Setlist fantastique acclamée par un public à toute épreuve, interviews

Note globale


Problème d'authenticité et technique très en-dessous des attentes

Editeur : VoicePrint
Durée totale : 4 h 01

Image        PAL

Les fans (9 min 16/9 non st)
Soundcheck (4 min 16/9 non st)
Galerie de photos (9 min 16/9)
Interviews de Jerome, Edgar, Thorsten, Linda, Iris et Zlatko (51 min 16/9 non st)

Rien ne va : les couleurs bavent énormément, les cadrages sont parfois suspects et le montage paresseux, la définition est de la VHS, il y a des halos, de la compression... Un vrai festival. Mais bienheureusement, malgré tout, cela se laisse regarder.

Uniquement du 5.1 qui mélange le très joli et le catastrophique. En stéréo vous aurez des parties mixées très curieusement. Le surround est totalement factice, mais laisse place à un excellent public. Mais surtout, vous avez à de rares moments des bribes de "vrais instruments" par-dessus la bande-son refaite, et ça, c'est pathétique, mais presque.

Exceptionnel. Encore meilleur que le Tempodrom qui avait déjà 10/10. Beaucoup de styles revisités, quelques titres moins connus mais sublimes exhumés, du tube, des remixes, ne manquait que des extraits de chansons et c'était l'extase. Du reste ça l'est déjà.
Très sympathiques, les interviews hélas non sous-titrées ont de quoi plaire aux fans tout en laissant une porte de sortie vers d'autres futures interviews hypothétiques. Le reste est du bonus lambda, mais sympa. Le son eût été meilleur que la note passât à 7.

Quelle est la différence entre le playback et un overdub ?

Ah ça, c'est du début de chronique coco. Là tu vois mon p'tit, il y en a, des oreillles qui vont se dresser. Sûr d'accrocher, voire d'énerver... C'est que le sujet du playback chez Tangerine Dream, c'est chaud bouillant. Ca divise. Chaud ? Certes, mais moins que le public de ce concert anniversaire.

Anniversaire ? Lequel ? Eh bien d'après la jaquette, ce serait le 35ème anniversaire de l'album phare Phaedra. Le concert datant de 2005, et Phaedra de 1974, on ne pourra donc qu'applaudir puisqu'on retombe sur le... 31ème anniversaire ! 31 ! Vous vous rendez compte ? C'est un nombre clef, 31 ! Juré craché, on l'a pas fait exprès. TDream est donc venu fêter ce non-évènement à Londres, plus précisément dans la petite mais cossue salle du Shepherd's Bush Empire, où ils avaient 9 ans plus tôt livré un live succulent. Mais quel TDream ? Car depuis de nombreuses années, le groupe se veut polymorphe. C'est là l'une des bonnes idées : la setlist avance de façon plus ou moins chronologique, et rajoute des musiciens à mesure du concert. Jusqu'à arriver au nombre idéal de six.
Tout commence avec le trio Edgar Froese, son fils Jerome, et le petit nouveau, le bô Thorsten Quaeschning, les trois jouant dos au public comme au bon vieux temps des synthés modulaires. Sauf que les penderies à linge ont été remplacées par des ordinateurs portables et des écrans plats. Le résultat n'est pas tout à fait le même, et le son contemporain aidant, on comprend vite que TD va en cette première partie faire plus du DJing qu'un vrai concert, se rapprochant en cela de leurs compatriotes Kraftwerk. 45 premières minutes à trois donc, qui revisitent en version modernisée (hélas diront certains) quelques-uns des plus grands moments des années 70. Si le spectacle est quasi-nul (on y reviendra), il faut avouer que les enchaînements sont particulièrement malins. Le public tressaille au moindre son reconnu, et lorsque les synthés faussement analogiques laissent place au digitales années 80, la toujours aussi sensuelle Iris Camaa vient se mettre aux percussions. Et là aussi, on reviendra dessus (les percussions).
Les grandes pages sont donc tournées avec bonheur - 2 h 45 de musique presque non stop, le temps de faire venir les deux autres invités : la divine Linda Spa au saxophone, et, surprise, le compère Zlatko Perica à la gratte ! Le retour du metalleux tatoué est salué par des vivas chaleureux, et c'est vrai qu'on tiendrait là le line-up ultime du groupe, voire la setlist parfaite tant certaines revisites sont merveilleuses - Homeless, Melrose, Silver Scale, Poland, que du magnifique. Même certains remixes sont prenants, notamment Thru Metamorphic Rocks encore plus hypnotique que l'original, ou ce séquenceur boîteux sur Phaedra provoquant un malaise génial. En prime on échappe pour une fois aux sempiternels Stratosfear et Street Hawk, et on ne s'en plaindra que du bout des lèvres. On rajoute donc un public très réactif, qui en 5.1 fait des ravages (on y... ouais, reviendra), une scène évolutive, très belle voire par moments aussi hypnotique que la musique, et on serait tenté de tout remballer un sourire aux lèvres. Mais la vie, c'est dur.
Se poseront donc plusieurs problèmes s'enquillant les uns dans les autres comme des voitures dans un tamponnage. et avant tout, cette affaire de playback... ou d'overdubs donc. Il est certain que le groupe se fait énormément aider par les séquenceurs, d'ailleurs si bien programmés et avec tant d'effets de transitions qu'on se demande s'ils ne se font pas plus chier qu'à tout jouer en direct live... Par rapport au DVD du Tempodrom, le sentiment de simulation est beaucoup moins fort, mais la raison en est vite évidente : les cadrages, pendant presque trois heures, évitent très soigneusement de filmer en-dessous des mains ! A part quelques plans très furtifs, difficile d'évaluer le niveau de clavier des Dreameurs, et encore plus de se sentir impliqué, ce qui donne au concert un caractère plus froid qu'on ne le désirerait. Passons maintenant aux "vrais" instruments (sic) au cas par cas : quid de Linda Spa ? Elle semble bien en direct, du reste je ne puis en juger, n'ayant jamais joué de saxophone (lors de mon dernier essai, deux patrouilles de F.F.I. ont débarqué dans la rue). Il est à noter qu'elle intervient sporadiquement, et ne joue que du saxo, ce qui est rare et délectable à la fois. Certes, elle passe à un moment derrière les claviers, mais ça aussi... ben ouais... on y reviendra (vous avez un GPS ?).
Iris est belle ? C'est l'anagramme de t'es risible ! En efffet, la petite puce se démène derrière ses percussions, mais on se doute à la première note qu'elle ne joue pas le quart de ce que l'on entend. Tous ces merveilleux sons de batteries électroniques, changeants, lourds, ne proviennent pas que d'elle, loin de là. Le drame survient juste après le solo de guitare d'Edgar (on y... hem...) : pendant trente secondes, on peut entendre parfaitement ses percussions isolées... et c'est affreux. Son mixage est ridicule, pauvre, lointain et caverneux, à des milliers de lieues des vrais rythmes omniprésents, et le spectateur de se demander si ça valait vraiment le coup qu'elle bouge autant son ravissant popotin pour entendre au final deux cymbales et une bouillie de congas : son dévouement méritait bien meilleur traitement. Zlatko ? Difficile à dire, il joue sur deux sonorités de guitare très distinctes, l'une est très certainement en direct, l'autre pas. Homeless en tous cas l'est, et c'est un régal. Bien plus qu'Edgar Froese dont on se demande s'il joue de la guitare ou du pipeau. Son overdub est plus voyant que celui du dernier live de Toto, c'est dire le massacre. Et quand on l'entend jouer DEUX solos en même temps sans Zlatko à ses côtés, ça vire au comique.
Trop de séquences, pas assez de claviers live, aucun gros plan, écrans de synthés virtuels statiques, overdubs en pagaille, tout cela serait passé comme une lettre à la poste, et pour deux raisons : le retravail est moins gênant que sur Tempodrom, et le concert encore plus mythique, ce qui est déjà un tour de force... s'il n'y avait pas le cas Purple Haze. En guise de rappel, le groupe décide en effet de terminer sur ce qui a fait les beaux jours de l'énormissime live 220 Volt, et leur a même valu une nomination aux Grammy Awards (vous ne rêvez pas) : la reprise du grand classique de Jimi Hendrix. Linda se met derrière les claviers (voilà), Zlatko affûte sa guitare, le spectateur se lèche les babines (d'ailleurs le public du Shepherd devient hystérique), et... que trouve-t-on sur le DVD ? LA PISTE SONORE DE 220 VOLT LIVE !!! Telle quelle !
C'est là que la frontière entre playback et overdub devient mince, chers amis : en admettant que le groupe ait réellement joué ce soir-là, même si le résultat était médiocre, même si c'était la pire prestation de leurs 40 ans de carrière, la toute dernière connerie à faire était bien de balancer un copier-coller d'un live déjà existant ! (et ultra-populaire par-dessus le marché). Une honte, qui manque presque de flanquer tout le concert par terre (et le disque par la fenêtre). Pour achever le ridicule, le mixage permet d'entendre au loin ce que Zlatko joue réellement : son son est ridicule, mais au moins il joue, et sans pains abomifreux notables. Au pire, ils auraient pris la version studio du single Dreamtime, la synchro guitare correspondait mieux ! Les bras m'en tombent, comme disait Jamel : comment après ça voulez-vous défendre Tangerine Dream ? Même au cas où cette connerie (je le répète) ne provînt pas d'eux mais de l'éditeur VoicePrint, le fait qu'ils aient déjà jeté des doutes sur l'authenticité de leurs prestations ne fait que les desservir. A la rigueur, on aurait coupé ce passage qu'on finissait sur un Homeless merveilleux. Et en direct.
Heureusement, nous avons des bonus pour calmer nos nerfs. Les habituelles interviews de fans (très disparates, ce qui fait plaisir), un soundcheck qui permet de mieux comprendre Iris, Linda et Zlatko (côté synthés virtuels, pas un plan sur les mains). Et puis une grande interview des 6 musiciens par une charmante et enjouée journaliste visiblement fan - et qui en profite pour draguer Iris Camaa au bulldozer (d'ailleurs à la fin elles s'embrassent... Ah ah, voyez, je suis mûr pour écrire un épisode de Scrubs !) Jerome quant à lui en profite pour s'ouvrir en grand la porte de sortie hors du groupe. Le plus volubile est évidemment Edgar, qui ressemble de plus en plus à Bernard Kouchner qui aurait volé la perruque à Philippe Gildas, mais on regrettera beaucoup que le petit nouveau, Thorsten, ne maîtrise pas aussi bien la langue de Shekas... Shakspea... Shik... de Tony Banks : non seulement il a l'air extrêmement doué (on s'en apercevra sur l'album Madcap), mais en prime il semble sur le point de livrer de croustillantes révélations sur l'utilisation des séquenceurs en live... avortées. Des interviews un peu bordéliques et au son trop mauvais pour échapper à un très solide niveau en anglais, mais intéressantes, variées et qu'on aimerait voire réitérées un de ces jours.

C'est surtout la technique même du DVD qui fera office de repoussoir pour ceux qui sont prêts à tout pardonner. L'image avant tout : elle n'est pas hideuse, mais furieusement décevante. Decevante sur deux niveaux : parce qu'elle est souvent moche, avec des couleurs baveuses type alien et de gros pâtés de lumières brûlées, mais aussi parce que certains plans sont très beaux. Belle scène attractive, compression ma foi au-dessus du panier, mais trop de gerberies, sans compter le premier set miné par des filtres bleus et, ne l'oubions pas, cette fâcheuse tendance à filmer tout sauf les mains. Le son, c'est différent. Il n'est qu'en 5.1, ce qui est une grosse tare. Mais un 5.1 vivant, avec le public extrêmement chaleureux et le son réellement enveloppant. Une grosse et belle surprise ? Eh bien... le son est parfois indistinct, parfois pris de baisses de volume, les spatialisations sont très belles et précises mais souvent vont et viennent, la définition des instruments a tendance à baver et certains synthés ne sont pas isolés pareil selon les parties... Cela ne vous rappelle rien ? Si, cette piste 5.1 ressemble furieusement à du Dolby Prologic. Donc très agréable mais absolument pas le 5.1 tel qu'un immense groupe comme Tangerine Dream est en passe d'apporter. Le tout en passant pudiquement sur le mélange direct / overdubs qui est un cas d'école en matière de catastrophisme.

Sublimement agencé mais un poil froid, plein d'invités prestigieux mais à l'authenticité parfois douteuse, fédérateur et mythique mais techniquement arriéré, ce concert vaut la peine d'être acquis, bien qu'il soit plus plombé qu'un pigeon aux petits pois. Mais attendez, ce n'est pas fini ! Devant le succès monétaire du DVD Tempodrom, Tangerine Dream a continué de sortir des tonnes de DVD, et quand je dis des tonnes, c'est des tonnes. Manque de pot, votre rédak' chef préféré étant bourré de pognon et n'ayant rien à faire de ses journées, il se les est tous payés, et il va tous se les payer. Se les farcir, même. A moins que... Différences entre les DVDs ? Sursaut d'orgueil ? Connaîtra-t-on vraiment la différence entre le playback et l'overdub, puisque ce Live in London emporte le secret dans sa tombe ? Vous le saurez en lisant le prochain épisode de notre passionnant feuilleton ! Voyez, c'est bien de débuter une chronique par une phrase choc, mais faut toujours la terminer par encore plus fort. Après Tonnerre Mécanique, bientôt Tangerine Dream compositeurs pour Plus Bêle La Vie ?


31-01-2009

11 juin 2005 - Shepherd's Bush Empire (Londres)


01. Intro Ricochet pt 1
02. Phaedra '05
03. Mysterious semblance at the strand of nightmares
04. Rubycon pt 1
05. Force majeure
06. Desert dream
07. Underwater twilight
08. Warsaw in the sun
09. Midnight in Tula
10. Silver scale
11. Logos
12. Chronozon
13. Poland (excerpt)
14. Song of the whale pts 2 & 3 (excerpts)
15. Oriental haze
16. Blue bridge
17. Towards the evening star (Blue gravity mix)
18. Catwalk
19. Melrose
20. Backstreet hero
21. Rising haul in silence
22. Lamb with radar eyes
23. Meta morph magic
24. Talking to Maddox
25. Homeless
26. Purple haze


Edgar Froese, Jerome Froese - Claviers, DJing, guitare   
   Thorsten Quaeschning - Claviers, DJing
Linda Spa - Saxophone, "claviers"   
   Iris Camaa - Batterie, percussions
Zlatko Perica - Guitare