Interprétations vocales extrêmes, magnificence absolue de la mise en scène |
Note globale |
...Il ne se passe rien ! |
Editeur
: Del Prado
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Durée
totale : 1 h 53
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(PCM ou Dolby) Image PAL |
Rien à part toujours le livret excellent (mais sur ce coup-là bien trop gentil) et les sous-titres en italien, anglais, français |
De la vidéo plus ou moins nette mais un peu charbonneuse, sans grand éclat et avec la définition qui souffre de la piste PCM. En revanche, le montage ne laisse rien échapper des somptueux décors et des petits détails. | ||
Pour les amateurs de perfection, il a de quoi redire : l'orchestre est parfois un peu lointain, le bordel ambiant de la seconde scène étouffe tout, il y a pas mal de bruit de fond. Ample mais pas assez propre. | ||
Musicalement, pas grand chose à se mettre sous la main, nonobstant les orchestrations très fines et très éclectiques. Dramatiquement, rien de chez rien, Géant Martial. Et artistiquement, une mise en scène somptueuse qui en fout plein la gueule et élève la note à des stratosphères auxquelles elle ne s'attendait pas. | ||
Des sous-titres partout en plein de langues, comme c'est la tradition dans toute salle d'opéra qui se respecte, et comme toujours un beau livret avec texte costaud et archives photographiques très intéressantes. |
La Bohème. Nous ne vivions qu'un jour sur deux. Et ça parle d'un temps que les moins de cent-vingt ans ne peuvent pas connaître. D'un Paris lointain, d'un Paris mythique, d'une capitale mondiale de l'art et de la mode où les connétables pouvaient déjà déclarer : "il y a dans ce Paris... une fracture". Avec d'un côté les riches et de l'autre, les pauvres, les mendiants et... les artistes, obligés de travailler comme des bêtes pour vendre à un prix ridicule leurs oeuvres aux bourgeois parigots, le ventre toujours creux, la maison envahie par le froid et les rats. Si on rajoute à celà le bruit et l'odeur, eh ben le Modigliani sur son palier il devient fou ! C'est cette vision à la fois enchanteresse et terrifiante d'un Paris déjà deshumanisé que Puccini a voulu retranscrire en musique, adoptant le système de l'ascension / déclin. Tout l'opéra se concentre donc sur le couple formé par Rodolfo, poète maudit sans le sou partageant sa mansarde avec d'autres artistes affamés, et Mimi, sa voisine qui à la faveur d'une nuit d'hiver le rencontre et en tombe amoureux. Un couple réuni avec la bénédiction d'un troisième larron, Marcello, peintre tout aussi pauvre mais qui dans son malheur a réussi à se mettre sous la patte une riche rombière un peu nymphomane sur les bords. | |
La
version présentée ici est une des plus fameuses dans le
domaine de l'enregistrement contemporain, et nous pouvons débuter
par le meilleur, à savoir l'opulence de la mise en scène.
Ca, côté costumes, décors et figurants, la production
ne s'est pas moquée du monde : c'est tout à fait splendide.
En particulier la scène 2, montrant le personnage de la fantasque
Musette (la richarde) et de la vie simple, du bon boire et du bien bouffer
(sans compter autre chose) à cette époque. Des figurants
par dizaines, des costumes d'époque, un décor complètement
dément, une chorégraphie au millimètre avec chevaux
et tout l'orchestre (arf), on s'y croit ! Les comédiens ne se contentent
pas de vocaliser à tout va, ils ont largement de quoi faire avec
leurs accessoires pour donner pleine vie à ces personnages précaires
mais bons vivants. Même quand c'est moins grandiose, le souci du
détail tue : la scène 3 possède un décor si
réaliste qu'on jurerait une insertion de vrai film. L'orchestre
est également au top, sachant gronder mais aussi couler comme un
fleuve paisible.
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Il y a cependant un gros hic : c'est l'opéra en lui-même. En tant que tranche de vie, peinture animée d'une époque révolue, c'est très beau. Mais en tant qu'histoire, c'est mince, extrêmement mince. A aime B. Mais B est gravement malade. A n'étant pas assez riche, il se sépare de B qui va chercher une meilleure vie en faisant des choses que la morale réprouve et qui ne nous regardent pas. Mais prise de remords elle revient dans les bras de A pour y mourir. C'est tout. Sur 1 h 50, c'est léger, personnages secondaires ou pas. S'ajoute à celà le fait que Puccini arrive très bien à tisser des ambiances diverses, mais est beaucoup moins performant concernant les mélodies vocales (très peu d'arias qui soient réellement mémorables, beaucoup de tissage entre deux airs), tentant de tout jouer à l'émotion de façon un peu précipitée, et vous avez un spectacle bancal. | |
Deux autres petits détails ont énervé l'anti-opéra que je suis naturellement : d'abord, Luciano Pavarotti, il est impérial vocalement, rien à redire, mais en tant que comédien il a une grande tendance à être "content d'être là", rendant son personnage d'autant plus artificiel que ses compères n'ont de cesse de jouer sur le second degré et de s'impliquer à fond. Il nous rappelle donc que l'opéra, ce n'est pas que la musique, loin de là. Ensuite, désolé pour les puristes, mais décidément, se faire mousser à chaque aria et entre chaque scène, c'est la tradition la plus conne que je connaisse en matière de musique, à part celle, navrante, de casser les instruments à la fin d'un concert de rock. Dans le genre "nos personnages : osef, on est là pour recevoir des roses", c'est criant. Elitisme quand tu nous tiens... Tout celà ne fait que rajouter à la vacuité du projet en son sein. Reste le spectacle en lui-même, magnifique, qui respire l'amour du détail et du grandiose. Le son est très bon, l'éditeur a eu le bon goût de proposer deux stéréo différentes (tous les lecteurs ne lisent pas le PCM, qu'on se le dise), l'image est plus que correcte, et ceux qui aiment cette oeuvre en particulier et l'opéra en général seront ravis. Pour le néophyte non introduit dans le milieu, comme dirait Draghixa, ça fait mal. A réserver aux fins connaisseurs, donc.
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1988 - San Francisco Opera (USA) |
01.
Questo mar rosso 11.
Aranci, ninnoli ! 17.
Ohé là, guardie ! Aprite ! 24.
In un coupé ? |
Mirella
Freni - Mimi
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Luciano Pavarotti - Rodolfo |
Sandra
Pacetti - Musetta
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Gino Quilico - Marcello |
Stephen
Dickson - Shaunard
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Italo Tajo - Benoit / Alcindoro |
Daniel
Harper - Parpignol
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Mark Coles - Sergente di doganieri |
Cameron
Henley - Doganiere
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John Wheeler-Rappe - Un fanciullo |
Tiziano
Severini - Chef d'orchestre
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Ian Robertson - Chef de choeur |
San
Francisco Opera Chorus - Choeur
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