Edition relativement bonne, version pour mal ou non voyants disponible gratuitement, Jaimie Foxx absolument fabuleux |
Note globale |
On reste un peu sur notre faim question bonus, question biographie, et question cinéma |
Editeur
: Universal
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Durée
totale : 3 h 14
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Image PAL |
VO
st anglais et français |
La photographie est très bien respectée, la définition excellentissime, ça fourmille un peu mais rien de grave, du bon boulot. | ||
VF et VO sont strictement identiques : son global très correct, un peu étouffé mais par moments brillant en facade avant. Les enceintes arrières sont vraiment très peu utilisées, mais chaque fois c'est extrêmement subtil et propre. | ||
Une biographie un peu succinte, un peu trichée, et des flashbacks pénibles doublés d'un académisme franchement agaçant. Mais une prestation d'acteur fantastique et une très belle peinture du monde musical noir dans les années 50 et 60. | ||
Un commentaire audio assez chargé (no pun), une rencontre à voir absolument (no pun), des scènes coupées en double (...non rien) et un peu de pub. Rien de transcendant vu les "normes" de 2005 mais pas de quoi hurler non plus. |
En ces temps de biographies filmiques à répétitions (que ce soit sur le grand ou le petit écran), l'une a particulièrement marqué l'année 2004 : Ray, biographie de Ray Charles, ou du moins du début de sa carrière. Plusieurs éléments se sont réunis, donnant au film un "air du temps" (ça tombe bien sur ce site, d'avoir un air), avec d'un côté la révélation de Jaimie Foxx, qui avait déjà cloué tout le monde dans l'excellent Collateral et s'est surpassé dans le rôle du grand Ray; de l'autre coté, le décès pendant la production de la légende du rhythm'n'blues américain. Du coup, énorme succès public... et côté critiques, une faille énorme entre les louanges de circonstance et ceux qui ont eu plus, beaucoup plus de recul. En fait, les deux fameux éléments ont propulsé le film au top du box-office, mais à quel prix ? | |
Au
départ, on ne donnait pas cher de ce film, dû au nom du réalisateur.
Taylor Hackford a rarement été un réalisateur de
génie, faisant des films sympathiques mais un peu académiques
et ennuyeux (Officier et Gentleman, joli mais un peu trop lisse, pour
citer le plus connu). Celà dit, il s'était déjà
frotté aux deux principaux euh... éléments (damned
c'est dur !) de Ray : la musique et les flashbacks sur l'enfance. Pour
la musique, il avait donné un Soleil de Nuit qui était très
intéressant mais également très inégal (chronique
peut-être un jour dans ces colonnes). Par contre, côté
flashbacks, le père Hackford nous avait livré en 1995 peut-être
le plus magnifique film basé sur ce principe, quasiment au niveau
de Citizen Kane (en fait deux chefs-d'oeuvre empruntant les deux voies
de la même autoroute) : l'incroyable Dolores Claiborne, film unique
fait d'émotion pure, un joyau qui a été aussi copieusement
applaudi qu'arrosé (de larmes). Las ! Si l'approche musicale est
forcément supérieure à Soleil de Nuit, musique de
Ray Charles oblige, l'auteur de cette moitié de biographie a largement
trop donné dans le côté flash-backs : d'abord, on
comprend les deux drames du petit Ray, à savoir la mort de son
frère devant ses yeux, puis la perte progressive desdits yeux,
on pourrait même rajouter un troisième drame qui est d'avoir
eu une mère courageuse, grande gueule et noire (à l'époque
c'était un handicap). Et une fois qu'on a compris, et que ça
donne déjà dans une certaine facilité (atténuée
par le caractère biographique de l'oeuvre), Hackford nous l'assène
façon marteau-pilon.
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Il ne se passe donc pas quinze minutes (sur un film de deux heures vingt, c'est court) sans qu'on revienne à les drames de la enfance de le génie, à grands coups de cravache dans le dos, atténués, eux aussi, par une excellente idée de direction photo : le passé en couleurs flamboyantes (quand Ray voyait), le présent en teintes pastel (les années 50 côté black). Et il y a pire : la fin du film. Inutile de faire dans le suspens aggravé : les dix dernières minutes sont franchement pénibles. Le long-métrage n'évite pas la partie "junkie" de Ray Charles, il en fait même un pivot tout en restant malheureusement dans une sorte d'esprit téléfilm de FR3 (genre "on ne pouvait pas y couper alors on l'a fait") dont la légitimité s'écroule avec le traitement "djeunz" de la scène penultime : oh ! Requiem for a Nightmare ! Soit tous les pires clichés du "film" de Aronofsky, en tout aussi ridicule et risible, mais moins punitif car durant 2 minutes au lieu de 90. Ca fait mal aux yeux, aux oreilles, et au coeur de penser que Hackford ait vraiment pu croire que le public serait touché par ce dégueulis d'images moches et de montage épileptique. | |
Heureusement,
il reste Jaimie Foxx. Il éblouit. Croyez tout ce que vous avez
pu lire sur sa prestation : si quasiment personne n'a parlé de
cabotinage, c'est bien parce qu'il est irréprochable. Il EST Ray
Charles, le Ray jeune qui plus est. Certains autres acteurs ne sont pas
en reste; par exemple, c'est un très grand plaisir que de retrouver
l'espace de dix minutes Warwick Davis, le sympathique Willow. De même,
on retrouve l'acteur qui jouait le magnifique trou-du-cul servant d'amant
à Jennie dans la saison 3 d'Urgences, vous savez, ce médecin
fâlot, puant d'arrivisme et aussi courageux que Sir Robin. Eh bien
il revient en pleine forme, et devinez quel rôle il joue ? (je vous
aide : vous êtes assis dessus). Les décors sont excellents,
l'ambiance musicale bien évidemment très bonne, mais rien
n'y fait : si vous ne devez retenir de Ray - le film - qu'une seule et
unique chose, c'est Foxx. En VO. La VF, outre le fait qu'elle soit ridicule,
est carrément prohibée pour ce film.
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La version présentée par Universal, collector, est un peu décevante vu le contenu du disque supplémentaire. A la rigueur, si le DVD 1 est vraiment le même, il suffit largement. On y trouve un commentaire audio de Taylor Hackford, incroyablement bavard (...saoûlant ?), et qui donne des indications intéressantes mais hélas ! avec trop de flagornerie et en plus une manie un peu irritante de raconter le film plus que de l'expliquer. Ca serait à la rigueur intéressant pour les personnes ayant des problèmes de vue... mais là justement, Universal se détache du lot en proposant gratuitement le DVD en audiovision. Certains comme Jeunet ou Annaud le font systématiquement mais c'est tout bon, les voyants ne sont pas pénalisés par une navigation lourde ou une piste sonore supplémentaire, et les non-voyants n'ont pas porte close. Vous me direz, comment le savent-ils ? Simple : une feuille en braille est livrée avec le DVD, pas bête ! Même la jaquette possède le titre en braille (mauvais point : pourquoi ce film est-il l'unique cas de cette espèce, hein ?). | |
Vous aurez aussi une version longue du film déjà trop long, avec commentaire audio ou pas, et en 4/3 avec sales arrêts entre chaque chapitre. Une version longue qui n'est qu'une extension pure et dure du film normal : les passages musicaux sont toujours aussi excellents, les passages sociaux sont toujours intéressants, et les passages snif-bouh sont toujours horripilants. Une version longue qui n'apporte pas grand chose lors de la vision globale et des scènes inédites qui sont parfois très bonnes mais méritent plutôt d'être vues à part. C'est là l'intérêt du DVD 2, mais c'est justement non seulement doublon, enfin presque, mais également la quasi-totalité de ce fameux disque de suppléments dont le côté suppléatif est plus ressenti au niveau de la bourse qu'au niveau des visionnages répétés. Scènes coupées déjà vues (mais c'est quand même bien), petite featurette inintéressante si vous avez écouté le commentaire, "Genius" qui n'est rien d'autre qu'une PUB pour un DVD musical (tiens ? ça existe, ça ? ^^), le seul bonus vraiment chouette dure dix minutes, mais c'est un régal : la rencontre entre Jaimie Foxx et Ray Charles, qui l'auditionne, carrément. Après, on comprend mieux pourquoi Foxx a été choisi, et on comprend surtout pourquoi ET comment il a réussi à être l'unique, mais impériale et irréfutable, raison de voir et de savourer Ray. DVD sympathique mais édition qui manque un peu de... de Ray Charles, justement. C'est d'autant plus dommage que depuis le tournage, c'est justement le Vray Ray qui nous manque, à nous. Et aux autres aussi. |