Documentaires intéressants, le génie de Tom Morello, paroles sous-titrées |
Note globale |
Formule musicale très limitée (corde de mi), pas de sous-titres sur l'interview, montage "djeunz" débile |
Editeur
: Sony Music Video
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Durée
totale : 1 h 34
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- (PCM) Image et PAL |
Partie
CD-ROM avec des lettres et essais du Cmdt Marcos |
Outre les reportages qui ont été faits avec les moyens du bord, l'image présente ici est d'une très faible qualité : définition très floue, aucune couleur, blancs brûlés, et en prime des effets à la noix tout le long. Fatiguant. | ||
Pas de quoi pavoiser : la stéréo est pas mal, mais manque de clarté surtout sur la voix et la batterie, quant au remix 5.1, il aura beau être signé du grand Brendan O'Brien, rien n'y fait, c'est raté. | ||
Beaucoup d'inventivité à la guitare, beaucoup d'énergie dans la rythmique, beaucoup de paroles qui claquent comme un fouet. Mais au bout de 4 titres, vous aurez pigé le système et le concert devient vite redondant. | ||
Même mal fichus, les bonus partent d'une bonne intention. Vous avez beaucoup à lire en DVD-ROM et le reportage inséré dans le concert est non seulement sous-titré, mais presque plus intéressant que la musique. |
L'histoire du groupe Rage Against The Machine a ceci de passionnant qu'elle semble symptomatique de ce que le groupe veut dénoncer. Quartet légèrement porté à l'extrême gauche, proposant un rap-metal aux paroles assassines et politiquement très lourdes de sens, faisant fureur aux quatre coins du monde sauf dans les bureaux des PDGs et autres Sénateurs (pourtant bien forcés de les écouter étant donné le succès phénoménal du premier album), Rage a connu des débuts fracassants et marqué à vie l'histoire du rock politique et contestataire. Cependant, un peu à l'image des organisations clandestines et citoyennes qu'il défend, le groupe a connu une inévitable scission, comme si la clandestinité était vouée à l'échec, qu'elle soit hors-la-loi ou mondialement reconnue. Se mettant de lui-même à l'écart de ses acolytes, le chanteur Zach de La Rocha, le José Bové du metal, a quitté le monde artistique pour se consacrer à la vie politique et sociale des divers dissidents, tandis que les trois autres ont formé le groupe AudioSlave (qui porte bien son nom, comme s'ils ne pouvaient pas quitter le girond de la musique) avec l'ancien chanteur (c'est bien le mot : c'est un ancien chanteur) de Soundgarden. | |
Mais
revenons-en à ce qui reste à ce jour le "testament"
live d'un groupe hors-normes. The Battle of Mexico City porte le même
nom que le troisième et dernier opus du groupe, concept tournant
autour de la révolution citoyenne qui grondit dans la grande, riche
et épouvantablement fracturée ville de Mexico. Prenant sous
son aile les différentes corporations révolutionnaires totalement
hors-la-loi, De La Rocha chante, pardon, hurle la colère de ceux
que certains appellent "les impuissants", et en profite pour
livrer non pas un bête live, mais un DVD hautement inflammable avec
de vrais bouts de revendications dedans. Le concert, déjà
très court, est donc sans cesse perturbé par des mini-reportages,
à consonnance plus Gérard Miller que Sarkozy vous vous en
doutez, où nous découvrons un Mexico complètement
anti-touristique et gangréné par les politiciens. On pourra
contester ce reportage ou au contraire s'en enchanter, une chose est certaine
: il s'agit du meilleur ingrédient de cette galette.
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Car si on fait totale abstraction de la politique (et c'est mission impossible avec un tel groupe), on ne peut se concentrer que sur environ 50 minutes de musique, et là le problème surgit : RATM ne serait-il pas musicalement très surestimé ? La réponse est oui : fortement identitaire, notamment grâce au jeu de guitare totalement improbable de Tom Morello, petit génie qui s'amuse à jouer de tout n'importe comment, la musique distillée ici a une fâcheuse tendance à la redite. Tous les titres se ressemblent, problème accentué par le rap de Zach qui, féroce comme pas deux, a tendance à fatiguer l'oreille plus qu'il ne titille le cerveau. Encore heureux que les paroles soient sous-titrées ! Et je vous garantis qu'il vous faudra garder le Harrap's à portée de main pour tout capter. Sinon, on s'ébahit quinze minutes devant Morello (et je débranche la guitare, et je mets le micro en HS, et je fais du larsen contrôlé, et je me permets du gros tapping qui tâche parce que merde enfin quoi...), puis la lassitude arrive : la formule musicale de RATM était trop originale pour se développer et trouver une extension. | |
Un
mot sur le public. Il a souvent été dit qu'il était
un des meilleurs publics jamais vus sur DVD. Je dirais plutôt que
c'est un des plus cinglés. On ne peut pas dire qu'il y ait une
osmose parfaite entre le groupe et les gens présents (en très,
très grand nombre : une marée humaine). Il y a de toutes
façons beaucoup trop de bordel pour avoir droit aux habituelles
reprises de refrains en choeur. Ca pogote dans tous les sens, les gens
se sautent dessus comme des cabris, ils baignent dans la sueur dès
le deuxième titre, et ça n'arrête pas une seule seconde.
Là aussi, outre le fait qu'on ait peur pour les éventuels
blessés, on finit par s'ennuyer car il manque de cette interaction
qui fait le charme des grands live. Socialement en revanche, cette frénésie
non-stop est un document sensationnel sur le pouvoir de la musique et
les pressions subies au quotidien par cette jeunesse, majorité
silencieuse qui le temps de quelques chansons trouve enfin une soupape
où elle peut libérer toute son énergie sans risquer
de finir dans les geôles fascistes où on ne capte ni la 5,
ni la Guerrilia Radio.
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En plus du documentaire sous-titré anglais... et espagnol (ben oui, faut penser au coeur de cible), nous trouvons quelques bonus 100% pur politik. D'abord une interview avec l'écrivain et politologue Noam Chomsky, interview largement digne des émissions de la 5 mais... non sous-titrée ! Ce qui est d'une stupidité confondante. Egalement présent, une "interview" (plutôt une déclaration) d'un membre des factions armées militantes. Je veux bien croire à la bonne foi de ces gens, mais la façon de se présenter fera penser à plus d'un d'entre vous aux cassettes dont nous inondent les indépendantistes corses, avec tout ce que ça comporte de bon et de mauvais. Bonus polémique donc, et on peut légitimement s'étonner qu'une major comme Sony (vous savez, mes meilleurs amis du monde que j'ai) ait autorisé le passage d'un document qui au vu des conventions diplomatiques semble hors-la-loi. Enfin, un "tour de Mexico" inutile et un backstage du même acabit complètent le tableau. | |
Pour finir, il m'était impossible de faire le silence sur la technique, vu qu'elle va de paire avec les soucis inhérents au groupe et au concert. Le son d'abord. On a le choix entre un PCM stéréo presque étouffé, qui n'est pas digne d'un vrai live plein de rage (ah ah), et un 5.1 (et pas 5.0 comme piteusement proclamé sur la jaquette) beaucoup plus clair, très différent du PCM, mais à la spatialisation totalement artificielle. Le beau raté que voilà ! Puisque le public est si génial, comme la jaquette le proclame sur trois paragraphes entiers, pourquoi ne pas lui avoir donné le beau rôle dans les enceintes arrières ? L'image ensuite. Là, on ne va pas être copains. C'est laid. Non seulement l'image est brumeuse, faisant chuter la définition, en plus les couleurs sont peu claires, avec beaucoup de blancs brûlés, mais surtout, le monteur s'est amusé à faire son Gérard Pullicino : on ne compte plus les fautes de goût, les arrêts sur image pourris, les effets de strobo et autres gros plans inutiles. Si c'est pour donner de la vitalité au concert, c'est d'une bêtise phénoménale : vous emmèneriez Isabelle Carré chez un chirurgien esthétique, vous ? Bref, le traitement technique est un peu conforme à ce qu'on attendait d'une major, tandis que le propos inséré dans le spectacle va à son encontre. Un joli paradoxe qui faisait tout le charme du groupe, depuis dissous et sans véritable relève. Par peur ou par capitulation ? Mise à part toute considération musicale, on espère encore que c'est la première option. |
2000 - Pavillon des Sports (Mexico) |
01.
Testify |
Zach
De La Rocha -
Chant
|
Tom Morello - Guitare, choeurs |
Y. Tim
K - Basse
|
Brad Wilk - Batterie |