Concert superbe et plein de vie, joli public, politiquement incorrect à l'époque, parfaite intro à la musique africaine contemporaine |
Note globale |
Techniquement pas à la hauteur de cet énorme évènement, manque de documentaire ou commentaire audio |
Editeur
: Warner Music Vision
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Durée
totale : 1 h 29
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(PCM) Image PAL |
Paroles sous-titrées (y compris les dialectes locaux !) |
Ne vous laissez pas avoir par les magnifiques images d'Afrique, le concert est décevant. La définition est correcte mais sans aucun éclat, les couleurs voilées et surtout le tout manque de peps. C'est parfaitement regardable, mais aucunement à la hauteur. | ||
Rien de renversant mais propre et chaud. On ne peut pas mettre moins vu l'année, les conditions, le nombre de musiciens et le mixage du public. | ||
Difficile de noter si on ne connaît pas bien la musique africaine, ce qui est le cas de votre serviteur, mais nul besoin d'élitisme pour se rendre compte que c'est magnifiquement interprété, que les styles sont variés, que ça mélange tubes et traditionnel, et que le tout est méchamment aphrodisiaque. | ||
Strictement rien, sauf des sous-titres, et ça mérite bien deux points : on a l'anglais et le... swahili ? J'ai bon ? Peu importe : dialecte sous-titré = deux points minimum. On aurait aimé un documentaire, un gros livret, le CD audio de Graceland, mais bon... On a le concert et c'est déjà bien. |
Mesdames et messieurs les jurés, nous voici en présence d'un DVD de rock sud-africain. Je vois à vos airs étonnés que vous n'avez pas l'habitude de cotoyer ce genre par trop inconnu, profitons-en donc pour dresser un bilan. Qui sont les sud-africains ? Qu'est-ce que la sud-afriquie ? La sud-afriquie, mesdames et messieurs, est un pays fantastique, mi-berceau de l'humanité mi-laboratoire anthropologique de type Kouchner, un pays dans lequel depuis la libération salvatrice de Nelson Mandela, plus personne ne pratique la ségrégation, à part Ted. La cuisine sud-africaine est tout à fait exécrable, j'ai eu l'occasion de déguster leur spécialité locale, le colon lapidé melba, c'est dégueulasse, sans pain c'est dégueulasse. La télévision sud-africaine, mesdames et messieurs les jurés, est une des plus passionnantes du monde. Non seulement il n'y a jamais d'émission avec Ségolène Royal, mais il n'y en a pas non plus avec Nicolas Sarkozy. Les villes les plus connues sont Le Cap, Pretoria et Johannesburg, les villes les moins connues sont... Harare ? Mesdames et messieurs les jurés, je lis dans vos yeux éberlués que vous vous faites du souci pour moi. En effet, non seulement, je me contente de piller sans vergogne le répertoire divin de Pierre Desproges, mais en plus je me plante de pays. A vrai dire, malgré la nationalité sud-afriquite des musiciens présents ici, ce n'est pas en Afrique du Sud exactement que nous allons, mais chez son voisin le Zimbabwe. Car en 1987, il aurait été difficile pour Paul Simon d'inviter tous ces talents s'exprimer sur la terre qui les a chassés. Paul Simon qui est plus guitariste mais moins nègre que Nelson Mandela. Mais Mandela est sud-africain, lui. C'est déjà ça. | |
Trève
de plaisanteries, encore que question bonne humeur vous n'allez pas être
déçus, Graceland - Le Concert fait suite à Graceland
- L'Album. Nous sommes en 1986 et Paul Simon, le petit juif folkeux New-Yorkais
blanc comme un linge et tant aimé des ménagères américaines,
continue avec bonhomie sa carrière solo (débarassé
de Garfunkel, qui ne connaissait de l'Art que son prénom) sous
des auspices inimaginables. Loin de ses racines bien blanches et bien
intégrées, il s'en va découvrir le rock africain.
Et contrairement au rock français, le rock africain est un des
plus passionnants qui soit. Pis encore, il ne va pas au coeur du continent
s'imprégner des rythmes infernaux et de la luxuriance de groupes
comme Osibisa, mais choisit le rock sud-africain, mélange de guitare
folk malmenée, de basse fretless, d'accordéon rythmique
et de chants africains traditionnels, le tout mélangé avec
son sens aïgu de la mélodie qui tue. Le résultat est
fascinant. Le monde entier découvre tout un pan de culture largement
boudé, un son réellement original, à la production
féérique. Un succès bien mérité, sauf
que les principaux intéressés, les africains, n'en bénéficient
pas autant qu'ils le devraient.
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Simon décide alors de leur renvoyer l'ascenseur en produisant une tournée de l'album, composée exclusivement de ces nouveaux titres, de chants traditionnels du folklore africain récent et de titres d'invités aussi doués que politiquement dangereux. Ce sera le Graceland Tour, ou comment apporter dans les stades et halls africains, dans des villes pas toujours développées à cette époque (ni maintenant hélas), la bonne humeur d'un concert amplifié que d'habitude seul l'hémisphère nord avait les joies de connaître. C'est un succès populaire inestimable, mais pas seulement de par son caractère exceptionnel : la qualité pure du spectacle est à la hauteur des espérances. Le concert capté ici, devant un parterre de collections de 32 dents bien blanches et bien visibles, et composé autant de noirs multi-générationnellement sédentaires que de grandes blondes européennes en visite, est un savoureux mélange de ce que la région pouvait apporter, et de ce que Simon voulait en garder. Oubliez lasers, mise en scène de tarés, vidéos ou autres. Ici, seule la musique compte, et comme on l'a dit la bonne humeur aussi, car le public ne cessera pas de piailler et de danser. |
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La
voilà, l'arme fatale de Paul Simon : à force d'essayer de
fédérer deux mondes, il a fini par réussir de la
meilleure façon qui soit. Le concert ne dure qu'une petite heure
et demie, semble d'ailleurs quelque peu coupé, et vous aurez du
mal à en sortir une fois fini. Les rythmes tribaux, les choeurs
parfaits et enjoués, les danses, tout respire la joie de vivre
et une certaine rage contenue, en filigrane, qui au lieu d'exploser se
change en optimisme digne. Le concert est beau, superbe, adorable, craquant
: on se croirait devant le journal d'Audrey Pulvar, sans les mauvaises
nouvelles. Les musiciens pourraient en remontrer à n'importe quelle
star blanche du rock : la guitare est d'une fluidité sans précédent
(un ré-gal), la basse élastique ronfle et les slaps sont
méchants, la batterie mélange rythmes africains et descentes
de toms bien rock anglais, les cuivres passent de la soul au free jazz,
et le tout malgré la technique ne perd jamais de feeling et de
groove. Surtout de groove. C'est pour ça que ça danse autant
devant la scène : la musique est irrésistible.
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Il existe cependant une barrière empêchant ce disque de se hisser au plus haut niveau, c'est sa molesse technique. Pour le son, Warner a préféré (comme souvent) laisser tomber un 5.1 factice et raté pour laisser place à un PCM stéréo plus pur. Globalement, le son manque de peps, de graves, d'aïgus, de profondeur. Mais pour un live en plein air enregistré en pleine Afrique en 1987, le résultat est plus que satisfaisant. L'image est moins sauvable : si les interludes avec les paysages africains font bonne impresion, et le montage intelligent (bien qu'un peu paresseux), c'est surtout la fixité des caméras qui gênera le DVDvore de 2009. Ca bouge dans l'image, mais les plans restent désespérément fixes, à part quelques recadrages d'ailleurs pas toujours pertinents. Il manque cette sensation de grandeur, de liberté, que trois ou quatre caméras sur grues auraient parachevé, donnant encore plus de sens à un concert qui n'en manque déjà pas. On se consolera avec les sous-titres des paroles (très belle initiative), un Paul Simon impeccable, et peut-être pour vous la découverte d'un genre musical. Un genre qu'on aimerait bien réinviter dans nos colonnes plus souvent. Si on a pu libérer Mandela, un truc aussi insignifiant que le rock devrait pouvoir se répandre mieux que ça, pas vrai ? A moins que... le rock ne soit finalement pas insignifiant ? ,
sauf le premier paragraphe évidemment |
1987 - Harare (Zimbabwe) |
01.
Township jive |
Les
musiciens sont crédités mais dans leur globalité,
vous ne saurez donc pas qui joue de quoi. Donc je ne les mets pas. C'est
vache ? Non. Car le plus important, c'est que tous, musiciens de pop,
traditionnels ou choristes, assurent tous comme des dieux.
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