Un concert important, plein de fureur, de mélodie, de sueur et de chansons à la Pixies en plus poussé, image et son très acceptables

Note globale


Un peu cher pour un DVD des plus dépouillés et strictement VHS-ien

Editeur : Parlophone
Durée totale : 1 h 06

(PCM)

Image        PAL

Rien à part un boitier en carton qu'on fait payer cash... de quoi donner envie de passer indépendant. Enfin...

Toute l'image est bleue, les lumières sont assez rares, il y a beaucoup de pénombre et de spots rouges, on a des blancs brûlés (inévitables) mais la définition, la compression, le piqué sont très impressionnants. Voilà typiquement ce que le DVD apporte de meilleur par rapport aux VHS.
Du PCM très brut et très précis en même temps, avec une sacrée patate. La voix peut sembler noyée au milieu du brouhaha mais la qualité de l'enregistrement lors des successions d'ambiances force le respect.
Tout l'album Pablo Honey plus quelques futurs tubes de The Bends en exclusivité. C'est pas mal chanté, ça envoie bien, le public est en transe, aucune raison de faire la fine bouche : le groupe donne tout ce qu'il peut, tant qualitativement que quantitativement. Houlà c'est français ça ?
Difficile de faire un DVD moins rempli.

Voilà une chronique qui va faire grincer des dents. Encore. Je sais. On a l'habitude. Mais c'est la première fois dans l'histoire de ce site que je vais me prendre des tomates pourries, du crottin de poulpe faisandé, voire des partitions de Andrew Lloyd Webber... en disant du bien. Car sûr et certain que plein de gens vont hurler à la mort en lisant ce qui suit : ce DVD est très bien, il m'a beaucoup plu, et c'est un très bon concert de rock mélodique. Euaaaaaaaaaaaaaaaaaargh ! Peste, choléra, fiente de gnou et sodomades ! Mais kesski raconte cet handicapé des oreilles ? Les fans de D.D.S. vont avoir du mal à croire que je dise du bien de Radiohead, groupe que je n'apprécie aucunement, et les nouveaux arrivants vont être sûrs que je me suis gourré de disque. Alors autant le mettre au clair : oui, j'ai adoré ce live de Radiohead tourné en 1994. Soit avant OK Computer et l' "ouverture du groupe à un rock nouveau, plus intelligent, plus fin, plus racé". Traduction : du rock progressif au rabais et non avoué, histoire de pouvoir cracher sur Genesis tout en drainant le public le plus arty-intello possible (Télérama, Les Inrocks, Libé, et j'en passe et des plus pompants). Ce live de 1994, c'est exactement le contraire. De la pop, du rock, des mélodies, du rythme, et ce sans oublier le brin d'intelligence qui les a toujours portés. Si si.
Le concert a été donné un peu avant la sortie de l'album Bends, nous avons donc ici un groupe ayant grosso modo un album "et demi" à son actif. Et à l'époque, les gros vendeurs anglais s'appellent Oasis et Blur, les chantres du "renouveau du rock" qui drainent par centaines de milliers les jeunes Britons, redécouvrant les grosses guitares suintantes et les chanteurs un peu faux qui transpirent sur scène, façon Pixies ou Nirvana (qui lui aussi cartonne). Il n'est donc ici pas question de retrouver un Radiohead trop savant, utilisant moults synthétiseurs et boites à rythme : Thom Yorke, coupe de cheveux au bol, s'agite comme un damné sur sa pauvre guitare à en faire passer Pete Townshend pour Maxime Le Forestier, ses compères arpentent la scène en headbanguant, et, tenez-vous bien, Yorke chante JUSTE (la plupart du temps) et FORT. Il faut dire qu'il a intérêt vu ce que ça bastonne côté fûts et basse. L'énergie du punk, associée à une écriture privilégiant les refrains entêtants mais pas cons, donne naissance à un concert brut de fonderie, où les musiciens se donnent à fond devant un public hystérique et bougeant.
Flashs et strobos seront de la partie - éloignez donc les épilleptiques de l'écran comme la jaquette le dit très bien - mais aussi cabrioles, mises en place jamais prises en défaut, et mieux encore, communication avec le public ! Vous l'aurez compris : il n'y a rien, vraiment rien de comparable musicalement avec ce que Radiohead nous propose depuis quelques années. Et vient donc une drôle d'ambiguïté : ce sont certainement les "nouveaux" fans de Radiohead, qui les ont apprécié depuis OK Computer, qui seront les moins enclins à acheter ce DVD. Les autres, ceux qui aiment avant tout l'énergie et les gros accords barrés méchamment envoyés, vous avez un bon concert, pas parfait certes, mais qui balance la purée comme il faut, grâtin inclus. Et si Creep était déjà un énorme, mais alors vraiment énorme tube, il n'eclipse en rien d'autres pétites que vous découvrirez peut-être avec ce concert, ou encore que vous auriez oublié. Ca arrive à tout le monde et c'est une des raisons de faire des concerts : jouer des chansons, des oeuvres, et pas seulement trois tubes.

Si on ajoute que l'image a été miraculeusement bien conservée, que le son est en PCM avec des basses corrosives, et qu'un concert de ce genre n'a pas son pareil pour emmerder le voisin, tous ceux qui se sentent l'âme d'un rocker se doivent de posséder les débuts fracassants d'un groupe véritablement mythique (on aime ou on déteste, mais c'est dur de dire que Radiohead n'est pas devenu important !). Quant à tous les amoureux du romantisme chiant tourmenté de OK Computer et ses suites prétentieuses novatrices, même si vous vouez un culte sans bornes à Thom Yorke, fuyez comme la gale cet amas de pop violent qui n'a pas un atome de temps morts (rarement un concert d'une heure aura paru aussi complet). A moins que vous soyez musicalement très ouverts, en tous cas plus que le groupe, et plus que votre serviteur, qui l'admet bien volontiers et qui pour conclure cet article rappellera avec ferveur et insistance que ce DVD, malgré son côté ultra-cheap (23 euros pour une heure en stéréo c'est un peu fort de San Marco), est une très bonne surprise et un très bon achat. Ah, ça fait du bien de faire suer le monde par moments, ça dégraisse le mammouth !


22-08-2006

27 mai 1994 - Astoria (Londres)


01. You
02. Bones
03. Ripcord
04. Black star
05. Creep
06. The bends
07. My iron lung
08. Prove yourself
09. Maquiladora
10. Vegetable
11. Fake plastic trees
12. Just
13. Stop whispering
14. Anyone can play guitar
15. Street spirit (fade out)
16. Pop is dead
17. Blow out


NON CRÉDITÉS ! Ne comptez pas sur moi pour les mettre. EMI, c'est la honte suprême.