Un film aussi court que stupide (et il dure 1 h 20) qui se laisse regarder et surtout écouter

Note globale


Le son qui aurait pu, qui aurait dû, être un étalon du home cinema, et qui se retrouve traité comme un gueux pestiféré

Editeur : MGM
Durée totale : 1 h 29

(Anglais) -

Image        PAL

Bande-annonce (2 min, format respecté non st)

J'adore le grain mais là c'est un peu too much. Ca en retire de la définition et les couleurs font terne. En contrepartie, on peut enfin voir ce film en format respecté, pour la première fois depuis 86, et les scènes "fulguropoing" s'en sortent honorablement.
C'est la très grosse déception : certes en tant que film le mixage global est agréable, en stereo comme en 5.1 (avec un surround timide comme un Baker amoureux), mais les chansons sont mixées comme au cinéma, alors qu'elles méritaient un énorme travail de renforcement. Note punitive donc.
C'est con, c'est très con, c'est même douteux. Mais c'est très court, bourré à craquer de passages où on tape du pied, et les combats sont bons. Alors ça se laisse regarder très distraitement mais le sourire aux lèvres.
Comme d'habitude chez MGM avec leurs éditions "normales", un foutage de gueule doublé d'une jaquette hideuse et triplée d'un système de navigation mongoloïde. La version chroniquée ici vient du coffret qui est mieux, mais "Robocopien" (les amateurs apprécieront, ou pas).

Mais qu'est-ce que Rocky IV vient faire dans ces pages, entends-je ? Cessez de piailler, il y a une raison. Mais avant, petit cours de géopolitique. En 1986, Gorbatchev est déjà à la tête de l'URSS. Nous sommes en pleine guerre froide, cette fameuse guerre des nerfs entre les "gentils" Américains et les "méchants" Soviétiques. Guerre renforcée par l'arrivée de la technologie, qui fait grimper l'état de stress en exponentielle. Et à cette époque, le Gorby est un inconnu. On murmure qu'il sera l'homme du changement, mais Reagan ne le voit pas de cet oeil, et l'homme à la tâche de son côté ne faisait aucun effort pour tendre la main, trop occupé à apprendre par coeur les rouages et failles du système. Dans ce contexte qui heureusement s'est dégelé (d'aucuns murmurent que le film présenté ici en est un des responsables indirects), Sylvester Stallone, fort du succès de Rocky III (pourtant pas un inoubliable bijou du septième art), écrit un scénario mettant en scène les enjeux politiques de cette époque liés au destin de deux simples hommes.
Le hic, car hic il y a, c'est que Stallone est typique de l'Américain qui a réussi grâce à l'american way of life, qui défend le patriotisme, les valeurs américaines, j'en passe et des plus discutables (la raison du plus fort est toujours la meilleure, et je le prouve en pétant ta gueule). Et donc il a écrit un scénario avec l'oeil benoîtement dévié de l'american way of success. Le résultat en tant que film "politique", "social" ou même simplement dramatique, est atterrant de manichéisme. Les Américains sont tous drôles, cool, sautillants et accueillants. Les Soviétiques sont tous froids, parlent avec un accent hideux, sont toujours sur la défensive, n'aiment rien, calculent tout et sont arrogants. Et naturellement, la morale du film est que "nous sommes tous égaux", sauf que c'est un Américain qui leur dit, qui leur assène, qui leur taraude, qui a triomphé genre branlée honteuse et qui s'est montré supérieur en tout tout le temps (sauf l'inévitable "descente aux enfers" avec un twist de scénario digne de Poubelle La Vie, le 24 Heures Chrono du troisième âge). Ca me rappelle Matrix : dépenser des centaines de millions de dollars et truffer un film de CGI et de déformations de visages humains pour brailler que comme quoi que la technologie nous mènera à notre perte, ça frise la schizophrénie.
Mais que vient donc faire Beuâââr IV dans un site de DVD musicaux ? Très simplement parce que ce film, dont l'intérêt scénaristique, vous l'aurez compris, est proche du néant voire parfumé aux relents de facisme primaire, ce film donc est une pure comédie musicale. Enfin pas vraiment : c'est plutôt une grosse collection de clips. Le vinyl de Rocky IV, comme celui de Top Gun, est un des gros indispensables de l'histoire des années 80 : plus eighties que ce disque, tu meurs. Et donc, par corrélation, plus punchy, plus mélodique, plus accrocheur, plus "gros son qui tâche", yapa. Stallone, peut-être conscient de la légèreté de son script (vingt pages à tout casser), se permet donc d'insérer à intervalles réguliers de véritables clips au fur et à mesure du long (moyen ?) métrage. Pas des séquences avec musique, non, des CLIPS : pas une once de dialogue, les bruitages d'ambiance réduits au strict minimum, et si vous coupez le film au début et à la fin de la séquence, vous obtenez un pur scopitone passable sur M6 directement tel quel sans aucune modification. Trois clips indispensables donc (plus d'énormes bribes ailleurs) : No Easy Way Up par Robert Tappert (énorme carton FM), Living in America de James Brown avec sa chorégraphie bigger than life, et War, sublime et inoubliable instrumental signé Vince DiCola, petit génie des synthés qui avait déjà montré son savoir-faire sur le premier et excellentissime album de... Frank Stallone, le frère de Rambo !
Le film se laisse donc regarder avec beaucoup de plaisir, si bien sûr on a laissé son cerveau au placard. Ce n'est que de l'action. Rien d'autre. Oui, il y a aussi de la psychologie, mais elle provient tout droit du célèbre magasin Parisien "Tout à 99 centimes". En tant que suite, Rocky IV est encore plus bête que le III mais il lui est largement supérieur au niveau du rythme, des combats et du sentiment général (bien que, c'est malheureux mais c'est vrai, le III soit indispensable à la série sur le plan narratif). Le problème concernant ce site, c'est le traitement de MGM. On l'a vu donc, pour ceux qui aiment les chansons big rock FM des eighties, ce film est indispensable : et pourtant, l'éditeur l'a traité par-dessus la jambe. Le traitement sonore est celui d'un pur film, et encore, pas top du tout. Le 5.1 est ultra-chiche, les arrières dorment tranquille et la musique est à 100% sur les avants avec de la réverb' partout. C'est moche. Enfin non, si vous regardez le 'film', ca passe. Mais ce n'est pas un film, je le répète : c'est un gros clip. Et de ce côté, c'est complètement loupé.

Le reste n'est pas glorieux non plus : la version "seule" de Rocky IV offre comme d'habitude avec les bas-de-gamme de chez MGM un produit pas fini, limite malhonnête. Heureusement que la stereo de la version française est solide : c'est le seul effort de localisation. Sinon, le menu est comme toujours complètement imbitable (quand est-ce qu'ils vont arrêter ce système débile qui fait que, 80 (!) achats après, on ne sait toujours pas où appuyer ?). L'image est pleine de grain, trop, beaucoup trop. Aucun bonus, sauf une bande-annonce pas mal mais qui dévoile tout le film (celà dit... y a-t-il vraiment du suspense ?). Le coffret, présenté ici, propose tous les films et le DVD 4 est strictement identique à sa version "seule" : inutile de dire que ledit coffret a un peu plus d'intérêt au niveau cinématographique, même si ce n'est pas encore la panacée (et les sous-titres ? et les making-of d'époque ?). Bon, en tant que film musical, Rocky IV reste donc un sympathique moment de tapage de pied, mais ne vous attendez ni à un traitement digne, ni à un mix adéquat. A la rigueur si vous avez un bon ensemble Dolby Surround, prenez la version française et en avant Nogent. Si vous aimez Fassbinder et Jarmusch, fuyez. Si vous aimez Rocky, ou la boxe, ou même le sport en général, essayez de trouver le coffret à bas prix (il ne vaut pas son prix mais vous vous le farderez plus d'une paire de fois). Et si vous aimez vraiment la musique mais que Rocky dans son ensemble ne vous attire pas, allez dans la prochaine brocante de votre ville et achetez le 33 tours d'époque : le son est fantastique, ça vous réveillerait un mort (Vince DiCola et Giorgio Moroder sont sponsorisés par Tiberi), et impossible que vous soyiez déçu : c'est un des très grands classiques des discothèques des eighties. De nos jours, Reagan attend son tour et Gorbatchev est honteusement sous-employé, mais l'un comme l'autre, dans un coin de leur ADN, ont en plaquettes brutes des fragments de mélodies qui les ont aidés, peut-être, à partager des tubes FM qui s'appellent autrement que Enola Gay. Film ultra-con, DVD pas terrible, BO géniale. Vous savez sur quel site vous vous trouvez, donc vous savez sur quel côté de la balance appuyer négligeamment le doigt. Oui c'est voler. Mais à doses homéopathiques, c'est bon.