Musiciens classe, bonne humeur, son 5.1 et stereo très entraînants

Note globale


Ce n'est finalement qu'une home-video juste mieux filmée que la moyenne

Editeur : Universal
Durée totale : 1 h 52

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Image        NTSC

Clips de Bring on the night, If you love somebody et Russians (11 min)
Bance-annonce originale (30 sec, recadrée, non st)
Sous-titres uk, fr
Galerie de photos (2 min)

Bien évidemment c'est bien filmé, c'est beau, il y a un joli grain cinéma (un peu too much d'ailleurs), mais surtout c'est chaud comme un nid douillet ! Techniquement c'est en-deçà d'autres images du genre mais le plaisir qu'on a à regarder vaut bien son neuf (on en revient au nid...).
La stereo est propre et le 5.1 est puissant, très chaleureux. Par contre le DTS est une petite catastrophe, il est carrément étouffé et n'a pas du tout l'étoffe brillante de son homologue. Pas très grave, les deux autres réhaussent.
En tant que vidéo musicale c'est délicieux. Par contre si vous vous attendez à un film avec suspens et renversements dramatiques, eh bien même en tant que simple home video il n'y a rien à se mettre sous la dent. Pas grave, on est scotché quand même.
Des sous-titres pas mal foutus mais jaune poussin (encore le nid, tiens), trois clips qui ont relativement mal vieilli, une bande-annonce, rien d'extraordinaire.

A la question "pourquoi faites-vous un film ?", Sting a la réponse toute trouvée. C'est vrai qu'un rockumentaire sur un groupe établi, ça se fait souvent, mais sur un groupe qui débute, c'est très rare. Et A&M Records, avec l'aide de Michael Apted (qui à l'époque sortait d'un Gorky Park de mémoire euh... moyenne quoi), d'enquiller et de dramatiser à mort la situation de Sting. Il est vrai qu'en 1985, son groupe Police a explosé, il l'a quitté, pas officiellement d'ailleurs, et il recommence en changeant d'instrument (il troque la basse pour une guitare) et de style (mélange de pop, de jazz et de reggae). D'où l'accroche : "L'histoire : il a tout misé sur un rêve. Le problème : ce n'est pas du cinéma". Car oui, en plus, Sting sort du tournage de Dune, tournage hautement difficile et médiatisé pour de mauvaises raisons. Ce film sert donc de promo et Apted a bien compris qu'il fallait soigner au maximum l'image et le son car celà allait aider à drainer un nouveau public, sortie en salles oblige. Oui, A&M Records a trouvé le moyen de faire de ce voyage initiatique au pays du bon goût en solo un film sorti en salles et dont le pivot narratif est donc résumé par l'accroche ci-citée. Disons-le tout de suite, du côté de la progression dramatique, ce film est d'un néant absolu. Franchement, Sting qui rique de tout perdre, même sans le recul, vous y croyez, vous ?
Alors heureusement, une fois le côté "fragilité de la reconnaissance sociale digne des frangins Dardenne" évacué, reste la musique. Et là, si vous connaissez déjà le premier album solo de Monsieur le Sting, vous savez que c'est la classe absolue. Si vous ne l'avez pas encore (honte à vous, et en même temps quelle chance !), préparez-vous à une jolie petite gifle. Les musiciens du groupe sont tous d'une très haute classe, à commencer par Omar Hakim. Voilà un batteur comme on les adore : il a la classe, il a le groove, il est versatile, il est rock, jazz, limite metal sur les descentes de toms, c'est un mélange de Nick D'Virgilio et Dennis Chambers, avec une décontraction totale. Et qu'il parle, qu'il blague, qu'il chante, qu'il accompagne ou qu'il solise, c'est un pur régal de A à Z en passant par D comme Dieu et T comme Top. Darryl Jones était encore à l'époque un bassiste top classe, le regretté Kenny Kirkland avait un toucher de piano électrique simple mais efficace, et Branford Marsalis reste fidèle à lui-même : éclectique. Une vraie Dream Team.
Et Sting ? Eh bien il s'est mis au niveau, pardi. Assurant des mélodies et arrangements toujours incroyables, épaulé par deux choristes superbes (dont une ancienne animatrice de téléphone rose, anecdote croustillante), il se sent parfaitement à l'aise et ça parcourt le film d'un bout à l'autre. D'où néant total côté suspens. Sincèrement, vous allez à un concert où Hakim, Jones et Marsalis (n'importe lequel) se partagent la scène, vous vous imaginez les siffler et quitter la salle en tendant un doigt ? Soyons sérieux cinq minutes ! Que Sting soit le seul musicien blanc au milieu de noirs est aussi important que la date de péremption du sterilet de ma soeur, et j'ai pas de soeur. A ce racisme latent se substitue une autre forme d'exclusion, beaucoup plus pernicieuse : on demande à tous les musiciens ce que ça leur fait de jouer avec un mec, non pas blanc, mais, pire, piiiiiire : pas jazzman ! Eh oui à l'époque ca paraissait inconcevable qu'une star de la pop, ex-punk qui plus est, s'acoquine avec des "vrais musiciens" que sont les jazzmen, Marsalis en rajoutant une seconde couche lorsqu'il a accepté le poste de directeur musical d'une émission de variétés (l'équivalent de Lol dans ex-Nulle Part Ailleurs). A cette forme de racisme intellectuel, les musiciens répondent par un concert tout simplement fabuleux.

Et c'est là que le bât blesse, tout en ravissant nos yeux et oreilles : ceci n'est pas un simple portage de l'excellentissime double-vinyle du même nom, dommage car vu la qualité d'image et de son on s'en serait contenté, et du coup il manque quelques chansons. Et ce n'est pas non plus un vrai film car il n'y a rien de franchement surprenant ou simplement... prenant, à part une séquence qui a fait beaucoup, beaucoup jaser (je m'en souvenais, vingt ans plus tard, c'est dire) : quatre minutes sont consacrées à la naissance du bébé de Sting, qui lâche sa petite larme. Beaucoup ont été écoeurés de cette starisation à l'extrême, de nos jours c'est rigolo mais... ça ne fait pas grand chose ! Au pire c'est un peu chiant sur les bords. Ca n'empêche pas le programme principal d'être vraiment très sympa car, tout bancal qu'il soit (et il l'est, énormément), il reste la musique. Ca sauve tout, absolument tout. Les clips franchement très moyens (Mondino n'est pas l'unique responsable) et le manque de commentaire audio (de Apted, de Sting, des autres musiciens, des chairmen d'A&M France, les gens qui voulaient causer là-dessus ne manquaient pas), rien n'empêche une vision saine, goûtue et raffinée de ce bidule, complètement surfait et pourtant si délectable... Encore une fois, le 7/10 de ce site n'empêchera personne de s'offrir un petit bout de Classe. La vraie, la pure. Qu'elle soit mal employée a finalement assez peu d'importance : dans les Prédateurs de la Nuit, Brigitte Lahaie est le seul personnage féminin à ne pas se deshabiller à tout bout de champ. Mais c'est elle qui a le plus de classe. Et qui vous fait bander comme un taureau furieux. Retrouvez la même sensation avec Sting, qui après tout signifie "le dard". Quand on sait que depuis ce premier album, on a trouvé ses paroles plus profondes, il y a de quoi s'abandonner. A l'achat, bande de cochons !