Monstres de technique, très sympas, anecdotes très drôles, mise en place bluffante |
Note globale |
Musique qui ne plaira pas à tout le monde - loin de là -, technique du DVD pas vraiment à la hauteur de l'évènement |
Editeur
: Harmonia Mundi
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Durée
totale : 2 h 31
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- (PCM) Image PAL |
Clips de Pauline, Divo et Malagasy (12 min, format respecté) |
La réalisation hésite entre bordélique et vive, les couleurs sont chaudes, certains gros plans sont excellents, d'autres sont un peu décevants. La définition souffre de ces couleurs brillantes, créant une sorte de halo autour des musiciens lors des plans larges. Sinon c'est sympa. | ||
Un PCM plein de pêche mais où le mixage des instruments est par moments cafouillis. Le respect de l'ambiance live est total. En revanche on ne pourra qu'être déçu de la piste DTS qui est non seulement faible, mais en prime absolument pas spatialisée. Préférez la stéréo à tous les niveaux. | ||
Un beau bordel ! Ca joue dans tous les sens, n'importe comment, mais avec punch et panache. Ca ne ressemble pas vraiment à un concert anniversaire, mais plutôt à un boeuf de haute voltige. | ||
Trois titres live supplémentaires et trois clips qui n'ont pas un intérêt artistique grandiose, mais surtout des anecdotes à mourir de rire entre chaque morceau. |
Quel est le point commun entre la musique et un bureau de secrétaire ? Les plus efficaces nagent dans un parfait et complet bordel. Et n'essayez pas de ranger ne serait-ce qu'un post-it, ou tout s'écroule. Dans notre cas, on peut pousser un grand cocorico, car dans le domaine du jazz fusion tendant vers l'absolu foutoir, nous avons un champion : Sixun. On en a même plusieurs, mais ils sont soit Québecquois, soit hélas ! moins internationalement reconnus (que les Jim Cuomo, Jean-Mi Kajdan et autres J-F Lalanne ne s'inquiètent pas : c'est bien d'eux qu'on parle, mais surtout, c'est aussi bien eux qu'on écoute très souvent). Mais bon, Sixun, c'est un mythe. Intouchable. Et d'ailleurs, qui voudrait s'y frotter ? Si on parlait de bordel, ce n'est pas pour rien : Sixun, c'est une alchimie. Une vraie : tu prépares un chaudron, tu mets des tas d'épices dedans, ça explose et tu ramasses les bouts. Il était donc normal qu'ils fêtent dignement leur 20ème anniversaire, dans une salle aussi mythique que la Cigale, et devant un public conquis d'avance. Mettons tout de suite les points sur les ÿ : si vous êtes un peu allergiques au jazz fusion, vous trouverez dans ce DVD absolument tout ce qui pourra vous faire fuir. Dans le cas contraire, ouvrez grand vos sacs à notes. | |
Le
concert a été conçu comme un best-of. Pas un best-of
des titres, mais des musiciens. A savoir que chacun, à un moment,
est amené à briller sous les feux des projecteurs, et si
vous connaissez un minimum Sixun, sa musique ou simplement sa réputation,
vous devez déjà savoir que ça ne plaisante pas :
le duo Winsberg / Como est absolument tuant, le premier sortant des accords
totalement barrés (enfin... non justement, ce ne sont pas des barrés
!) à une vitesse qui frise l'impolitesse, le second faisant joujou
avec quelques sons analogiques pas piqués des vers. Mais des six
virtuoses composant le combo, il y en a un qui ne brille pas par moments,
mais à tout instant, c'est le gars Paco. Métronome capable
de se dédoubler, voire se détripler à volonté,
il assure une prestation sans failles et relance la machine de telle manière
que parfois l'on se demande franchement comment il arrive à retomber
sur ses pattes. Bref, un déluge de notes parfaitement calibré
par un batteur exceptionnel, malgré une tendance très forte
à l'improvisation, qui règne en maîtresse absolue
sur tous les titres.
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Il y aura un effet de retour sur ce bordel total : si vous n'êtes pas familier avec ce genre musical, la vision du concert entier vous paraîtra très longue, car vous risquez fort de ne strictement rien comprendre, voire de vous ennuyer ferme, et pire encore, de détester pour de bon tout ce qui ressemble de près ou de loin à du jazz. C'est clair que ce DVD n'est pas pour les débutants en la matière. C'est même l'une des expressions les plus jusqu'au-boutistes d'un style débridé qui n'admet pas de barrières. Les autres seront aux anges, profitant d'une osmose réussie entre musique Africaine et fusionneries électriques improbables. Un élément pourra faire passer la pilule même aux plus réfractaires, c'est le public. Même s'il est mixé un peu bas à mon goût, on l'entend quand même assez souvent encourager les musiciens embarqués dans les solos les plus délicats, applaudir à chaque intro qu'il reconnaît (ça peut prendre parfois plusieurs minutes) et soutenir le groupe pour ce qui restera un excellent moment de partage. | |
Pour
les plus fans d'entre vous, outre le concert qui est donc rempli à
craquer de pépites réservées aux initités,
vous aurez même du rab' avec trois autres titres live d'un concert
un peu plus ancien (ce qui permet de voir d'ailleurs que le groupe est
resté fidèle à son style d'impro... et ce depuis
les tous débuts), ainsi que trois clips... Eh oui, Sixun a fait
des clips ! Et franchement, ce n'est pas le clou de leur carrière,
car ils sont d'un kitsch (avoué) de très haut niveau. Mais
vous avez mieux : le concert est parsemé d'interviews et de mini-reportages.
D'habitude, je peste et persiffle contre ce genre de procédé
idiot, mais pour ce concert et ce groupe précis, ces mini-pauses
entre deux titres permettent de souffler, de rire aussi (anecdotes en
tous genres et gentilles vacheries entre zicos), et de rendre beaucoup
plus humains ces six zigotos qui quelques secondes plus tard vous feront
de nouveau douter de leur status de terriens mortels. Celà aussi
permettra aux béotiens de découvrir que si leur musique
paraît glaciale, les jazzeux français sont avant tout de
sacrés déconneurs.
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Pour finir sur la seule fausse note que vous trouverez ici, il faut cependant parler de la technique, qui n'aide pas beaucoup. En effet, la mise en images n'est pas toujours des plus heureuses, proposant une définition un peu floue et des plans pas toujours pertinents, quant au son, autant la stéréo est acceptable, sans non plus briller par sa précision, autant le DTS est très décevant. Avec les synthés, les percussions et le choeur, il y avait de quoi faire un grandiose mixage multicanal, au lieu de celà Sixun a privilégié l'ambiance "naturelle" de La Cigale, résultant en un 5.1 hétérogène et au son "flou". Celà, en revanche, pourra finir d'achever la patience du non-connaisseur. Pour faire court, une chose dont Sixun a horreur comme vous l'imaginez, on ne peut pas dire que cette galette optique soit conseillée aux cardiaques et aux fans de Ricky Martin. Mais les plus intrépides d'entre vous sont amenés à passer outre les quelques défauts et fêter dignement l'anniversaire d'un groupe où, à voir la tête de certains spectateurs, il n'y a pas que les bougies qui soient soufflées.
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30 septembre
2005 - La Cigale (Paris) |
01.
State street |
Louis
WInsberg - Guitare
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Paco Sery - Batterie |
Jean-Pierre
Como - Claviers
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Michel Alibo - Basse |
Alain
Debiossat - Saxophone
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Stéphane Edouard - Percussions |
Stéphane
Filet, Georges Seba, Sha Rakotofiringa - Choeurs
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