Concert encore une fois fantastique, image digne d'éloges, un album culte en entier, archives à crever de rire |
Note globale
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Le son n'est vraiment pas à la hauteur des attentes, et la prochaine fois, la setlist aura intérêt à changer |
Editeur
: Inside Out
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Durée
totale : 3 h 20
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- Image PAL |
Double
CD et joli coffret (édition limitée seulement) |
Deux défauts : le format 1.33 terriblement étriqué, et la compression qui a été faite par-dessus la jambe. Mais la définition est excellente, les couleurs chaudes, les gros plans sur les mains très intéressants, bref c'est ce que Saga (et Inside Out) nous a offert de mieux depuis longtemps. | ||
Une fois de plus, la stéréo est très dynamique, tous les instruments sont très clairs. On regrettera cependant la guitare qui écrase véritablement tout le reste, donnant aux chansons un faux cachet metal-prog même pas voulu. Quant au 5.1, il est chargé en basses mais bien trop paresseux. | ||
C'est la dernière fois que je donne une telle note à une setlist pareille, mais il faut avouer que la succession de tubes est proprement irrésistible, tout comme l'entrain des musiciens. | ||
Une interview tout simplement délicieuse, et des archives qui combleront les fans. Excellent ? Pas tout à fait : tout celà manque de sous-titres, et pas qu'un peu. |
La scène se passe en 1981, en Angleterre, dans une maison de campagne - une de ces grandes maisons typiquement anglaises, entourées d'un gazon gras et de bosquets divers. Le groupe canadien Saga vient y séjourner, avec leurs épouses respectives, afin d'enregistrer Worlds Apart, leur quatrième album. Parmi eux, leur génial guitariste Ian Crichton, et sa jeune femme qui a une peur panique des insectes. Ils prennent tous leurs quartiers, et Crichton entre dans sa chambre pour poser les affaires. Sur le mur, il voit alors une colonie de répugnantes araignées typiquement anglaises - grosses, grasses, velues. Sa femme rentre à son tour et ferme la porte derrière elle. S'ensuit une vague d'anxiété chez les autres membres du groupe : derrière la porte, ils entendent la femme crier et gémir, puis des bruits de coups tandis que Crichton hurle "mais tu vas venir ici, salope !". Ils paniquent : ça y est, Ian Crichton bat sa femme... En fait, il chassait les araignées à coups de talon sur le mur ! | |
Cette
histoire hilarante est typique de Saga, qui ont dans leurs besaces des
dizaines d'anecdotes cocasses. Il m'en vient cependant une, plus courte
et plus drôle : c'est l'histoire d'un chroniqueur qui, après
avoir écrit la critique de Worlds Aparts Revisited, l'a supprimée
d'un clic de souris, comme ça, sans réfléchir ! C'est
rigolo, hein ? D'un autre côté, c'est peut-être mieux
ainsi : l'ancienne version proclamait que le concert était bien,
voire très bien. Or ce n'est pas tout à fait vrai. La vérité,
c'est que ce concert est tout bonnement excellent, et que c'est incroyable
qu'un groupe qui fête ses alors 28 ans d'existence ait autant la
pêche, l'envie de jouer, le contact inné avec le public,
et la même décontraction alors que techniquement leur pop
semi-progressive est parmi les plus techniquement délicates qui
soient. Le premier titre joué est The Pitcher, et subjectivement
ce n'est franchement pas la meilleure façon de commencer (NDBaker
: Je déteste Heads or Tales, paresseuse et calamiteuse autopompe)
; pourtant cette "chanson" leur permet un calibrage technique
qui donne le ton pour la soirée : mesdames et messieurs, ce soir
ce sera de haute volée.
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Michael Sadler, dont il s'agit d'un presque-chant-du-cygne, est comme à son habitude charmant, rieur, athlétique, se mettant le public dans la poche comme pas deux, et il n'a aucun mal à emmener ses compagnons sur la route du succès. Le batteur intérimaire Brian Doerner, remplaçant Steve Negus, marche dans ses pas scrupuleusement, utilisant même sa batterie électronique ; les claviers virevoltent dans tous les sens avec un cachet "live" bien perceptible (pauvre Jim Crichton, qui se plante lamentablement d'accord pile sur un gros plan de sa main - il en rit d'ailleurs !). Seul petit souci dans ce déluge de notes, Ian Crichton dont la guitare est mixée un peu trop fort, et qui en fout partout sans aucune pause. Bref, un concert de Saga typique, avec une impressionnante collection de refrains hurlés par un public aux anges. | |
Mais
alors, qu'est-ce qui sépare ce DVD d'une autre prestation des Canadiens
? De petites choses, et c'est là que peut résider le problème.
Pour le novice ? Non, au contraire : surprenant, pas vrai ? D'abord, c'est
la première fois qu'un concert du groupe est présenté
en entier, et sans coupures entre les chansons. Ca parait bête,
mais c'est pourtant essentiel. Ensuite, l'image : elle n'aura jamais été
aussi belle. La compression a clairement été bâclée,
mais les couleurs et la définition sont assez incroyables pour
un tel produit. Vous êtes sûrs que ça vient d'Inside
Out, ça ? Un transfert video où on peut parfaitement voir
les traces sur le plancher et les cordes de guitare en plan moyen, ça
ne court pas les rues. Et puis, parce que c'était quand même
le but de la soirée, vous avez l'album Worlds Apart joué
en intégralité. Qu'il soit le meilleur album du groupe,
la question peut se poser... mais en tous cas c'est sans hésitation
le plus vendu et le plus populaire. Sa rendition live est donc à
la hauteur, et dépasse en qualité le live des "Chapters"
qui était sorti en CD uniquement.
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Le problème de cette set-list, c'est que malgré de belles surprises (beaucoup de vieilleries du premier album, deux-trois chansons récentes dans la pure lignée des années 80), on a encore un concert du Saga "typique", qui à une exception près oublie douze ans de carrière, douze ans de musique différente, mal défendue en live, restée cachée comme une maladie honteuse et pourtant qui apporterait un surplus de crédibilité et d'intérêt à un groupe qui n'en manque déjà pas. Ces regrets (no chapter V) sont vite dissipés par la qualité encore une fois inouïe du gig filmé ici, mais la fin de carrière de Saga approchant (Sadler quittant le groupe fin 2007), on espère que le live d'adieu, s'il a lieu d'être, osera des chemins plus aventureux. Mais nous n'en sommes pas là. N'allons pas trop dans le futur. | |
Replongeons-nous plutôt dans le passé, parfois ça a du bon. Chez Saga, c'est toujours bon, et Inside Out nous en offre une belle preuve avec 70 minutes tournées entre 81 et 83, coupes ringardes et Sadler en bassiste moustachu à l'appui. Transfert (moyen) d'une VHS d'époque, de celles dont certains musiciens aimeraient brûler jusqu'à la dernière copie, elle présente des titres live et des interviews. Drôles et instructives, les interviews, mais on s'y attendait. Bizarrement, en 1981, Jim Gilmour ressemblait à un hybride entre Roger Daltrey et... Rupert Hine (producteur de Worlds Apart) ! Coïncidence ? Quant aux live, seul un titre était déjà présent sur le DVD Silhouette, le reste est (presque) inédit et permet de mesurer le fossé entre le Saga d'hier et celui d'aujourd'hui : avant, ils étaient excellents ; de nos jours, ils sont bien mieux que ça. Et si le fan sera content de revoir ces fragments du passé, ainsi qu'un mini-documentaire truffé d'anecdotes toutes plus délirantes, il faut se rendre à l'évidence : c'est surtout le néophyte qui va se régaler en découvrant un tel groupe dans une si grande forme et enquillant autant de perles à la suite. L'écrin n'est peut-être pas le meilleur (le son 5.1 ne rend absolument pas justice au groupe), mais la classe, excusez-moi, elle est au rendez-vous et brille de mille feux, là où ce serait si facile de dégueuler les notes au kilomètre. Et si c'était la fin de la Saga, ma foi, point nous ne pleurerions : c'est interdit par le Ministère de la Bonne Humeur. D'ailleurs, ne dit-on pas : Sadler, Happy tout le reste de la journée ? ,
qui parfois a vraiment honte de signer sous son nom, j'vous jure... |
8 décembre 2005 - Pratteln (Suisse) |
01.
The pitchman |
Michael
Sadler - Chant,
claviers, basse
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Jim Gilmour - Claviers, chant, clarinette, choeurs |
Jim
Crichton - Basse,
claviers, choeurs
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Ian Crichton - Guitare |
Brian
Doerner - Batterie
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