Très beau, plutôt agréable à l'oeil, son pur et cristallin, quelques belles mélodies

Note globale


Si l'URSS avait Sakharov, ici vous avez Saccharose

Editeur : EMI Classics
Durée totale : 1 h 21
(+ 55 minutes en audio seulement)

 - (PCM)

Image        PAL

Travaux musicaux originels (55 min, audio seulement)
Featurette promo (4 min non st)
Première mondiale (9 min non st)
Galerie de photos (2 min 16/9)

Dans les bons points, un magnifique 16/9 très classe avec un côté très ouaté, calme et pro. Malheureusement, les couleurs mauvâtres bavent parfois, et surtout la réalisation, globalement très bonne, est plombée de temps à autre par des plans totalement foirés et incongrus. Très agréable mais perfectible.
La stereo est jolie mais c'est le DTS qui vous clouera au sol avec sa précision d'orfèvre. Petites ombres au tableau : manque de basses et surtout amplitude trop faible. Mais vous entendrez chacun des instruments, et croyez moi y'en a pas mal ! En stereo, l'"amplitude trop faible" devient antinomique : ca arrache le papier-peint et ça fait fuir minou.
Une symphonie disparate, jolie tout plein mais qui parfois, souvent même, cède à la facilité et ça s'entend au bout de trois notes. Beaucoup trop déséquilibré donc, mais quand ça mélange harmonies souples et nouveaux thèmes, c'est fantastique.
Des mini-featurettes non sous-titrées et incroyablement lèche-cul. Non seulement mauvais, mais carrément gerbant quand on entend de grands et intelligents musiciens se compromettre. Heureusement, on a droit au CD "studio" d'enregistrements, c'est toujours ça et ça relève de beaucoup la moyenne. Carrément beaucoup, même.

Jamais je n'ai lu autant de chroniques contrariantes envers ce machin. Oui, la Symphonie Queen, je l'appelle le machin - parce que c'est ce que c'est. May et Kashif disent d'ailleurs à peu près la même chose, et pour des raisons très différentes. Mais Machin, ce n'est pas forcément péjoratif - n'est-ce pas le premier groupe de Lord Thiéfaine ? Machin, c'est aussi le mot désigné pour qualifier un joli foutoir, et c'est très exactement ce qu'est cette symphonie - un énorme, ampoulé, mais joyeux et asssumé foutoir. C'est surtout, et avant tout, un disque de musique "dite classique", de la vraie, de la pure et dure : orchestre sympho et rien d'autre. Et c'est de loin le principal intérêt de la Queen Symphony : ne pas proposer un fumeux patchouli de faux rock symphonique où Queen couine.
Nous disposons donc d'une petite heure de mélodies chaloupées pas loupées (encore que, cf plus loin), jouée avec passion et talent par un orchestre très beau à l'oeil et à l'oreille. Côté son, vous ne serez pas déçu. Si la stereo propose un excellent rendu symphonique typique, à savoir brillant et par moments claironnant à fond la caisse (de résonnance), le DTS lui assure le maximum de plaisir et de finesse : spatialisation subtile et enveloppante, belle répartition des harmoniques, aucun déséquilibre et passages fortissimo pas outrancièrement violents, à l'inverse de son homologue deux canaux. A la rigueur, ce manque d'agressivité est musicalement plus agréable, mais techniquement moins impressionnant, impression renforcée par un volume bien trop bas. Mais cessons de geindre : l'absence habituelle (merci Queen) de 5.1 "normal" n'est pas gênante tellement ce DVD à lui seul vous donnera envie d'acheter un système DTS (déconnez pas, achetez l'ampli DTS natif, conseil d'ami). Visuellement, c'est également très joli : c'est moins parfait que ce qu'on pourrait attendre (quelques petits flous, montage rarement mais ça et là aux fraises, surtout couleurs mauves baveuses) mais c'est vraiment joli. Doux, sobre, joli. Bref, rien que du joli, mon Fred.
Mais voici qu'arrive à grands pas le paragraphe assassin, celui où le rédacteur, par le truchement de 2000 ans d'histoire rédactionnelle, retourne sa veste, toujours du bon côté, et se met à énumérer les défauts. En l'occurence, et même ailleurs, le défaut est également la qualité : Queen. La musique de Queen. Les mélodies de Queen. La grandiloquence de Queen. Et surtout, les hits pas terribles, pour rester sobre, de Queen. Cette symphonie, on ne l'a pas encore vu mais vous vous en doutez bien, elle est basée sur des mélodies de Queen. Parfois des extraits entiers de chansons, parfois des petites mélodies, parfois même, et c'est là que c'est le plus génial, des hommages, pompages, citations, clônes fantômatiques d'airs et arrangements Queeniens. Et c'est là qu'est l'os. Les parties inédites qui servent de transitions sont très belles, pas foncièrement originales, mais furieusement mignonnes. Et de temps en temps, on a des passages contenant tant de gras mélodique facile qu'on doit le découper pour le mettre sur le bord de l'assiette. Des mélodies, arrangements et autres douceurs soudainement indigestes, si facilement devinables à l'avance qu'on en a honte, si saccharosées qu'on n'ose pas prendre de dessert, si pompeuses que Monica Lewinsky doit sûrement être dans les choeurs. A ces moments où le mélomane se crispe devant tant de naïveté, un constat amer pointe son groin immonde : chaque fois que c'est mauvais, ce sont les moments où Kashif a le plus collé aux originaux de Queen.

Il faut dire aussi que le petit jeu, très sympa au demeurant, consiste à ne pas lire la tracklist et deviner de quelles chansons sont tirés les bouts de symphonie ci-présents. Et, ô stupeur, quand c'est mauvais... mais laissez-moi finir ma phrase ! ;-) quand c'est mauvais, pompeux, vulgaire, déplacé ou autre, c'est tiré des plus anecdotiques, des plus discutables singles d'un groupe qui a connu beaucoup de bas, plus qu'on ne voudrait l'admettre (mais les hauts ont atteint de tels sommets...). Et je vais dissiper vos doutes, et alimenter vos craintes : oui, cette symphonie, malgré des moments sympas comme tout, est fortement influencée par les "plus grands succès" qu'on aurait aimé oublier et que Kashif nous réinflige. Adieu les Death on two legs, les Pharaoh, les Jesus, les Laps of the Gods, même les Innuendo ou autres Bijou. A croire que le legs de Queen est définitivement pourri, au sens culturel du terme. D'ailleurs les bonus vont dans le même sens : ça se congratule, ça se huppe, ça frétille du derche (mais en Chanel s'yiouplaît), le tout en se la tapant grand défenseur du rock tout en étant soulagé : ouf ! j'ai reconnu toutes les mélodies ! je dois donc être un véritable rock'n'roller dans ma âme. C'est pathétique, c'est d'autant plus gerbant que Brian May, notre adoré Brian, cautionne ce "machin", et quand on réécoute l'album symphonique de 1982, très contesté à l'époque, il a tellement plus de couilles qu'on en est navré. Alors pourquoi une note de 6 ? Parce que quand c'est beau, c'est très beau, c'est très très beau. Et ce n'est pas du Queen. Heureusement. Et malheureusement.

6 novembre 2002 - Royal Festival Hall (Londres, Royaume-Uni)


01. Adagio misterioso - Allegro con brio - Maestoso - Misterioso - Allegro
02. Allegretto - Allegro scherzando - Tranquillo
03. Adagio
04. Allegro vivo - Moderato cantabile - Cadenza - A tempo primo
05. Andante doloroso - Allegretto - Alla Marcia - Moderato risoluto - Pastorale - Maestoso
06. Andante sostenuto


Tolga Kashif - Conduction   
   Royal Philharmonic Orchestra - Orchestre