectacle audiovisuel rarement égalé même de nos jours, avec lasers à foison, rétroprojections, fumigènes, un avion qui vient s'écraser à deux pas du public, des sangliers gonflables aux yeux luminescents, et un lightshow teinté de feu d'artifice à en laisser n'importe qui la langue pendante. Et les yeux embués.

Parce que Pulse, c'est enfin, et surtout, un concert hautement émouvant - pas pour ce qu'il représente (le dernier vrai live du groupe) mais pour ce qu'il est, à savoir une merveilleuse collection de chansons superbement écrites, interprétées avec feeling et vigueur, et partagée avec un public au départ chahuteur et qui se laisse vite submerger par la beauté quasi irréelle, parfois magique, du spectacle. C'est donc bien de cela dont il s'agit : de magie. Et comme les meilleurs sorts sont ceux qui durent longtemps, il n'est pas étonnant que la ressortie en DVD restitue les mêmes symptomes qu'en 1995 : gorge nouée, mirettes explosées, oreilles emmiellées. Et bien en voilà une, de bonne raison d'avoir repoussé sans cesse la sortie de ce disque : devant les effets secondaires que procure une telle perfection, EMI voulait protéger notre santé fragile. Voilà, tout s'explique ! C'est sans doute la même raison qui les pousse à garder dans leurs coffres toutes les autres merveilles cachées du Floyd ; mais dans ce cas, je sais pas pour vous, mais je me sens d'humeur suicidaire. Allez les gars, une petite euthanasie par The Wall Live en intraveineuse ?


21-09-2007

1994 - Earls Court (Londres, Royaume-Uni)


01. Shine on you crazy diamond
02. Learning to fly
03. High hopes
04. Take it back
05. Coming back to life
06. Sorrow
07. Keep talking
08. Another brick in the wall (part 2)
09. One of these days
10. Speak to me / Breathe
11. On the run
12. Time / Breathe (reprise)
13. The great gig in the sky
14. Money
15. Us and them
16. Any colour you like
17. Brain damage
18. Eclipse
19. Wish you were here
20. Comfortably numb
21. Run like hell
22. What do you wan from me ? - Bonus
23. On the turning away - Bonus
24. Poles apart - Bonus
25. Marooned - Bonus


David Gilmour - Chant, guitare, lapsteel, classe (NDBaker : C'est un instrument, faut savoir en jouer)   
   Richard Wright - Claviers, chant, choeurs, super-classe
Nick Mason - Batterie   
   Jon Carin - Claviers, choeurs
Guy Pratt - Basse, chant, choeurs   
   Tim Renwick - Guitare
Gary Wallis - Percussions   
   Sam Brown, Claudia Fontaine, Durga McBroom - Choeurs
Dick Parry - Saxophone