Best-of live épatant, un immense medley plein de bonne humeur, les mélodies intemporelles, la beauté et la fougue d'Iris, deux guitaristes qui se la pètent comme il faut, super reprise d'Hendrix... |
Note globale
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Playback complet et pas glorieux des synthés (de TOUS les synthés), mixage particulièrement sujet à caution |
Editeur
: Eastgate Music
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Durée
totale : 2 h 44
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- Image PAL |
Préparation de la salle (6 min) |
Un très joli 16/9 avec piqué, couleurs et réalisation particulièrement soyeux. On ne reviendra pas sur les problèmes de synchro, vaut mieux profiter du spectacle. | ||
La stéréo est simplement parfaite, nonobstant ce fichu public qui applaudit dix fois pendant les trois heures, et encore, ils restent assis et ça s'entend. Le 5.1 est enveloppant mais n'a hélas pas la spatialisation qu'il mérite. Et un point de moins pour le choix du mixage final qui donne l'impression de playback même où il n'y en a pas. | ||
Deux heures quarante non-stop (impressionnant) bourrées jusqu'à plus soif de mélodies hyper-sensuelles avec plein de punch, de rythmes incessants, de programmations intéressantes et de parties de guitare entre funky et flamenco. Miam miam. Seule ombre au tableau : ou est passé leur plus gros tube, Beach Scene ? | ||
La préparation du concert. Sympa (Edgar et Thorsten qui tapent un boeuf avec l'harmonica), absolument pas transcendant... On aurait préféré les deux titres de rappel absents ici, mais y avait-il encore la place ? |
Entre ici Tangerine Dream, avec ton cortège de synthés... Non. C'est l'histoire d'un groupe. Mais normal le groupe, hein. Blanc. Et puis le groupe, il est plutôt non non... Ben non. Voyez, on est ce qu'on est. Peu d'entre nous, même pas particulièrement beaux, seraient prêts à changer de visage. Et même si nous exprimons des idées, il est toujours pénible de le faire à travers les mots d'autrui. Car que ce soit sur papier, dans le miroir, ou pour le cas présent dans le téléviseur, rien n'est plus désagréable que d'assister à la défiguration d'un effort. Plus pragmatiquement, imaginez-vous jouant une symphonie devant une caméra. Le disque sort, c'est bien vous à l'ecran, mais c'est une autre symphonie que l'on entend. Malsaine impression. Et ce même si tout le monde autour de vous trouve le résultat formidable : votre petite voix intérieure criera à la supercherie. Les gens qui la verront ne seront pas majoritaires. Ca non. Mais ils seront les seuls à vous comprendre. |
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Tangerine
Dream a fêté ses 40 ans d'existence en septembre 2006. Ce
qui semble un peu cavalier puisque leur premier album date de 1970, mais
qui malgré tout est réel et confirmé par Edgar Froese,
leader fondateur driver Führer et j'en passe du groupe. Un grand
concert de presque trois heures fût donné pour l'occasion
au célèbre Tempodrom de Berlin (déjà culte
depuis la trilogie de Cure), avec une belle brochette de musiciens (sept
au total) et un panel de titres entre vieilleries et nouveautés.
Le concert débute d'ailleurs par un (à l'époque)
titre inédit, et l'entrée en scène d'Edgar Froese
est des plus savoureuses : seul avec son petit harmonica, il rappelle
aux fans le si célèbre album Stratosfear dont les problèmes
de production eurent raison des nerfs de chacun, y compris un pauvre Nick
Mason invité pour l'occasion. Et à partir de là,
Tangerine Dream nous emmène en voyage.
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Pour offrir au public un panel représentatif de leurs possibilités, c'est en effet à un instrumental de deux heures et demie sans interruption que nous convient les Germains. Dit comme ça, c'est effrayant, mais ne laissez pas des chiffres vous tourner la tête, l'excellence de la musique est là pour ça. Car cet immense medley est une brillante et incontestable réussite. On regrettera bien sûr l'absence de titres mythiques, notamment des années 70, mais Tangerine Dream, plus encore qu'AC/DC ou Placebo, a habitué ses fans à resservir quinze fois le même morceau à une variante près ; donc au travers de titres qui sembleront nébuleux au non-connaisseur, vous découvrirez en réalité, à l'insu de votre plein gré et en grosse quantité, la plupart des grands moments musicaux de ce groupe flamboyant, rythmés, évocateurs, et on ne peut plus mélodiques. | |
En
prime, l'apparat est croquignolet. L'image en 16/9 est très classieuse,
colorée, avec un joli piqué Betacam comme on n'en fait plus
(NDBaker : Mesdames les chaînes
de télé, votre passage aux caméras numériques
est la plus grosse connerie depuis l'invention de la pub)..
Le son 5.1 est un peu décevant car quitte à faire dans le
pur factice, Froese et son nouveau protégé Thorsten Quaeschning
auraient pu spatialiser beaucoup plus. Reconnaissons cependant aux pistes
sonores une belle chaleur, et la présence souvent discrète
mais bien définie du public (un public d'ailleurs nul et amorphe
comme une colonie d'éponges sous-marines migratrices... où
est passé le public du Shepherd's Bush Empire ?). Le concert est
parsemé d'images de synthèse un peu kitsch, dans la grande
tradition
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Mais le point fort du concert, c'est bien la musique en elle-même, assurée par des musiciens souriants et tres doués, comme les deux guitaristes qui sont omniprésents et ont une classe folle, ou encore l'adorable Iris Camaa, jolie souris percussioniste qui sourit comme un ange pendant TOUT le concert sans aucune relâche, et se démène comme une gamine sportive de haut niveau ; son enthousiasme fait vraiment plaisir à voir. Et pour les vieux fans, il y a toujours la divine Linda Spa, son costume impeccable, ses cheveux de déesse et son phrasé de saxophone si sensuel que c'en est indécent. | |
Sept
musiciens donc. Pour un résultat sur disque digital mitigé.
Car se repose ici le problème de l'identité et du respect
de la personnalité. Tout au long du concert, les plus aguerris
d'entre vous auront effectivement la sale impression que tout ce beau
monde est en playback. Pour les guitares, le fait qu'on n'entende pas
toujours leur jeu rythmique est compréhensible, et puis le père
Gerald Gradwo(h)ol nous fait quelques bends un peu tendancieux sur la
fin. Mais il y a d'autres plans qui franchement ne passent pas : on ne
peut pas croire que ce soit un violon qui joue la mélodie cajoleuse
de Force Majeure avec le même son que sur disque ; on ne pourra
pas gober que Linda Spa obtient avec une simple flûte LE son culte
de Fairlight du si beau Song of the Whale. Quant aux percussions d'Iris,
elles sont parfois risibles. Et pourtant... Si vous tendez bien l'oreille...
Vous entendrez à votre grande surprise que tout ce beau monde joue
réellement !
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TD a donc fait le choix extrêmement discutable de privilégier au mixage final tous les synthés et les boîtes à rythme, laissant le son des instruments naturels en retrait. Imaginez donc la tête de notre pauvre violoniste qui à la place de son crin-crin, pour lequel il a tant travaillé, entend très distinctement le son unique d'un Oberheim ! Leurs performances n'ont rien à se reprocher, elles sont là et bien là, mais en voulant les perfectionner, Edgar et Thorsten n'ont fait que les affaiblir. Le mieux est l'ennemi du bien ! Et puis vous avez les trois claviers. Et là, pas de quartier ! Eux sont en playback, un vrai, un pur jus, et 100% mauvais ! En plan large comme en gros plan, il n'y a pas une main, pas un doigt qui corresponde à ce qu'on entend. Thorsten fait même croire qu'il joue des séquences, ça frise la moquerie. Certains ont avancé que les gros plans étaient filmés pendant les répétitions, d'où "légère désynchro" (verbatim) ; je réponds : foutaises ! S'ils ont eu la possibilité de se faire filmer deux fois pour la même partition, et que rien ne colle, c'est qu'ils ont abusé du playback honteusement et sans vergogne, point. Du reste, tout le spectacle a été séquencé à l'avance, et ils ne le cachent pas, Native Instruments peut même être content de voir son logiciel FM7 filmé sous toutes les coutures (années 80 powaaa). | |
Un grand nombre d'entre vous risque cependant de ne pas se rendre compte de ces problèmes d'authenticité, et c'est la raison de cette note haute accrochée en haut de la page, car passant outre ce souci vous avez tout de même droit à un merveilleux spectacle, beau, rempli à craquer de mélodies délicieuses, et c'est l'occasion rêvée de constater que Tangerine Dream n'est pas un groupe de papys barbus faisant de la new age avec des synthés antédilluviens qui font "aouinnn" pendant des plombes. La meilleure preuve, c'est ce final où ils rendent, pour la seconde fois, hommage à Jimi Hendrix en reprenant House of the Rising Sun dans une version qui décape franchement. L'accord final, et qui clôt le concert, est même complètement foiré, mais on leur pardonne volontiers car la raison en est simple : après deux heures trente cinq de musique non-stop, les musiciens, et particulièrement Gerald et Iris, avaient tout simplement envie de continuer à jouer. Ca tombe bien, on aurait accepté de les écouter aussi. Quel plus beau compliment pourrais-je faire à un DVD pareil ? Ah, vivement les DVD triple couche de six heures et l'entrée dans le monde du rock des médecins du Tour de France !
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21 septembre 2006 - Tempodrom (Berlin, Allemagne) |
01.
Astrophel and Stella |
Edgar
Froese - Claviers,
harmonica, programmation, DJing
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Jerome Froese - Claviers, programmation, DJing |
Thorsten
Quaeschning -
Claviers, batterie
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Linda Spa - Saxophone, flute, claviers, didjeridoo |
Iris
Camaa - Batterie, percussions, bonne humeur
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Gerald Gradwohl - Guitare |
Bernhard
Beibl - Guitare, violon
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