Une ambiance chaleureuse, une set-list qui pioche partout, des musiciens écoeurants de contrôle, un humour de potache, et un son surround à se mordre le duvet pelvien par groupe de douzaines de poils triés en ordre chromatique

Note globale


Un style musical un poil redondant, et avant tout une réalisation qui n'hésite pas à donner dans le résidu

Editeur : BMG
Durée totale : 1 h 41

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Image        PAL

Rien

La définition et les contrastes sont vraiment excellents pour de la télé, la compression ne se voit presque pas, techniquement c'est donc bien fichu. Dix sur dix ? Non. Trois points en moins (et je suis très gentil) pour les cadrages dignes du Noel 1982 camescopé par Richard Bohringer. Et encore un point pour la pénombre constante qui pourra gêner les yeux fragiles.
Pffft ! Fayots, va !
Bon, c'est vrai : tout se ressemble un peu. Mais l'ambiance est à la fête, et surtout pour un premier live la setlist se défend très bien. Excellent, reste juste à attendre une hypothétique suite.
Prépuce. Pardon, peau de zob.

Ca faisait longtemps que vous ne les aviez pas vus. Alors tant pis s'ils ne ressemblent plus vraiment à Robert Redford (plutôt à Bela Lugosi pour l'un), tant pis si les sujets de conversation ne varient pas beaucoup, et puis allez, tant pis si ça se passe au restaurant, à la vue de tous : ce sont vos potes, et vous êtes bien trop heureux de les revoir pour bouder votre plaisir pour des pinailleries. Alors ça va parler un peu fort, ça va rire de bon cœur. Rien de méchant, et pourtant essentiel.
Du reste, en 2002 depuis combien de temps n'avions-nous pas eu de nouvelles de Steely Dan ? Un sacré bail. Déjà, le groupe s'était dissous au début des années 80, et si Donald Fagen avait donné de très sporadiques (mais géniaux) signes de vie, Walter Becker, son compagnon inséparable, s'était montré plus discret. En prime, on ne peut pas dire qu'à sa grande époque ce cher Daniel Dacier ait été un grand groupe de live (au moins autant que Kate Bush et Chroma Key !). Les revoir cogner à la porte pour se faire offrir un café, au début du 21ème siècle (le siècle des Lumières. Eteintes) fut donc une surprise inouïe, d'autant plus que les invités arrivaient les bras chargés de cadeaux - un nouvel album du même niveau que ses illustres prédécesseurs, la réédition en DTS de certains grands classiques avec un son à tomber par terre, et cerise griotte dans le capuccino/vodka : un live ! Oh, pas une vraie tournée des stades avec poupée gonflable (sur scène, pas dans les loges, patates ! (Tô gueuuule !)), écran géant et lasers. Non, juste une émission de télé type Taratata spéciale Steely Dan, avec public intimiste et ambiance bon enfant.
Mais j'entends les plus jeunes d'entre vous se demander que diantre peut bien être Steely Dan. Et c'est une question que je ne vous remercie pas d'avoir posée. Loin de là. On va dire pour simplifier que c'est un mélange hybride de soul, de pop, de jazz rock et de funk blanc. Un peu de tout, quoi. C'est d'ailleurs bien expliqué par les musiciens dans les nombreux interludes qui coupent le concert : Becker et Fagen sont deux fans de jazz qui n'arrivent pas à en faire. Alors ils brodent. Ils brodent beaucoup. Et si on devait qualifier leur musique de façon plus simple, ce serait du "jazz rock propre". Que ce soit voilà 35 ans, ou en 2000, on les reconnaît immédiatement au chant un peu ironique, aux chœurs, aux changements d'accords terriblement compliqués pour de la pop, mais surtout à la clarté impressionnante de la production. Couche après couche, chaque instrument trouve parfaitement sa place ici, même à l'époque de la stéréo. Et quels instruments, vingt dieux ! Ou plutôt, quels instrumentistes, parce qu'il ne faut pas être manchot pour avoir le droit, pardon, l'honneur de jouer avec Fagen. Le concert présente donc des joueurs tous virtuoses, très carrés, rien qui déborde (sauf la sensualité des trois ravissantes choristes), et on en profite pour se rappeler à quel point Walter Becker est un guitariste de jazz sous-estimé (euphémisme).
L'ambiance est donc à la bonne humeur. Adieu la réputation de requins de studio tyranniques. Adieu aussi les vélléités de live super-promo : pratiquement tous les albums sont représentés ! Ce qui permet par ailleurs de vérifier à quel point le style Steely Dan est resté intact, au risque même de paraître un peu redondant lors des premières écoutes. Surprise donc, charcutée par des interventions filmées entre chaque titre, mais ce n'est pas si terrible étant donné le format de départ : une émission télé. Ce qui permet de savourer l'humour décapant de nos deux compères, à la complicité jamais prise en défaut, vénérant le cassage type Brice de Nice (du style : "alors machine, t'es contente de chanter pour Steely Dan ? Oui ? Ok, merci. Tire-toi maintenant"). Permet... ou pas puisque le DVD n'a pas l'atome d'un bonus, pas même des sous-titres qui étaient pourtant indispensables. L'image ne viendra pas nous consoler : bien typée télé, elle n'est pas fascinante et si le montage est très bon, on regrettera un nombre important de cadrages complètement pourris, que ce soit fait exprès (peeeeeeeeerche !) ou juste mauvais par simple manque de jugeotte.

Devant un DVD si simple, on en viendrait presque à avoir des regrets, heureusement balayés par le son. Si la stéréo est déjà propre à en préparer une sole meunière dessus, le Dolby (assez bon) et le DTS proposent une spatialisation de tous les diables, rendant chaque instrument plus beau, plus important, plus vivant, les applaudissements du public après chaque solo n'en prenant que plus de sens. Encore une victoire de canard Scheiner. Alors oui, on pourrait être déçu par ces retrouvailles, mais au final on a passé le plus exquis des moments : nos potes ont toujours le même humour, ils savent nous divertir comme avant, et en prime, ils le font en 5.1. On ne peut donc que les réinviter avec bonheur, mais pas immédiatement : c'est leur rareté qui en ont fait, bien plus que des potes, des amis.


10-11-2008

2000 - Sony Music Stages (New York, U.S.A)... La vache, au même endroit que Nirvana, ça fait mal


01. Green earrings
02. Cousin Dupree
03. Bad sneakers
04. Janie runaway
05. Josie
06. FM
07. Gaslighting Abbie
08. Black Friday
09. Babylon sisters
10. Kid Charlemagne
11. Jack of speed
12. Peg
13. What a shame about me
14. Pretzel logic


Donald Fagen - Chant, claviers    
   Walter Becker, John Herington - Guitare
Ted Baker (Je le savais qu'il était doué c'ui là) - Claviers   
   Ricky Lawson - Batterie
Tom Barney - Basse   
   Cornelius Bumpus, Chris Potter - Saxophone
Michael Leonhart - Trompette   
   Jim Pugh - Trombone
Carolyn Leonhart, Cynthia Calhoun, Victoria Cave - Jolis choeurs