Tangerine Dream - Live at the Astoria 2007    


Jolis Logos et Girls on the Stairs (mais ne sont-ils pas trouvables ailleurs ?), musiciens visuellement classes, chansons d'une qualité exceptionnelle

Note globale


Dans le milieu du porno, on appelle ça un Bukkake

Editeur : Eastgate
Durée totale : 2 h 24

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Image        PAL

Rien. C'est cette chronique, le bonus.

Même en mettant de côté le bordel visuel et cette façon de toujours soigneusement éviter ce qui est intéressant, on remarquera des ralentis de chiotte, un montage parfois erratique, des couleurs baveuses, un gros grain vidéo, bref pas grand-chose d'agréable.
7/10 pour la seconde partie, avec son 5.1 pas formidable mais qui aurait pu être pire, stéréo bien balancée, transitions suaves. Et je suis gentil, j'en reste là. Parce que la première partie, ça mérite 0.
C'est trop compliqué de noter "ça" objectivement. La seconde partie est un peu plus soft et moins dynamique que d'habitude, mais elle comporte des raretés donc c'est louable. La première partie est totalement inutile, mais les chansons sont magnifiques. Dans le doute...
Rien. Dommage, j'aurais bien aimé un making-of d'une heure... Notamment savoir s'ils utilisent une souris ou les raccourcis clavier pour faire un copier/coller de leur album studio...


Attention... l'oeuvre auditive la bêtise qui suit dure 45 minutes (!).

Si vous ne pouvez pas l'écouter d'une traite, ou voulez la garder pour plus tard, ou avez honte, ou les trois,

CLIQUEZ ICI (ou clic droit) pour le sauvegarder en MP3.

 

 


COLUMBO dans...

...MEURTRE EN PLAYBACK

 

INTERIEUR NUIT - Un salon

Un homme de la cinquantaine, cheveux sel, Philip Baker, et une vieille femme aristocrate, Inga Whitfield (veuve Baker), rient. Ils trinquent.

INGA : Ah, mon cher Philip, vous êtes si drôle !

PHILIP : Mon sens de l'humour est moins développé que le vôtre, ma tante.

INGA : Oh, allons Philip, vous m'en voulez encore pour cette histoire de testament !

PHILIP : Pas du tout enfin ! ...Je suis sûr qu'Edgar sera à la hauteur. Il a beaucoup appris depuis son arrivée aux Etats-Unis.

INGA : Il est meeeââiiirveilleux !

PHILIP : Mais la Bakersfield Company est une entreprise qui s'est transmise de génération en génération...

INGA, le coupant : Tut tut tut, je ne veux pas en entendre davantage ! Edgar sera parfait ! Et puis... un simple mâjordome, qui devient l'héritier d'un empire cinémâtogrâphique, n'est-ce pas là le rêve Américaaaaiiiin ?

PHILIP : Ca laisse rêveur, en effet.

La porte sonne.

INGA : Ah ! Je suis sûre que c'est Stanley !

PHILIP : Stanley ?

INGA : Stanley Kubrick ! Il m'a offââââirt un mâgnique rôle, vous ne le sôviez pas ?

PHILIP : Mais vous ne vous contentez plus de produire, vous voulez désormais être actrice aussi, ma tante ?

INGA : Oh, j'ai toujours été fascinée par le grand écran. Imaginez cette fin de carrière : Inga Whitfield-Baker, à jamais figée sur un écran, pour l'éternitââé !

PHILIP : Je l'imagine très clairement.

INGA : Stanley m'a promis un petit rôle où je me fais sauvagement assassiner. J'ai demandé à Edgar de m'aider à appéhe.. aprée.. prahé...

PHILIP : ...appréhender ?

INGA : ...me préparer au rôle, je dois jouer la surprise tôtâle avant d'être sournoisement abattue.

PHILIP : Vraiment ?

INGA : Oui, ce n'est qu'un début, mais je suis fôlle d'extââââse ! Une nouvelle vie commence pour moi, mon petit canaillou farci ! Je me sens plus jeune que jamais !

PHILIP, énervé : J'ai toujours adoré quand vous m'appelez votre petit canaillou farci.

INGA : Edgar doit m'aider à trouver le ton et... mais suis-je sotte ! Aller ouvrir je dois !

PHILIP : Je vous reverrai demain matin pour la signature des papiers. Passez une bonne nuit, ma tante.

INGA : Oh, ne vous en faites pas ! Je crois que je vais m'écrouler très vite !

PHILIP : J'en suis certain. A demain !

...Musique... on passe sur Inga traversant son manoir.

INGA, marche : Ah mais qu'il fait noâr dans ce couloâr ! Edgar ? Edgar ?

On entend un clic.

EDGAR, caché : Ach :!

INGA : Edg...

Une détonation sèche éclate. Inga tombe.

INGA : Ahhhh !

Silence, puis bruit de clic.

EDGAR : Vous ne vous êtes pas fait mal, Madame ?

INGA, se relevant : Grands Dieux, Edgar, vous m'avez collé une de ces frousses !

EDGAR : C'était bien mon intention, telle que Madame me l'a demandé.

INGA : Comment étais-je ?

EDGAR : Meilleure que la première fois. Je suggère à Madame de forcer un tout petit peu sur le cri avant de tomber.

INGA : Bien, bien ! Vous pensez que je serai prête pour le rôle ?

EDGAR : Pratiquement. Si Madame veut revoir comment Madame a réagi, Madame peut aller dans le grenier ; la scène a été entièrement filmée par la caméra de surveillance

INGA : Maââââirveilleux ! Je meurs d'envie de me voir sur l'écran ! Pensez-vous... qu'une nouvelle Greta Garbo...?

EDGAR : Ach ! Vous savez, comme on dit dans mon pays, “on ne peut pas transformer un grizzly dansant en ballerine”.

INGA, suspicieuse : Hum, qu'est-ce cela veut dire ?

EDGAR : Je n'en sais trop rien Madame. Je n'ai pas compris moi-même

Une porte claque, un moteur démarre, une voiture s'en va.

EDGAR : De la compagnie ?

INGA : Oh, c'est Philip qui s'en va. Le brave homme est ravi que vous repreniez la direction des studios.

EDGAR : Ja ja, c'est un homme bien.

INGA : Bien. Je vais me coucher. Passez une bonne nuit Edgar.

EDGAR : Bonne nuit Madame.

Musique. On passe sur Inga dormant. On entend dehors les grillons. Soudain un paon crie dans les ténèbres de la nuit.

INGA : Rhô...

Le paon remet ça.

INGA : Grands Dieux, mais qu'est-ce que c'est que ce raffût ?

Elle ouvre la porte, descend des marches. Elle tente d'allumer l'interrupteur.

INGA : Ah ! Et cette lumière qui ne marche jamais !

On entend un bruit.

INGA : Edgar ?

Puis un clic-clac.

INGA : Edgar !

PHILIP, off : Crève donc vieille peau !

Un coup de fusil retentit. Inga crie et s'écroule.

EDGAR, enthousiaste, sort de sa cachette : Ah, cette fois on sentait beaucoup plus la douleur ! Mes félicitations Madame ! ... Madame ? MADAME ?

Musique stressante qui rententit.


EXTERIEUR JOUR - Devant une maison cossue

Une foule se presse, autour du perron du manoir.

MURTAUGH : Putain de merde !

JEUNE FLIC : Des problèmes sergent ?

MUR : Des PROBLEMES ? Ca fait 35 ans que je fais ce boulot. 35 ans, tu entends ? Je suis entré à la police de Los Angeles en 1937 ! Et à trois jours de la retraite, on me colle le meurtre d'Inga Whitfield ! Putain !

JEUNE FLIC : Vous n'irez pas chercher bien loin le coupable. On l'a identifié sur les caméras de surveillance, c'est le majordome.

MURTAUGH : Le majordome ?

JEUNE FLIC : On a diffusé un avis de recherche, il ne pourra pas s'en aller très loin. Le pauvre gars semblait totalement ignorer qu'il était filmé.

MURTAUGH, crie: Excusez-moi. Hey ! HEY ! Vous là-bas ! Ne touchez pas au corps !

COLUMBO : Excusez-moi m'sieur, je...

(Ils parlent tous les deux, aucun ne veut lâcher).

CORONER : Tiens, Lieutenant Columbo ! Comment ça va ?

MURTAUGH : LIEUTENANT ?

COLUMBO : Ben oui sergent, vous ne m'avez pas laissé le temps de... euh... Lieutenant Columbo, de la criminelle. Le capitaine Dobbs m'a chargé de faire équipe avec vous sur cette affaire.

MURTAUGH : Putain de merde, il manquait plus que ça ! Elle est déjà faite l'enquête, c'est le majordome !

COLUMBO : Oui, je sais bien, mais le capitaine m'a envoyé car il a d'autres soupçons, vous n'ignorez pas que Mme Whitfield était quelqu'un de très haut placée !

CORONER : J'ai examiné le corps, Lieutenant, elle a été tuée par un calibre 22.

COLUMBO : On pourrait aller à l'intérieur ? Je commence à avoir très chaud !

CORONER : Venez, je vais vous montrer où elle a été tuée.

On passe en INTERIEUR JOUR

CORONER : Voyez, elle était là. Le majordome était devant elle, il l'a tuée à bout portant.

COLUMBO : A-t-on retrouvé l'arme du crime ?

CORONER : Non.

MURTAUGH : Putain de merde, Columbo, c'est mon enquête, c'est ma juridiction, c'est à MOI de poser les questions ! ...Est-ce qu'on a retrouvé l'arme du crime ?

CORONER : Eh bien hmmm, laissez-moi réfléchir, ehhhh ta ta ta... Non !

MURTAUGH : Putain de...

COLUMBO : Oui oui Sergent, on a bien comp... (Il aperçoit quelque chose qui brille dans le mur). Qu'est-ce que c'est que ça ?

MURTAUGH : On dirait un balle perdue,

Columbo gratte le mur, extrait une balle.

COLUMBO : Eh ben ça alors ! Jimmy, est-ce que tu as déjà visionné le film du crime ?

CORONER : Oui, mais juste une fois.

COLUMBO : Et il y a bien eu un seul coup de feu tiré ?

CORONER : Un seul, Lieutenant, pas de doute là-dessus.

MURTAUGH : Ca voudrait dire qu'il y a eu deux tueurs ? Ou deux coups de feu ?

COLUMBO : Ou que le tueur s'est d'abord entraîné...

CORONER : Y'a quelque chose de bizarre. Ah ben oui ! C'est bien ça ! C'est bien une balle tirée à bout portant sur le mur. Sauf que c'est pas un calibre 22, mais un calibre 42. Jamais vu ce calibre auparavant.

MURTAUGH : Putain de merde, qui'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?

COLUMBO : Je ne sais pas, Sergent. Mais il est temps pour nous de retrouver ce majordome.

 


EXTERIEUR JOUR, sur le perron de chez Mr Baker

La sonette retentit.

PHILIP : Bonjour ?

MURTAGH : Monsieur Baker ?

PHILIP : Lui-même...

MURTAUGH : Je suis de la police de Los Angeles, et voici l'inspecteur Columbo de la brigade criminelle. Pouvons-nous entrer ?

PHILIP : Bien entendu Sergent... Rien de grave j'espère ?

COLUMBO : J'ai bien peur que si, monsieur... ?

PHILIP : Baker. Philip Baker.

COLUMBO : Ahhh ! J'ai connu un Baker il y a de ça quelques années, Archibald Baker. Il est de votre famille ?

PHILIP : Non, je ne connais aucun individu répondant à ce prénom.

COLUMBO : Grand bien vous en fasse, m'sieur !

Ils entrent, on passe en INTERIEUR JOUR.

MURTAUGH : Comment avez-vous sû que j'étais Sergent ?

PHILIP : Oh, j'ai fait mon service dans une division de la police de Los Angeles. J'en ai gardé le sens de l'ordre et du respect. Mais venons-en aux faits, messieurs.

COLUMBO : Monsieur Baker, nous avons une bien mauvaise nouvelle à vous annoncer, Votre tante, Inga...

PHILIP, inquiet : Inga ?

COLUMBO : Elle euh... enfin elle...

MURTAUGH : Elle a canné, putain !

COLUMBO : Enfin oui, euh, elle est morte quoi.

PHILIP, abattu : Oh mon Dieu non... Ce n'est pas possible ! Inga ! Seigneur... Comment est-ce arrivé ?

COLUMBO : Un meurtre, m'sieur.

PHILIP : Mais c'est impossible, Lieutenant ! Tout le monde l'adorait, elle était... si gentille ! J'étais encore avec elle hier soir, elle avait l'air si pleine de vie !

MURTAUGH : Vous étiez avec elle hier soir ? Vous avez quelqu'un qui peut le confirmer ?

PHILIP : Oui, je pense, Edgar a dû voir ma Porsche garée devant l'entrée.

COLUMBO : Edgar ?

PHILIP : Son majordome. Il connait la maison encore mieux qu'elle !

COLUMBO : Alors m'sieur, je crains que votre alibi soit difficile à prouver. L'assassin de votre tante, à priori, c'est ce fameux Edgar.

PHILIP : Edgar... Non... Non Lieutenant, Edgar n'aurait jamais fait ça.

COLUMBO : Et pourtant nous avons une vidéo qui le prouve. Il est devant Madame Whitfield, il lui tire dessus à bout portant, on entend le bruit du pistolet et Madame Whitfield qui tombe.

PHILIP : Mon Dieu. Mais alors pourquoi la brigade criminelle vient-elle chez moi ?

COLUMBO : Eh bien il reste encore quelques points à éclaircir...

PHILIP : Edgar vous expliquera tout, je suis certain que c'était un accident. Il n'a pas pu commettre une telle infâmie.

MURTAUGH : Il a disparu, votre Edgar.

PHILIP : Disparu ?

MURTAUGH : Il s'est fait la malle. On a deux patrouilles qui enquêtent là-dessus, mais pas de trace de lui ni de l'arme du crime. Vous ne sauriez pas où il pourrait se cacher ?

PHILIP : Hélas, Sergent, bien que j'eûsse du respect pour cet homme, il n'était somme toute qu'un serviteur. Je n'avais que peu de contacts avec lui.

COLUMBO : Dites-donc, Monsieur Baker, c'est une sacrée collection d'armes que vous avez là !

PHILIP : Ah ! Celà fait partie de la famille. Nous les utilisons souvent sur des tournages.

COLUMBO : Sur des... ?

PHILIP : Tournages ! Je vais vous montrer...

Il prend un pistolet, l'arme et le pointe sur Columbo.

COLUMBO : EYH !

Il tire, une détonation sèche. Columbo n'a rien.

COLUMBO : Mais euh... ben ça alors...

PHILIP : Ah ah ah ah ah ! Ne vous inquiétez pas, inspecteur. Toutes les armes de cette collection sont principalement utilisées pour tirer à blanc. Il ne restera qu'un peu de poudre sur votre veste, vous n'avez qu'à l'essuyer pour qu'elle parte !

COLUMBO : Ben si j'avais su !

MURTAUGH, un peu sonné : Putain d'merde !

COLUMBO : C'est vraiment fascinant le cinéma. Votre tante était une sacrée productrice. Et sûrement une femme à poigne.

PHILIP : Vous n'imaginez pas à quel point.

COLUMBO : Mais dites, c'est normal qu'il manque une arme ?

PHILIP : Hm ? Hm oui c'est fort possible. Mon assistant a dû l'emprunter pour un tournage. C'est en quelque sorte notre réserve, je la garde chez moi uniquement pour des raisons sentimentales.

COLUMBO : J'aimerais bien parler à votre assistant, si vous le voulez bien.

PHILIP, un peu méfiant : Et pour quelle raison ?

COLUMBO : Oh ! Oh je vais vous aire une confidence : je meurs d'envie de voir un plateau de cinéma. J'ai toujours été fasciné par ce métier.

PHILIP : Le plus beau métier du monde ! Et bien soit, voici l'adresse du studio et son nom. Mais n'allez pas interrompre un tournage. Souvenez-vous : quand il y a la lumière rouge, silence complet !

COLUMBO : Je m'en souviendrais monsieur ! Ah, quand je vais dire à ma femme que je vais aller voir un tournage !

PHILIP, les raccompagne vers la sortie : Je vous souhaite bonne chance messieurs. Et tenez-moi au courant. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour aider la police.

MURTAUGH : Merci bien m'sieur. Passez une bonne journée.

PHILIP : Vous de même !

Il ferme la porte. Silence, musique sombre. Le téléphone sonne .

PHILIP : Allô ?

EDGAR, off : Güten Morgen, Herr Philip.

PHILIP, terrifié : Edgar ?!? Mais que faites-vous ? Et où êtes-vous ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas rendu à la police ?

EDGAR, off : Ne me prenez pas pour un imbécile, Herr Baker. Je sais que vous désirez contrôler les studios Whitfield-Baker plus que tout au monde.

PHILIP : Mais je...

EDGAR, off : Zilenz ! Vos intentions sont plus claires que l'eau du Rhein. Et je suis prêt à vous céder mes parts afin que vous réalisiez votre rêve. Et vous savez combien celà coûte, en Amérique, ce que vous appelez le Dream

PHILIP, après réflexion : Que voulez-vous au juste ?

EDGAR, off : Moi ? Ach, pas grand chose, nein. Je vous laisse l'entière propriété des studios, tout vous appartient. Je ne désire que trente millions de dollars en échange.

PHILIP, estomaqué : TRENTE MILLIONS ? Mais enfin vous délirez ! Où pourrais-je trouver une somme pareille ? Ma tante n'en possédait sûrement pas la moitié ! Vous êtes cinglé, Edgar !

EDGAR, off : Ja ja... Je reste pour l'instant en position de faiblesse. Mais à votre place, je prierai.

PHILIP : Et je prierai pour quoi, je vous prie ?

EDGAR, off : Je prierai pour que l'arme qui manque à votre collection ne soit pas un calibre 42...

Il raccroche. Une musique retentit.

INTERIEUR JOUR, sur un plateau de tournage

Un homme se râcle la gorge.

HOMME : Silence ? Moteur ?

CAMERAMAN : Ca tourne !

CLAPMAN : Le franchissement du rubycon, scène 14, première !

Il clappe.

HOMME : Action !

VANESSA : Oh mon Dieu, si vous n'aviez pas été là, je serais morte de froid sous la pluie !

MARCO : Venez près du feu, yé vais vous réchauffer

VANESSA : Oh là là venez voir, je suis toute mouillée !

MARCO : C'est certainement la pluie...

VANESSA : Ahh !

Bruit de succion. Puis on entend un chien aboyer au loin.

MARCO, coitus interruptus : Ah ! Parce que je dois aussi faire avec le chien ?

VANESSA, interloquée : Ah non, j'ai pas de chien, hi hi !

Le chien re-wouffe.

COLUMBO, de loin : Veux-tu venir ici ? Le chien ! Viens ici !

HOMME : Coupez !

Bruits de protestation.

BENITO, descend de sa chaise de réalisateur : Ma c'est oune scandale ! On détruit ma vision artistique ! Marco c'est un peu trop statique, un pi trop figé, ti dois montrer ton corps...

PETE : Hep vous là bas ! Vous ne pouvez pas entrer dans le studio !

COLUMBO : Non mais je sais, mais c'est le chien, il a reniflé vos friands à la saucisse ! Méchant, le chien !

PETE : Et que...

COLUMBO, sort son insigne : Lieutenant Columbo, de la brigade criminelle. Vous connaissez un certain... Pète dans le lit ?

PETE : Pete Denly. C'est moi.

COLUMBO : Oh ! Enchanté de faire votre connaissance... Alors c'est ça un plateau de cinéma ! Qu'est-ce que c'est grand ! Et vous tournez un péplum c'est ça ? Le Rubycon, ah ! Toute ma jeunesse passée à ignorer les cours d'Histoire ! J'étais plus intéressé par les maths...

PETE : Ce n'est pas exactement un péplum, lieutenant.

COLUMBO : Ah ? Ah ben pourtant avec tous ces figurants torse nu...

PETE : En ces temps de crise, les studios Whitfield tournent un peu ce qu'ils peuvent. Que me vaut cette visite, lieutenant ?

COLUMBO : Eh bien je suppose que vous avez été mis au courant de la mort de Mme Whitfield...

PETE : Ce matin même. Pauvre femme. Si elle savait ce que ses studios sont en train de devenir...

COLUMBO : Comment ça ?

PETE, soupire : Lieutenant Columbo... Croyez-vous que Mme Whitfield serait devenue presque milliardaire en ne produisant que des films comme “Le franchissement du Rubycon” ? Elle a tourné avec les plus grands. Cary Grant, Clark Gable, John Wayne, Christophe Lambert...

COLUMBO : Oooohhhh !

PETE : Il semblerait que le récent change... mais enfin je ne suis pas là pour me plaindre, nous faisons un beau métier !

COLUMBO : J'en suis certain. Dites-moi, avez-vous emprunté une arme chez Monsieur Philip Baker récemment ?

PETE : Hmmm c'est possible. J'ai tellement l'habitude de me servir chez lui d'accessoires divers...

COLUMBO : Auriez-vous par hasard utilisé une arme de calibre 42 ?

PETE : Je ne peux pas vous dire, Lieutenant. Ce sont des armes non chargées, et je n'y connais pas grand-chose. Mais j'y pense, j'ai pris une espèce de colt pour notre prochain western, “Les grottes de la squaw”. Je l'ai mise dans le coffre...

Il ouvre un petit coffre de bois.

PETE : Ah ben ça par exemple... Elle était encore là hier soir !

COLUMBO : Vous êtes sûr ?

PETE : L'actrice l'aura probablement pris pour faire des essais.

COLUMBO : Hier soir, hein ? Eh bien je vous remercie beaucoup, m'sieur. N'hésitez pas à m'appeler dès que vous avez retrouvé l'arme.

PETE : Désolé de ne pas avoir pu vous aider, Lieutenant...

Wouf !

COLUMBO : Hein ? Ah non, tu n'auras pas de friand à la saucisse ! Laisse-les à ces messieurs qui travaillent, hein !


INTERIEUR JOUR, bureau de la police

Les officiers sont en train de prendre leur déjeuner. Une porte claque, c'est Columbo qui entre.

COLUMBO : Vous avez trouvé quelque chose, Sergent ?

MURTAUGH : Putain de merde, Columbo ! Mais où vous étiez passé ?

COLUMBO : J'ai fait ma petite enquête. On dirait qu'il n'y a pas qu'Edgar qui ait disparu. Et vous, vous avez avancé dans vos recherches ?

MURTAUGH : A votre avis ? Ca fait 37 ans que je bosse ici, jour et nuit. Je recherche un majordome de 60 ans dont le signalement a été plaqué partout dans cette ville, alors qu'est-ce que vous croyez que j'ai fait ? ... Je suis resté ici à boire du café et bouffer des beignets, putain de merde ! J'ai pas l'intention de crever à trois jours de la retraite !

COLUMBO : De toutes façons il finira bien par se montrer.

MURTAUGH : Vous croyez que c'est lui le coupable ?

COLUMBO : Eh, d'après la vidéo c'est lui... Mais il y a quelque chose qui ne tourne pas rond... Je sens que je vais pas en dormir de la nuit.

OFFICIER, entre dans la pièce : Euh Sergent, y'a le médecin légiste qui a trouvé quelque chose.

CORONER : Ouais Columbo, y'a une entourloupe. J'ai vérifié la trajectoire de la balle, OK ? Et bien c'est comme si Edgar avait tiré du premier étage !

COLUMBO : Il a peut-être tenu l'arme de façon inclinée ?

CORONER : C'est bien possible, on ne le voit que de dos sur le film. Mais attendez, il y a mieux. J'ai revu le film encore et encore, et figurez-vous qu'une heure avant, il avait déjà tiré sur elle !

COLUMBO : Comment ça ?

CORONER : Une balle à blanc. Je le sais parce que ça ne fait pas le même bruit. Et puis on la voit se relever, et repartir.

MURTAUGH : Comme si on voulait mettre le meurtre en scène ? C'est peut-être un trquenard ?

CORONER : Ou un jeu stupide ?

COLUMBO : Ou bien Edgar est deux fois le meurtrier... ou bien pas du tout.

Musique et fondu au noir.

 

INTERIEUR SOIR - un bar à tendance germanique


Ambiance choucroute et fête de la bière. Un téléphone sonne, le barman décroche.

BARMAN : Allô ? Auberche de la Bafière ? Ya ? Nein. Nein. Nein nous n'avons pas une telle...

EDGAR, surgit au comptoir, visiblement exténué : Ach, laissez, c'est pour moi. Allô ?

PHILIP, de chez lui : Edgar ? Je ne pensais pas arriver à vous joindre.

EDGAR : Vous avez l'argent ?

PHILIP : Trente millions de dollars. En grosses coupures non marquées et non suivies. Dans une malette. Rendez-vous à deux heures pile, au 87 Denton Road. Premier étage. Je vous y attendrai.

EDGAR : Je vois que vous êtes devenu raisonnable, mon cher Philip. Je vais pouvoir retourner en Europe, et donner de grands concerts comme le faisait feu mon grand-père.

PHILIP : Je suis sûr que vous allez faire un carton.


INTERIEUR NUIT - Un entrepôt postal

Edgar ouvre la porte de l'entrepôt où d'énormes machines à empaqueter ronronnent. Il monte un petit escalier en fer, dans la pénombre.

EDGAR : Ach... Il y a quelqu'un ? Philip ?

Il continue son acsension.

EDGAR : Philip ! Ne faites pas l'enfant ! Où sont mes sous ?

PHILIP, off, de l'autre côté de la pièce : Dans ton cul !

EDGAR : Was ?

PHILIP : Tu croyais pouvoir me berner, vieux rat d'égoût bavarois ? Tu veux voyager à mes frais ? Eh bien tu vas être servi !

EDGAR : Mein Gott ?

PHILIP : Que penses-tu d'un petit voyage en colis, Edgar ? Poste restante, Tombouctou, Afrique !

Il tire une manette, un énorme bras robotique descend sur Edgar.

EDGAR : Ach !!!! AAAAAACHHHH !

Il commence à être empaqueté vivant.

EDGAR : AAAAAAAAAAAAAA !

Fondu au noir.


INTERIEUR JOUR - Entrepôt

Il y a là quelques personnes, principalement de la police, et beaucoup de passants. Edgar, à moitié mort, se repose contre un mur.

MURTAUGH : Putain de merde !

COLUMBO : Et on l'a trouvé comme ça ?

MURTAUGH : Une minute de plus et il était empaqueté comme un cadeau de Noel !

COLUMBO, condescendant : Tenez, prenez ça, c'est du thé au citron.

EDGAR, voix faible : Ja ja... Merci...

COLUMBO : Pour l'instant vous restez aux arrêts, mais j'aurai beaucoup de questions à vous poser. En attendant, buvez ça.

OFFICIER : Inspecteur, voilà les deux personnes qui l'ont trouvé.

COLUMBO : Merci, Andrew. Vous travaillez ici messieurs ?

PERCEVAL : Ben oui. Enfin, pas ici. On travaille au tri, à côté.

MURTAUGH : Et qu'est-ce que deux blancs-becs comme vous faisaient à côté de l'empaqueteuse à deux heures du matin ?

KARADOC : C'était ma collation de deux heures. Je venais chercher un fromage de brebis d'Aquitaine, affiné à 18 mois, 9 mois de chaque côté, température entre 18 et 22. Y'a qu'ici qu'on peut le faire !

PERCEVAL : C'est là qu'on l'a vu. Alors on a arrêté la machine !

KADAROC : Un peu plus et il écrasait mon jambon de pays !

COLUMBO : Jambon de pays ?

KARADOC : Du jambon corse. Y'a deux ans de travail dessus. Je l'ai fumé avec l'encreuse d'enveloppes et je l'ai tatoué à la colleuse de timbres. Il allait me le bousiller, ce gros connard !

PERCEVAL : Alors on a tout arrêté, et c'est là qu'on a vu l'autre.

COLUMBO : L'autre ?

PERCEVAL : Ouais, y'avait un vieux.

MURTAUGH : Un vieux ?

PERCEVAL : Ou alors c'était une vieille ? En tous cas c'est sûr d'un truc, y courait.

COLUMBO : Un vieux, une vieille, faut vous mettre d'accord...

PERCEVAL : Je sais plus, mais ce qui compte, c'est les cheveux.

MURTAUGH : Les cheveux ?

PERCEVAL : Ouais. Il avait les cheveux gris. Presque blanc. Mais je préfère dire gris, parce qu'entre gris et blanc, y'a orange, et c'était pas ça.

COLUMBO : Vous voulez dire que vous avez vu quelqu'un s'enfuir en courant après que vous ayiez arrêté la machine ?

KARADOC : Puisqu'on n'arrête pas de vous le dire !

PERCEVAL : Un vieux ! Qui courait ! Il est parti par là !

COLUMBO : Par le vestibule ?

PERCEVAL, gêné : C'est pas faux !

COLUMBO : Vous avez donc vu un individu se dérober subrepticement ?

PERCEVAL : ...C'est pas faux !

MURTAUGH : Après avoir attenté à la vie de ce monsieur qui a failli passer de vie à trépas ?

PERCEVAL, commence à blêmir : Ouais c'est pas faux !

EDGAR, faible : Nein. Il n'y avait personne. C'était un accident.

COLUMBO : Un accident ?

EDGAR : Ja. Je suis resté caché ici depuis deux jours. J'ai fait un faux mouvement.

KARADOC, véhément : C'est faux ! Je suis venu hier bouffer de la brioche, je vous ai pas vu !

COLUMBO : Cet homme aurait-il pu rester camouflé à l'insu de votre plein gré?

PERCEVAL, de moins en mois à l'aise : Euh... ben... c'est pas faux ?

MURTAUGH : M'est tout avis que vous êtes de mèche avec ce sanguinaire géronticide !

PERCEVAL : Ouais c'est pas faux !

KARADOC : On est la mèche d'une orange sanguine fongicide !

PERCEVAL : On en a gros !!!

MURTAUGH : Vous vous rendez compte que vous acquiescez être ses complices ?

PERCEVAL, déglutit : Je... je connais pas ce mot là.

MURTAUGH, tape contre le mur : Putain de merde !

COLUMBO : Une petite seconde... Quand on l'a arrêté, avait-il l'arme du crime avec lui ?

OFFICIER : Non lieutenant, il était désarmé.

COLUMBO, pour lui-même : C'est désarmant... Si seulement elle avait pu nous dire d'où provenait cette balle trouvée dans le mur, sans trace d'impact...

EDGAR, faiblement : Ach... Si vous promettez de m'écouter, je peux vous indiquer où j'ai caché l'arme du crime. Emmenez-moi au croisement de Melrose Place et de Choronzon Avenue.

 

EXTERIEUR JOUR - Un grand carrefour désertique

La voiture de Columbo s'arrête à un carrefour où il y a un peu de passage mais aucune voiture arrêtée.

COLUMBO : C'est ici ?

EDGAR : Ja ja.

MURTAUGH : Mais qu'est-ce qu'on fout ici, putain de merde ? Y'a pas un chat !

EDGAR : L'arme est juste là, entre ces pierres.

COLUMBO : Le rocher, là ? Sergent, venez avec lui. Je suis impatient de voir son calibre.

MURTAUGH : Pardon ?

COLUMBO : Le calibre de l'arme !

MUR : AH ! (Entre ses dents) Putain de merde !

Murtaugh se met à déplacer un petit amas de pierres.

COLUMBO : Vous trouvez quelque chose Sergent ?

MURTAUGH : Pas un pet de lapin !

EDGAR : C'est impossible ! Je l'avais laissée là ! Laissez moi voir !

MURTAUGH, le met en joue promptement : T'approche pas de ce rocher, sale boche, ou je te renvoie chez Adolf en putain de paquet cadeau !

COLUMBO : Sergent, je crois qu'il vaut mieux le laisser faire. Tenez-le en joue, vous ne risquerez rien. Garçon, retirez-lui ses menottes !

Le jeune officier libère Edgar de ses entraves.

MURTAUGH : Un seul faux mouvement, et je t'explose ta face d'aryen supérieur !

EDGAR : Ja ja... Ach... Je crois que je la vois...

Il soulève une grosse pierre. Au même moment, un coup de feu retentit et Murtaugh s'écroule, le dos tâché de sang.

MURTAUGH : Ahhhhh ! Putain de merde !

COLUMBO : Sergent ! Sergent ?!

Devant l'affolement général, Edgar prend ses jambes à son cou.

MUR : Ahhhhh ! Je vais crever, bordel ! Arrrrghhhhh ! Columbo ! Columbo ! Putain de merde ! Columbo, dites à ma femme que... que... EUARGHHHHH !

Il agonise. Fondu au noir.


EXTERIEUR JOUR - Carrefour désertique

Il y a beaucoup de monde autour du cadavre de Murtaugh, les voitures de police arrivent toutes sirènes dehors, quelques équipes de télévision viennent tourner leur reportage.

PRESENTATRICE hispaniqu : Ici Miranda De La Cruz De La Hoya Cardinal. Un inspecteur de police a été sauvagement abattu d'une balle dans le dos ce matin tandis qu'il enquêtait sur le meurtre de la célèbre rombière Inga Whitfield...

Columbo est assis sur le restant des rochers, il se tient la tête, l'air abattu.

OFFICIER : Ca va lieutentant ?

COLUMBO : Ca va je crois. J'ai un de ces maux de tête ! Ma femme m'a mis une aspirine d'avance dans ma boite à gants, vous voulez bien...

OFFICIER : Tout de suite !

Une femme noire, d'environ 55 ans, arrive en larmes vers Columbo, accompagnée par deux policiers.

FEMME, en pleurs : Ah ! Lieutenant ! Pourquoi ? Pourquoi mon mari ? C'était un homme si bon, si gentil ! Pourquoi ?

COLUMBO, très peiné : Je ne peux pas vous apporter grande aide, madame, mais soyez sûre que nous attraperons l'assassin ! Ca, je peux vous le promettre.

FEMME : Ahhh ! Il n'a pas souffert au moins ?

COLUMBO : Je crains que si madame, mais il a été très digne. Ses derniers mots ont été pour vous.

FEMME, un peu rassurée : Vraiment ?

COLUMBO : Avant de partir, il a tenu à vous dire, euh... euh... "EUARRRRRRGHHHHHHH"...

La femme s'en va en hurlant de chagrin.

OFFICIER : Voilà votre aspirine, Lieutenant. Avez-vous des nouvelles d'Edgar ?

COLUMBO : Absolument aucune. Il nous a filé entre les pattes. Si ça se trouve il est retourné en Allemagne à l'heure qu'il est.

OFFICIER : Ca en ferait un Edgar de l'Est !

S'ensuit un long silence.

COLUMBO : T'en es fier de ta blague ?

OFFICIER : Oh ca va, je la prépare depuis le début du film.

COLUMBO : En tous cas, on revient au point de départ. Pas d'arme du crime, notre assassin présumé en cavale... Il ne me reste qu'à retourner chez ce bon vieux monsieur Baker.


INTERIEUR JOUR - Salon de Philip Baker

PHILIP : Et... vous me ferez aussi un shampooing aux oeufs. C'est bon pour les folicules.

VALET : Et pour Peter et Steven, monsieur ?

PHILIP : Peter et Steven ? Ces deux critiques qui n'ont pas supporté nos effets spéciaux pourris dans notre dernière production ? Ecoutez Gustave, si vous voulez leur faire parvenir un cadeau, une ponction lombaire serait appropriée !

Ils rient tous les deux de manière très forcée. La porte s'entrebaille.

COLUMBO : Monsieur Baker ?

PHILIP : Tiens ? Lieutenant Columbo ! Alors, où en est votre enquête sur la mort de ma chère et défunte tante ?

COLUMBO : Oh, ça avance, ça avance monsieur. Ca avance bien.

PHILIP : Eh bien vous m'en voyez ravi.

COLUMBO : Oh, au fait, merci encore de m'avoir introduit dans le milieu du cinéma. C'est un monde fascinant !

PHILIP : Oui, on a l'habitude d'introduire facilement dans ce milieu.

COLUMBO : L'envers du décor, c'est magnifique. Vous saviez qu'on payait même un pauvre garçon pour agiter un clap devant la caméra ?

PHILIP : C'est une partie essentielle du métier. Croyez-le ou pas cher Columbo, mais il y a encore des gougniaffiers qui pensent pouvoir s'en passer.

COLUMBO : Oh vraiment ? Mais dites-moi, qu'est-ce que ça peut bien apporter, d'avoir deux pauvres bouts de bois qui font tap tap l'un contre l'autre ?

PHILIP : La désynchronisation. Sans clap, Lieutenant, l'image ne colle plus au son. Et vous avez alors l'impression qu'il ya du... (sa voix se flétrit) playback.

COLUMBO : Oh ! Ah ben ça alors, vous m'en direz tant ! Ma femme connaît bien ça, elle regarde Michel Drucker tous les dimanches ! Pas croyable qu'en 1972, il fête déjà ses 35 ans de carrière !

PHILIP, un peu énervé : Ecoutez Columbo... Je suis un homme d'affaires extrêmement pressé, et je n'ai malheureusement pas tout mon temps à vous consacrer. Si vous voulez bien me laisser...

COLUMBO : Oh ! Oh je suis vraiment navré monsieur, je ne vous importunerai plus !

PHILIP : Merci bien ! Mais à l'occasion, n'hésitez pas à me solliciter. Je serais ravi d'aider la police.

COLUMBO : Merci bien m'sieur.

Il fait mine de partir mais se ravise.

COLUMBO : Oh, m'sieur ! Une dernière petite chose qui me tracasse, oh c'est sans importance... Où étiez-vous la nuit dernière vers deux heures du matin ?

PHILIP : La nuit dernière ? Voyons... J'étais... suis-je bête ! J'étais en train de signer un contrat avec mon vieil ami, l'acteur William Shatner.

COLUMBO : William Shatner ? ...Le jeune premier qui joue avec les martiens ?!

PHILIP, rit : Hum hum, oui celui-là même. Nous étions dans un bar. Et nous avons bu toute la nuit.

COLUMBO : Eh bien je vous remercie... Oh, je ne voudrais pas abuser... Vous auriez son numéro ? C'est pour confirmer. Non pas que je ne croie pas votre histoire, bien évidemment, mais vous connaissez la police, de la paperasse, tout en trois exemplaires...

PHILIP : Gustave va vous donner son numéro. Bonne nuit Inspecteur.

Fondu au noir.


INTERIEUR JOUR - Patio d'une grande maison au bord de la plage

SHATNER : Si j'étais avec lui ? Mais évidemment Inspecteur !

COLUMBO : ..... Hein ? Ah ! Excusez-moi, mais j'étais ailleurs. Si ma femme me voyait, assis dans le salon d'un grand acteur !

SHATNER : Ah ah, vous êtes flatteur Columbo ! Mais ne vous laissez pas troubler par ma magnificence. Vous reprendrez bien un brandy ?

COLUMBO : Merci mais j'ai la tête qui commence à tourner... Oh, et puis après tout, j'ai fait assez d'heures pour passer en hors-service !

SHATNER : Mais pourquoi vous enqué.. enqué.. de... demander cela, inspecteur ?

COLUMBO : Oh pour rien, je vérifie seulement l'emploi du temps de mes principaux suspects.

SHATNER : Suspect ? Diantre, mais j'ignorais que Philip puisse être suspect en quoi que ce soit !

COLUMBO : Oh il n'est pas vraiment suspect, mais comme il est proche parent de la victime...

SHATNER : De la victime ? Damned, mais de quoi parlez-vous Columbo ?

COLUMBO : Comment, vous n'êtes pas au courant ? Madame Inga Whitfield. Elle a été attaquée.

SHATNER : Attaquée ? Mais par qui ?

COLUMBO : ...Oh !! Mais je croyais que vous le saviez ! Madame Whitfield a été assassinée par un assassin qui l'a assassinée !

SHATNER : Morbleu ! La pauvre femme !

COLUMBO : Attendez... Vous voulez dire que ce sujet n'est pas arrivé sur la table pendant votre conversation avec Philip Baker ?

SHATNER : Eh bien foutredieu non. Laissez-moi réfléchir, sur la table, nous avons eu du parmesan, du sel, du fromage, un peu de pain brioch...

COLUMBO : Vous n'avez pas du tout parlé de Madame Whitfield avec lui ?

SHATNER : Sacrebeu non ! Mais enfin pourquoi faites-vous cette tête ? Vous ne me croyez pas ? Ne pensez-vous pas que je sois digne de foi ?

COLUMBO : Oh je suis navré, vous savez j'ai toujours pensé qu'un acteur savait mentir mieux que les autres, alors...

SATNER : Eh bien je ne vous mens pas, hier soir j'étais avec monsieur Baker au Acapulco Bar, aussi sûr que deux fois sept font... (il se trouble) 45.

COLUMBO : Pardon ?

SHATNER : 45. C'était le numéro de notre table au Acapulco Bar. Voyez, je me souviens même de ça !

COLUMBO : Eh bien je vous remercie ! Ah... euh... je pourrais avoir un autographe ? C'est pour ma femme !

Shatner lui signe un autographe.

COLUMBO, s'en va : Merci bien m'sieur !

Il referme la porte. Shatner se dirige vers un téléphone à cadran et compose un numéro.

SHATNER : Allô, Philip ? C'est Bill. L'inspecteur est venu m'interroger.

PHILIP, off : Bien. Tu lui as bien répété tout ce que nous avons dit ?

SHATNER : Oui. Et pourtant, j'ai l'impression qu'il ne m'a pas cru. Bizarre, j'ai pourtant parlé avec un maximum de conviction !

 

EXTERIEUR JOUR - Un carrefour passant

Columbo gare sa voiture près d'un petit restaurant chinois typique. Son chien, pardon, Le Chien aboie.

COLUMBO : Bon écoute, tu restes là d'accord ? Sinon je vais me fâcher !

Il se dirige vers l'arrière du restaurant, ouvre une lourde porte de fer. A l'intérieur, c'est une véritable volière.

CHINOIS : Qu'est-ce que tu veux tao ?

COLUMBO, obligé de crier : Bonjour ! Je cherche à savoir qui a occupé la table 45 hier soir ?

CHINOIS : 45 ?

COLUMBO : Oui, QUARANTE CINQ !

CHINOIS : 200 !

COLUMBO : Non, pas 200, 45 !

CHINOIS : 200 dollars !

COLUMBO : DEUX CENT DOLLARS ? Eh ben ils savent presser, les citrons !

CHINOIS : Deux cent dollars !

COLUMBO : Tenez, les voilà, vos satanés dollars ! Alors ?

CHINOIS : Table 45 ?

COLUMBO, exaspéré : Oui ! 45 !

CHINOIS : Chez nous, pas table 45 ! Hi hi hi !

COLUMBO, décontenancé : Hein ? Ah mais...

Le Chien a réussi à se faufiler à côté de lui et aboie.

COLUMBO : Mais veux-tu venir ici toi ? Tu veux pas que je redonne 200 dollars pour t'éviter la casserole non plus ?

Fondu au noir.

 

INTERIEUR SOIR - Commissariat

Columbo est à son bureau, l'air morne.

RAYMOND : Bonsoir Inspecteur, ça va ?

COLUMBO : Pas trop bien Raymond, pas trop bien...

RAYMOND : Toujours sur l'affaire Whitfield ?

COLUMBO : Y'a un truc que j'arrive pas à trouver... J'en dors plus la nuit, le jour je tape des siestes et le capitaine commence à voir ça d'un mauvais oeil.

RAYMOND : Pourtant le mauvais oeil, c'est plutôt vous qui l'avez.... .... Désolé, j'ai gaffé.

COLUMBO : Si seulement on trouvait cette arme... Et encore, est-ce que c'est bien l'arme qu'on recherche...

RAYMOND : Ah au fait, y'a votre femme qui a appelé. Elle veut que vous passiez chez Mario faire des courses.

COLUMBO : Oh, d'accord d'accord... (Il attrape un téléphone). Allô chérie ? Oui, je sais. Non, je ne vais pas le revoir ce monsieur Shatner. Tu le trouves vraiment plus beau gosse que moi, dis ? Hm ? C'est ça. Oui oui, je note. Den...ti...frice... Stérilet... pour ta mère... Lessive... Oh non, je la prends en liquide. Je t'ai toujours dit, c'était moins efficace la lessive en p....oudre. (Il se tait, réfléchit). En poudre... Je te rappelle ! Oui oui, bisous !

 

EXTERIEUR NUIT - Perron de chez Philip Baker

Une porte s'ouvre, Baker est curieusement habillé en jogging, s'apprêtant à partir.

PHILIP : Encore vous Columbo ? Mais ça devient une obsession ! Que venez-vous faire ici ?

COLUMBO : Ah, je suis désolé monsieur... Mais je cherchais ce jeune homme, Pete. Il a apporté un élément essentiel dans l'enquête et...

PHILIP, très exaspéré : Dites plutôt que vous voulez revoir des starlettes de près !

COLUMBO : Vous pourriez me dire dans quel studio il tourne actuellement ?

PHILIP : Eh bien je pense que feu ma tante l'avait engagé pour superviser notre prochaine superproduction. Vous vous souvenez du docteur Vance ?

COLUMBO : Oh, le scientifique qui travaillait sur des théories compliquées ? Ca a mal tourné pour lui non ?

PHILIP : Oui, et bien il a une fille de 21 ans, Ella. Un joli petit lot si vous voulez mon avis. Je l'ai embauchée pour notre nouveau gros budget, tournage sur cinq jours, décors naturels ; un film historique intitulé “Les douze travaux d'Hercule et Ella Vance”.

COLUMBO : Oh !

PHILIP : Maintenant si vous voulez bien m'excuser...

COLUMBO : Oh une dernière chose, c'est curieux qu'un homme de votre rang sorte ainsi à la tombée de la nuit, en jogging !

PHILIP : C'est précisément pour faire un sport qui porte exactement le même nom ! Bonne nuit, COLUMBO !!!

Il s'en va clopin clopant.

COLUMBO : Bonne nuit m'sieur !!!

 

INTERIEUR NUIT - Plateau de tournage

HOMME : Attention tout le monde ! Silence plateau ! “Hercule et ça me fait du bien”, scène 12, deuxième prise !

BENITO : Ce coup-ci Arturo je veux que ti ai di feu dans ton regard, il faut que la passion elle passe par li corps, ti es beau, ti es un dieu grec, ti faire l'amour à li caméra !

HOMME (clap) : Action !

Deux acteurs nus arrivent l'un vers l'autre.

HENRI : Arthur ! Tu es mon seul ami ! Tu as toujours été à mes côtés ! Comment te remercier ?

ARTHUR : C'est tout naturel Henri.

HENRI : Tu ne voudrais pas que notre amitié soit plus forte, plus DURE, Arthur ?

ARTHUR : Oh oui Henri.

A ce moment Le Chien aboie.

ARTHUR : Mais la scène de la chien-party, on ne la tourne quqe demain !

HOMME : Coupez !

Le plateau proteste.

BENITO : Ma cette fois c'en est trop !!! Ma qui êtes vous ? Un diablo ?

COLUMBO : Ah, excusez-moi ! C'est le chien, quand il a senti vos saucissons fourrés aux herbes fraîches, il a commencé à grimper sur la jambe du jeune homme !

ARTHUR: Y'a pas de mal !

BENITO : Ma fouté moi lé camp ! Il me massacre ma vision artistique !!!! Bon Arthur c'était bien mais tu n'étais pas assez dedans. Enfin pas dedans y faut attendre un peu mais...

PETE : Eh bien Columbo, vous savez mettre les pieds dans le plat !

COLUMBO : Oui, ben tant qu'on en reste aux pieds... Vous n'avez pas retrouvé l'arme dont je vous parlais récemment ?

PETE : Eh bien justement, figurez-vous que j'allais vous appeler. Je l'ai retrouvée il y a moins d'une heure. Elle était là où nous l'avons cherchée, coincée sous un coussin.

COLUMBO : Faites voir... Oh. Ce n'est pas un calibre 42. (Se gratte la tête) Toute mon enquête repart à zéro.

PETE : C'est bizarre... Vous êtes sûr qu'elle ne va pas vous servir ?

COLUMBO : Ah certain m'sieur, de toutes façons vous allez sûrement me dire qu'elle n'a servi qu'à tirer à blanc !

PETE : Justement, c'est ce qui me tracasse. D'habitude les armes à blanc laissent une poudre par terre.

COLUMBO : J'ai cru comprendre...

PETE : Et il devrait y en avoir aussi dans le canon. Or regardez.

COLUMBO : Pas une trace de poudre...

PETE : Et des rayures qui prouvent que l'arme a servi récemment. Je vous jure qu'aucun de mes techniciens n'a...

COLUMBO : Ne vous inquiétez pas, mon garçon. S'il y a de la poudre, je crois savoir où elle se trouve.

PETE : Chez Britney Spears !

COLUMBO : Impossible, elle n'est pas encore née. Mais dites-moi, l'autre jour vous me parliez de vos regrets concernant le studio...

PETE, sanglotant : Oh, et puis à quoi bon ? Tout est foutu de toutes façons ! Le studio part en couilles depuis quelques jours. D'abord, on a retiré trente millions de dollars des fonds de pension.

COLUMBO : Trente millions ?

PETE : Et puis vous avez vu les films qu'on tourne ? Du grand n'importe quoi depuis que Môssieur Philip a repris en main les studios !

COLUMBO : Mais... Depuis quand ? Madame Whitfield n'a été tuée qu'avant-hier !

PETE : Mais pour une production à gros budget comme Hercule, c'était planifié bien avant. Môssieur Philip est notre nouveau patron depuis quatre jours !

Fondu au noir.

 

INTERIEUR NUIT - Salon de Mme Whitfield

OFFICIER : Je ne comprends toujours pas pourquoi on est là ?

COLUMBO : Du calme, officier Bryton, vous allez comprendre très vite !

OFFICIER : Vous n'avez pas peur ?

COLUMBO : N'ayez aucune crainte. Au cas où ma théorie serait fausse, je porte aussi un gilet pare-balles.

OFFICIER, après un moment : Et s'il tire dans la tête ?

COLUMBO : Ah putain de merde, j'avais pas pensé à ça...

Une porte s'ouvre.

COLUMBO : Shhhht !!!

C'est Philip dont on devine la silhouette. Il s'avance prudemment vers le mur où la balle a été trouvée, s'agenouille, frotte le mur. Le clic de l'interrupteur vient l'interrompre, d'où le nom.

PHILIP, hurle d'effroi et de surprise avec une grand conviction : Ah !

COLUMBO : Bonjour monsieur Baker !

PHILIP : Columbo ! Vous... vous êtes seul ?

COLUMBO : Aucune patrouille n'a voulu m'accompagner. Ils pensent tous que mes théories sont farfelues. Mais je sais tout.

PHILIP : Ah oui ? Et de quel droit avez-vous pénétré la demeure d'une défunte ?

COLUMBO : Pour la même raison que vous, Monsieur Baker. Je cherche la poudre qui correspond à la balle trouvée dans le mur.

PHILIP : Mais c'est RIDICULE !

COLUMBO : Je vais vous faire une fleur.

Il lui lance un pistolet, Baker l'attrape au vol.

COLUMBO : C'est l'arme avec laquelle vous avez abbatu votre tante, Madame Whitfield.

PHILIP, rit comme un méchant : Ah ah ah ah ! C'est totalement insipide, Columbo ! Et du reste, vous n'avez pas l'ombre d'une preuve !

COLUMBO : Oh, je pourrais vous faire fouiller pour trouver sur vous la poudre que vous vouliez déposer dans la cavité du mur, afin que mes collègues de la police scientifique ne reviennent sur leur rapport, et faire passer la balle pour une vraie. Une balle qui vaudrait trente millions de dollars à ce qu'on m'a dit.

PHILIP, après un instant de réflexion : Vous savez, Columbo, je n'ai pas touché le moindre centime de ces trente millions dont vous parlez. Mais comme je suis en train de devenir un nabab dans le milieu très fermé des grandes fresques historiques audiovisuelles, je ne préfère pas courir le moindre risque. Adieu, Columbo.

Il enclenche la gâchette et tire. Columbo ne bronche pas.

PHILIP : Mais par quel prodige ?!?

Il tire plusieurs fois, sans succès. Columbo n'a pas une égratignure.

COLUMBO, froid : Vous auriez dû vérifier le canon avant de tirer, cher monsieur Baker. Il faut toujours vérifier son canon avant de tirer. Mais vous ne m'avez fourni que la moitié de la solution. Andrew ? Vous avez enregistré le son ?

OFFICIER : Tout à fait monsieur.

COLUMBO : Bien. Veuillez mettre ce monsieur dans la pièce à côté.

PHILIP, se débat : Mais c'est un scandale ! Je MMMMHHHH ....

On l'enferme dans le vestibule.

OFFICIER : Et maintenant ? (enthousiaste)...on peut le coffrer pour tentative de meurtre sur fonctionnaire de police !

COLUMBO : Il me reste un petit détail qui me chagrine. Retirez-vous, je vous prie...

Dans la pénombre, une fenêtre est ouverte de l'extérieur, avec moults grincements. Edgar passe par la fenêtre, haletant.

COLUMBO : Haut les mains !

EDGAR : Mein Gott ! Columbo ! Mais que faisez-vous ici ?

COLUMBO : Je pourrais vous rétorquer la même question... Mais comme j'ai déjà toutes les réponses, je préfère en venir aux faits.

Columbo enclenche la gâchette d'un pistolet et le pointe sur Edgar, en lui montrant bien en évidence.

EDGAR : Allons, lieutenant... Ce n'est pas très protokolaire de pointer son arme sur un innocent.

COLUMBO : Vous n'êtes pas plus innocent que cette arme est la mienne, et vous le savez.

EDGAR, condescendant: Allons... Nous pouvons discuter calmement, entre hommes !

COLUMBO : Je vais tirer dans la cuisse pour que ça ne soit pas trop grave.

EDGAR, confiant, s'approche de l'arme : Vous ne le ferez jamais, et si vous me LAISSEZ PRENDRE CETTE...

Columbo tire. Edgar tombe à terre et hurle.

EDGAR : AAAAAAAAAchhhhhh ! Mein Gott ! Mein Gott ! Cette fois c'est pour de bon !

OFFICIER, qui sort du vestibule : Mais qu'avez-vous fait, Columbo ?

COLUMBO : Du calme, officier. Vous avez entendu la détonation ? Cela provient de l'arme qui a servi à tuer Madame Whitfield. On l'a retrouvée dans la collection privée de Monsieur Baker.

PHILIP, du vestibule : C'est un MENSONGE ! Vous périrez en enfer pour ça !

OFFICIER : Mais ce n'est pas un calibre 42 ! Pourquoi avoir enfiché une balle de calibre 42 dans le mur ?

COLUMBO : Le meurtrier avait dû préparer son coup. Il s'est entraîné et aura sûrement dérapé, laissant une balle s'encastrer dans le mur. A moins que ce ne soit une mise en scène, et que le vrai coupable n'ait mis cette balle à blanc dans le mur pour brouiller les pistes.

EDGAR, sanglotant : Mein Gott !

COLUMBO : Le vrai meurtre pouvait ensuite être exécuté sans problèmes. Il suffisait d'utiliser un convertisseur de calibre.

PHILIP : Bon Dieu, Columbo... Comment avez-vous fait ?

COLUMBO : Mais attendez, ce n'est pas tout. Le son qui provient de la bande qui a filmé le meurtre est un son naturel, qui ne correspond pas du tout à celui provenant d'un convertisseur de calibre.

SECOND OFFICIER : Euh m'sieur Columbo, on a trouvé les fils !

PHILIP : Les FILS ?

COLUMBO : Eh oui.... Voyez, votre ami Pete m'a montré des tas de choses fascinantes concernant le monde du cinéma. Et il était tellement triste de ne pas avoir retrouvé l'arme du crime, qu'il a passé la journée à me montrer plein d'autres petites astuces. Oh, c'est vraiment extraordnaire ! Il m'a montré cet engin, le switch-trigger.

(Tout le monde ) : LE SWITCH TRIGGER ?

COLUMBO : Oui ! Il tire une balle à blanc, mais en même temps il envoie un signal qui déclenche un magnétophone. Du coup, on entend un autre bruit que celui du plateau. Enfin je veux dire, le son naturel.

ANDREW : Et les fils étaient connectés à la caméra de surveillance

COLUMBO : C'est ça qui me trottait dans la tête. Edgar a tiré à blanc, mais il n'a entendu que le son d'une balle à blanc. Un son qu'il connaissait bien. Parce qu'il en a déjà tiré, y compris dans le salon, où l'on retrouve une balle dans le mur. Mais il sait que le calibre est un calibre spécial, utilisé seulement par monsieur Philip Baker. Ce qu'il ignore, c'est que que Mr Baker est derrière lui, au balcon, et qu'il tue Mme Whitfield avec un vrai pistolet, de calibre 22. Edgar voulait faire accuser Philip Baker à sa place. Et lorsqu'il tire, sur la vidéo c'est le bruit d'un vrai pistolet que l'on entend. Parce qu'il l'a tiré en playback.

EDGAR : Et comment avez-vous compris que c'était un coup monté ?

PHILIP, très sarcastique : Parce que j'ai toujours été meilleur que vous en playback, Edgar !

COLUMBO : Messieurs, je vous arrête tous les deux !

PHILIP : Quoi ?

EDGAR : Hein ?

OFFICIER : Mais qui est le vrai coupable alors ?

COLUMBO : Les deux... Philip voulait prendre le contrôle des studios Whitfield-Baker. Il voulait faire accuser Edgar grâce à la vidéo, mais a été un peu vite en besogne en prenant le commandement des studios deux jours avant la mort d'Inga.

PHILIP : Et Edgar?

COLUMBO : Edgar était désespéré de voir que les studios qui allaient lui appartenir étaient tombés aussi bas. Leur dernière production s'intitulait : “Décale-toi sur la droite, ça colle un peu”. Il a préféré sacrifier sa généreuse donatrice et faire accuser Philip pour lui enlever toute influence négative. Mais quand il a vu que le piège ne marchait pas, il a préféré tenter de s'exiler en Europe.

PHILIP : Peuah ! Avec son super sens du playback, il tiendrait pas deux ans !

EDGAR : Où il est ? Où il est ?! Que je lui fasse ravaler ça !

PHILIP : Mais ouaiiiiiis, t'as toujours été un nullard ! Tu saurais pas jouer au clair de la lune avec un doigt !

EDGAR : Philip ! Je sais où tu te caches ! Viens par là que je te bute, enculé !

PHILIP : Ta gueuuuuuuule ! Enculé !

COLUMBO : Eh oui messieurs... Un simple fil branché sur la caméra de surveillance, une balle à laquelle il manquait de la poudre, deux meutres pour un seul corps... Comme quoi parfois, la vie ne tient qu'à un fil !

Musique et fondu au noir.

FIN (fon)

 

Merci aux sites www.universal-soundbank.com et Columbomania pour l'aide sonore.

 

 

Oh, ça va. Ne me regardez pas avec ces yeux-là. Je sais ce que vous pensez. "Toutes ces conneries juste pour ça ?". Laissez-moi d'abord vous dire que question conneries, "c'est pas moi qu'a commencé". Ensuite, il me semblait important de faire rire en introduction, vu ce que la suite donnerait plutôt envie de pleurer. Alors oui, ça va encore gueuler ; et oui, c'est encore tombé sur Tangerine Dream - et non, ce n'est probablement pas la dernière fois. Mais c'est la plus importante, celle qui a fait déborder le vase. On rappelle brièvement les faits : Tangerine Dream (un de mes groupes préférés de tous les temps, histoire de dissiper les doutes), est un groupe qui s'est en partie fait connaître grâce à ses albums live spectaculaires, et qui paradoxalement n'a jamais eu de grande vidéographie. Entre 1975 et 2006, seulement 4 "vrais" DVD sont sortis : un épouvantable "live" de 1975 que même les fans acharnés détestent, un live de 1992 génial mais durant moins de 25 minutes de concert et à l'image affreuse, une compil de clips de 1996 que rien que d'y penser j'ai les sinus en feu, et un live de 2002, beau mais particulier et sur lequel plânaient déjà des soupçons de simuling. Et voilà que depuis 2007, ils en sortent trois par an ! Louche, non ?
Astoria 2007 était pourtant attendu au tournant : après avoir réalisé un album entièrement chanté (leur premier, n'en déplaise aux puristes), ils allaient le défendre sur scène, avec un set chanté et un set de "classiques". C'était à en baver. Enfin l'occasion de voir défendus sur scène ces chefs-d'oeuvres de la pop (le mot n'est je crois pas galvaudé) que sont One Hour of Madness et A Dream of Death, deux bijoux écrits par... Thorsten Quaeschning. Le line-up était rêvé : Froese, la petite Iris, la grande Linda, Thorsten aux claviers et Bernhard Beibl à la guitare, et l'excellentissime chanteur Christian Hausl. Trois beaux mecs (quatre ? ^^), deux belles filles, des synthés partout, du didjeridoo, de la gratte, un public anglais, une belle salle, et plein de bonnes chansons : la soirée s'annonçait délectable. Et en plus pour les culs serrés qui ne supportent pas le chant, il y avait une seconde partie. Et komm je sui un mové ékrivin, on va commencer par la seconde. Si si, impératif.
Comme pour se faire "pardonner" d'avoir joué des chansons, Tangerine Dream livre un second set relativement axé ambiant. Pas Phaedra ou Rubycon, mais plutôt ce qu'ils ont sorti de plus "minimaliste" ou hypnotique dans les années 80 à 2000 : donc traitements très synthétiques, et ambiances plus axées sur les percussions que sur les nappes. Un set comme d'habitude non-stop, avec deux sessions de rappel. Assez similaire au Tempodrom alors ? Plutôt oui, y compris au niveau du traitement du son : il y a beaucoup de séquences, Edgar continue de jouer un peu n'importe quoi (mais pas tout le temps), les vrais instruments sont noyés mais la guitare est bien en direct, et Thorsten se démène pour y mettre le maximum d'implication (ce petit gars est l'âme de TD depuis cinq ans, le vrai héritier de Schmoelling et Haslinger). Bernhard refait le coup du Tempodrom en jouant tout le temps mais parfois sur des parties très discrètes ; quant à notre père Edgar à la guitare, son jeu ressemble énormément à David Gilmour, et pas que physiquement !

Une seconde partie assez classique donc, atmosphérique aussi... mais c'est TD malgré tout, vous ne vous attendiez pas à deux heures de new age en continu : ils ont placé stratégiquement deux titres ultra-mélodiques, le toujours aussi populaire Logos et le très beau Girl on the Stairs (or whatever, étant connu sous plusieurs titres). Frissons garantis. Ils terminent même avec un somptueux La Libération, pièce semi-symphonique au final grandiloquent qui met tout le monde d'accord (une pièce écrite par... Thorsten. CQFD). Et puis pour dire au revoir, un petit House of the Rising Sun, moins bon qu'au Tempodrom puisqu'il manque un guitariste, mais qui reste enivrant... et difficile de ne pas chanter du Johnny Hallyday par-dessus ! Une moitié de concert relativement bonne donc, avec du classique et du plus obscur mais jamais lassant. Suffisant pour l'achat, non, surtout que c'est désormais loin d'être le seul live de TD disponible, m'enfin malgré les défauts on a passé un bon moment. Be kind, rewind : première partie, avec chanteur.

Et de se demander de qui exactement Tangerine Dream a voulu se foutre de la gueule.

Edgar arrive seul avec son harmonica. En direct, l'harmonica. Et c'est toujours sympathique comme intro. Puis le groupe arrive, entame Astrophel and Stella, et là le drame commence. Le chanteur est parfait. Les sons merveilleusement bien reproduits, même la boîte à rythme. La guitare itou. On dirait le CD tellement c'est beau. Et pour cause : C'EST LE CD. N'allez pas me prétendre le contraire ou je vais m'énerver sec. Pendant toute la première partie, ils ont foutu le CD tel quel, avec juste quelques fade-outs pour faire des transitions pourraves. J'appelle ça du playback. Et avant que les insultes ne pleuvent, je me fous et contrefous complètement qu'ils aient vraiment joué (et chanté) ou pas ce soir-là (ça m'étonnerait d'ailleurs) : on est sur un site de DVD musicaux, on a payé le DVD 25 euros et des brouettes, on le met dans le lecteur, c'est en putain de playback, point. Playback complet, pas un atome de vrai son. Christian arrive à donner le change avec un playback absolument impeccable (avec prompteur mais quand même), Bernhard s'en tire déjà un peu moins bien, Iris comme d'habitude tape partout pour rien, et le pire, notre pauvre Edgar qui continue de tapoter ses touches n'importe comment, en complet dépit du bon sens, et arrivant même à se ridiculiser sur un solo de guitare copieusement bâclé. Une honte.
Ou alors... ou alors c'est moi qui ai tout faux. Et dans ce cas je ne vois qu'une solution : ce sont des super-héros. Oui, c'est cela, ce sont des mutants aux pouvoirs parapsychiques. Iris joue deux fois plus de notes qu'elle ne prétend parce qu'elle joue aussi aux pieds, avec les jambes bioniques de Super Jaimie et la batterie customisée du batteur de Def Leppard. Bernhard est un réplicant de classe Shadowchaser Alpha programmé pour rejouer ses solos au millimètre près, avec option rembobinage et double-speed. Linda a de si beaux yeux qu'elle s'en sert pour pénétrer l'inconscient du spectateur et lui faire croire qu'elle joue par hypnotisme. Christian chante ses propres choeurs sur One Hour of Madness car c'est un humanoïde génétiquement modifié, seul au monde capable de chanter deux notes différentes avec une seule gorge. Thorsten est un Borg qui a assimilé Christian pour imiter sa voix à la perfection, et quand il se met à la batterie sur A Dream of Death il lance ses baguettes à la vitesse du son sur les touches de clavier pour jouer les nappes en même temps. C'est Legolas qui lui a fourni le carquois de baguettes. Enfin on avait tout faux, Edgar n'est pas en playback car il ne tape pas réellement sur un clavier de synthétiseur : il tapote directement des codes SysEx à la vitesse de la lumière pour générer des enveloppes sonores en temps réel. C'est l'unique explication plausible. Toute autre tentative, à coups d'arguments du style "c'est un effet de montage", "normal qu'il y ait quelques séquenceurs" et autres "c'est filmé pendant les répétitions" se soldera par le même résultat : ce live n'en est pas un, c'est un simulacre sur lequel on a greffé l'album studio, c'est là une occasion magnifiquement ratée de défendre bec et ongles l'un de leurs meilleurs albums, et l'achat plein pot d'une telle infâmie change le Rêve Mandarine en Crimson Nightmare.

Autant dire que toute sympa qu'elle soit, la seconde partie est salement salie ((c) AC/DC) par cette première heure qui tient de l'escroquerie. Du coup, le speech de fin laisse un goût amer dans la bouche : applaudir Christian Hausl ? Pourquoi ? Pour sa magnifique voix dans ce génial album qu'est Madcap, oui ; mais pour mimer ses propres paroles avec un CD qui passe derrière ? Même Eve Angeli sait le faire (enfin à peu près). Même la technique n'arrivera pas à faire passer la pilule. Le 5.1 est de nouveau peu spatialisé, il y a surtout de la double stéréo sur certains claviers, et on entend derrière les percusions live (...de la seconde partie, vous l'aurez compris). Pas encore un vrai surround, mais agréable cependant. L'image est bien plus discutable, avec ces couleurs baveuses, cette réalisation souvent chaotique avec montage au diapason, et surtout ces ralentis pourris qui en prime surgissent à chaque fois qu'un gros plan intéressant pouvait arriver. Quant à juger si Edgar est bien en direct à la guitare sur la seconde partie, la belle affaire : Dieu que la fumée et les backdrops ont bon dos ! Il est quand même incroyable (...pas tant que ça si on réfléchit) que JAMAIS on n'ait un gros plan, une seule fois en 2h30, sur une main jouant une partie lead ! Pas de bonus, petit livret bien sans plus, que reste-t-il à ce pauvre DVD pour sa défense ??? Rien. Rien du tout. C'est une moitié de concert correcte mais sans génie contrebalancée par une autre moitié qui aurait mérité un joli 0/10 à elle seule. Evidemment, nos chers Allemands n'en sont pas restés là, et à ce jour il nous reste encore QUATRE lives copieux à chroniquer (un cinquième, double, est en route). Nous verrons bien une fois sur place, mais il faut avouer que la sortie de ce "Live" à Astoria n'a fait que ternir la réputation d'un groupe dont on attendait sûrement trop, mais quand même un minimum. Quant à conseiller ce live à ceux qui n'auraient pas encore eu la chance de découvrir Madcap, c'est non. Même si c'est tentant, non. Il est des limites, "Invisibles" ou pas, qu'il ne faut pas franchir.


22-07-2009

20 avril 2007 - Astoria (Londres, Royaume-Uni)


01. Astrophel and Stella
02. Shape my sin
03. The divorce
04. A dream of death
05. Hear the voice
06. Mad song
07. One hour of madness
08. Man
09. Solution to all problems
10. Lake of Pontchartrain
11. Storm seekers
12. Cool Shibuya
13. Hypersphinx
14. Exit
15. Rare bird
16. Logos
17. Lady monk
18. Where dreams are large and airy
19. Ancient voices
20. Girl on the stairs
21. La libération
22. House of the rising sun


Christian Hausl - "Chant"   
   Edgar Froese - "Claviers", "guitare"
Iris Camaa - Percussions   
   Berhard Beibl - Guitare, "guitare"
Linda Spa - Claviers, "flute"   
   Thorsten Quaeschning - Claviers, "claviers", batterie, "chant"