Du mieux un peu partout, bonne ambiance sur scène, excellent final, encore des surprises

Note globale


Image pas du tout à la hauteur, public moyen et étouffé, encore quelques passages plus écoutables que regardables

Editeur : Eastgate
Durée totale : 1 h 54

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Image        PAL

Hein ?

Presque un exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Rien de ce qui pouvait donner en vrai n'est correctement capté. Les fumigènes en particulier feraient passer le DVD d'Alan Parsons pour un Blu-Ray de Planète Terre. En prime la définition chancelle et il reste quelques ralentis Hokuto No Ken.
On s'améliore sur bien des points, notamment le mixage des vrais instruments et les effets surround. Regrettons donc la globalité du son moins brillante que d'habitude, et un public très mal mis en valeur (c'est bien fait pour eux).
Excellente revisite de Rare Bird, Dominion qui arrive comme une cerise sur le gâteau, petite douceur avec Midwinter Night, Stratosfear totalement retravaillé, découverte de Bells of Accra en live, malgré les répétitions et faiblesses ce n'est pas encore aujourd'hui que la Froese Cie va nous décevoir...
Que d'chi.

Et nous y revoilà...

Admettons. Admettons que Tangerine Dream abuse franchement du playback, ce que les précédents DVDs n'ont pas clairement infirmé. Admettons aussi qu'Edgar Froese sorte un DVD live chaque fois qu'il met le nez dehors pour aller acheter du pain, ce que la cohorte des disques suivants confirme. Admettons donc que Tangerine Dream en live ne soit pas du tout, ou ne soit plus, ce que l'on en rêvait. Nous reste sur les bras une pelletée de disques versatiles digitaux dont on ne sait que faire, sinon les prendre comme tels et tenter de voir et comprendre leurs différences. Apres tout, Astoria 2007 était sacrément différent du Tempodrom 2006, pas vrai ? Si, hein ? On vous rappelle les faits ?

Suite à l'enquête de l'inspecteur Columbo (NDBaker : Pour laquelle curieusement je n'ai reçu ni félicitations ni menaces de mort), nous avions donc vu que le concert à Londres était en deux parties : une instrumentale un peu bancale, et une chantée que la décence m'interdit de requalifier dans ces colonnes. Ici, exit le chanteur, adieu la salle, nous revenons sur notre bonne vieille terre de Goethe et en plein air, pour l'inauguration d'un musée. C'est la nuit tombée et sur le perron d'un prestigieux édifice que nous retrouvons nos six rêveurs mandarine. Six ? Oui, Edgar a pour cette occasion rappelé Gerald Gradwohl en renfort, repassant TDream en formation à deux guitaristes. Ce qui laisserait sous-entendre une setlist un peu plus bourrine que d'habitude... Et curieusement, malgré le solennel de l'évènement et un nombre pas si élevé sur le papier de morceaux rock, c'est bien l'impression qu'on en a : je sais pas si c'est de jouer en plein air, mais ils ont chopé la fringale, nos Allemands !
Pourtant, ça part mal. Pas d'applaudissements du public, aucune intro, on démarre immédiatement par White Eagle. Oui, même sous la torture, je me refuse à l'appeler Girl on the Stairs. Le son est bien trop propre, aucune atmosphère, et les premières images sont calamiteuses. Qu'est-ce que c'est ? Une répet ? Un générique ? Un film en rétro-projection ? Non, c'est le début du concert. Un ratage sur toute la ligne. Du coup, on perd presque deux morceaux complets à se mettre dans le bain. Et les scrogneugneus habituels de reprendre leur droit : oui, Edgar continue de jouer un peu n'importe quoi, oui, les musiciens tentent de faire croire que tout vient bien d'eux. Mais perseverare diabolicum, et comme vous le savez, à la redaction on est un peu maso.
C'est donc en regardant l'intégrale du concert que l'on se rend compte des progrès dans chaque domaine. Avant tout, il est extraordinairement plaisant de retrouver une configuration à deux gratteux. Gerald passe un temps considérable à rajouter des cocottes de partout (de jolis petits pains aussi), tandis que Bernhard éclabousse l'assistance de sa grâce fulgurante (assistance si médiocre qu'elle a été mixée en mono). Les deux compères se livrent même à une joute effrénée sur Story of the Brave, un régal... bourrin ! Ensuite, si vous n'aimez pas Linda Spa, abstenez-vous : c'est un vrai festival, le Grand Prix de Spa avec du saxo et de la clarinette partout (et toujours un très joli raidillon ma foi). Ils ont même réussi à l'intégrer à Stratosfear, qui d'ailleurs est devenu un joyeux bordel presque méconnaissable.
La joie de jouer ensemble est donc un peu plus palpable. Mais au fait, que jouent-ils ? Et d'ailleurs, jouent-ils ? C'est là que ce Orange Odyssey se démarque, grâce à un mixage beaucoup plus brut et moins trafiqué que les précédents. Non pas que le sentiment de playback ait disparu, mais des détails nous rassurent. Ainsi, à partir de Cool Shibuya, on ENTEND Iris ! Alors oui cher Ed, le son de ses congas est sale et jure affreusement avec les pads synthétiques par-dessus lesquels elle s'époumonne... mais c'est précisement cela que l'on attendait ! De même pour Linda, dont la flûte sur Song of the Whale est réelle, bien réelle, playback de Fairlight ou pas. Par contre, non, Thorsten, ce n'est pas toi qui joues la séquence, faut pas charrier ! (NDKaworu : Surtout qu'il ne la joue plus dans la seconde partie !). Quant aux guitares, elles sont en complet direct et l'ont toujours été (à part deux douloureux souvenirs).
Et notre Edgar ferait donc toujours n'importe quoi ? On pourrait le croire, mais il y a certains passages qui eux sont bien joués en direct... et très curieusement, ce sont toujours des titres de l'ère Schmoelling ! Notamment ce Dominion que nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé. Ainsi que ce Barbakane, car même avec des bambous sous les ongles je refuse de l'appeler Warsaw in the Sun. Mieux encore, FM7 ne sert plus de décor, Froese l'utilise et change un patch devant nos yeux ! Du coup, même si des parties restent très douteuses (comme disait Goldman, il y a la mélodie mais il y a aussi le rythme), ce petit gain d'authenticité visuelle comme sonore rend le concert très agréable, les 109 minutes passant bien vite. Le début ayant été poussif, on a peur que la fin soit du même tonneau, avec un Purple Haze aux nouveaux arrangements peu avenants, mais Tangerine Dream n'a peur de rien et finit le set sur deux morceaux de Hendrix à la suite (quand je parlais de setlist de bourrins...), avec la meilleure version existante de House of the Rising Sun, Bernhard étant proprement déchaîné (à côté Zlatko Perica était un guitariste de bal tendance Brassens).
Comme de bien entendu, le son est proposé dans une stéréo très correcte, comme on l'a vu plus sale mais plus humaine qu'avant. Le 5.1 est également passé à la vitesse supérieure. Si le son en tant que tel est moins bon (un peu étouffé, public très lointain), la spatialisation est de plus en plus importante. Ce n'est pas encore le surround de rêve auquel on... rêve (d'où le nom), mais il faut dire que nos attentes dans ce domaine sont du niveau Depeche Mode / Porcupine Tree. En tant que 5.1 de live, on est quand même plus proche de l'excellence que de la déception, même si la marge de manoeuvre est encore grande. Précisons que cette spatialisaton renforce un chouïa l'authenticité ci-tôt-citée. Groupe solide, moins de triche, setlist encore excellente, duels de gratte, son surround en progrès, tout va bien alors ?

Non. Tout ne va pas bien. Pour un concert évènement (mais comme on l'a vu sortir les poubelles va devenir un évènement filmé chez eux), l'image est assez catastrophique. En plus d'être globalement laide, elle est en prime insupportable dans sa première heure. Il y a de la fumée partout faisant chuter la définition, les couleurs sont horribles (verdâtres mais pas le vert allemand Derrick habituel, du vert de gris couleur cadavre), les lasers sont très mal captés, certains plans sont limite flous. Comme d'habitude on ne voit presque pas ce que jouent les claviers, comme dans Astoria il y a quelques effets pourraves, mais surtout nos caméramen se prennent pour des frelons en formation de combat (c'est du Cavaillon), courant partout à en donner la gerbe. Et force est de constater qu'après une heure où l'on dirait qu'on a lâché des cabris sur la scène, nos caméramen sont fatigués et le tout devient regardable. Laid, mais regardable. Ce n'est donc pas encore la panacée, mais enfin vous avez une réponse à la question : "pourquoi Baker s'acharne-t-il sur ce pauvre groupe". Parce qu'on est passés de 8 à 6 puis à 3, et voilà qu'on remonte à 7 ! Les fanboys en seront désespérés, les vrais curieux enchantés : oui, nous continuerons la grande aventure TDream bientôt, "une nuit dans l'espace". Et quoi de mieux pour citer le grand capitaine James T. Kirk : "Mais... qui sait ce que l'avenir nous réserve ?"


16-04-2010

1 juillet 2007 - Paul Wunderlich Museum (Eberswalde, Allemagne)


01. Girl on the stairs
02. Storm seekers
03. Cool Shibuya
04. Rare bird
05. Warsaw in the sun
06. Hypersphinx
07. Midwinter night
08. Mothers of rain
09. Lady Monk
10. Song of the whale part I
11. Living in a fountain pen
12. Russian soul
13. Logos
14. Streethawk
15. Story of the brave
16. Midnight trail
17. Dominion
18. Stratosfear
19. Bells of Accra
20. Purple haze
21. House of the rising sun


Edgar Froese, Thorsten Quaeschning - Claviers   
   Linda Spa - Flute, saxophone
Bernhard Beibl - Guitare   
   Gerald Gradwohl - Guitare, basse (de la vraie ? dans TDream ?...)
Iris Camaa - Percussion, V-Drums