Hubert en tera-forme, setlist spéciale classiques qui fera la jouissance des vieux fans, parti-pris rock bruitiste intéressant et qui fout le feu au public

Note globale


Image scandaleusement mélancolique, DVD bare-bones que plus tu meurs mais sans arrêt cardiaque, quelques versions moins bonnes que prévu, invités... z'ont cassé un carreau ?

Editeur : Sony / BMG
Durée totale : 1 h 54

(PCM)

Image        PAL

Livret avec photos et paroles (édition limitée seulement)
Absolument rien d'autre...

Une seule couleur durant tout le show, beaucoup d'ombres, de flashes aveuglants, d'effets djeunz pourris, de noirs fourmillants. Mais malgré tous ces nombreux défauts, il faut avouer que ça se laisse regarder sans laisser échapper des scrogneugneu bas de gamme à tout bout de champ.
La voix est superbement claire, la guitare lourde, mais on regrettera des claviers et surtout une batterie mixés en arrière, retirant un peu du côté massif du son. Le manque de 5.1 est d'autant plus rageant que le public est un des points forts.
Une setlist qui emmènera au 7ème ciel les vieux fans (je n'en suis pas, mais sincèrement la qualité de la setlist crève les yeux). En plus parfaitement complémentaire avec le génial DVD précédent. Parfait ? Non. Où sont passées les 4 autres chansons ?
Cette édition collector propose un livret avec photos granuleuses et paroles. L'autre édition propose votre cul sur la commode, avec poussière incluse pour garder une trace de votre passage.

On a eu très peur pour Thiéfaine. Très très peur. D'abord, monsieur ne trouve rien de mieux à faire que tomber gravement malade, ce qui de la part d'un chanteur Français est particulièrement grossier. Ensuite, monsieur est récupéré par, tenez-vous bien, la nouvelle scène de la chanson française. C'est à dire que Mickey 3D, Cali, Benabar, Sanseverino, Raphael, Tryo et autres Vincent Delerm se mettent à en dire du bien. Et là, nous autres de se prendre la tête à deux mains et de pleurer tout notre saoul (oui, on parle bien de Thiéfaine alors) : pendant des années, des générations même, Hubert-Felix est très copieusement ignoré par la totalité des instances musicales de ce pays, et pour une fois qu'il reçoit des éloges, elles viennent de CA. Ca ! Mais ça, quoi !!! Qu'une telle frange de la musique tricolore crie son admiration pour Thiéfaine, c'est comme si Yolande Moreau déclarait en public son amour pour Nicole Kidman, comme si Zidane trouvait Albert Jacquard formidable, comme si Luc Besson reprenait en main l'héritage de John Ford. Il est des soutiens malsains qui vous prennent à la gorge.
Mais il y a autre chose qui commence à devenir inquiétant, c'est l'influence croissante des hommes politiques sur les auteurs de jaquettes. Prenez celle-ci : elle nous annonce un son "Dolby 5.1 stéréo". Déjà en soi, c'est comique. Mais il y a plus grave : elle réussit le pari de nous dire deux mensonges en trois mots ! Il n'y a pas de Dolby, mais un PCM. Et donc il n'y a pas de 5.1 non plus. Franchement, pour un live de 2007, Français en plus, c'est pas bézef. En matière de DVD musicaux, on a une réputation à tenir, merde ! Mais bon, c'est la tournée "du retour", enfin les médias ne le boudent plus totalement, contentons-nous du disque tel qu'on nous le donne. Pardon, le vend.
D'autant plus que ceux, nombreux j'espère, qui n'ont pas attendu Cali pour découvrir HFT et ont déjà acheté le premier live à Bercy seront comblés. Bercy était une joyeuse fête anniversaire célébrant notamment son dernier "double album" aux sonorités très pop-rock et aux mélodies entraînantes et travaillées. C'était excellent mais beaucoup d'anciens fans avaient regretté une setlist très "américaine", manquant beaucoup des grands classiques des années 78/88 (la "période Mairet"). Qu'ils se rassurent, le concert présent ici aurait pu être quasiment donné en 1988, nonobstant les titres tirés du tout dernier album et plus marqués "Nouvelle Chanson Française". On en profitera au passage pour noter que l'édition collector n'apporte qu'un seul bonus, mais un sympathique : un livret avec photos et paroles de toutes les chansons jouées ce soir-là. Occasion du larron Peu Joie pour se rendre compte qu'il manque quatre chansons sur le DVD. C'est une tradition, chez Thiéfaine, de laisser quatre/cinq chansons au tapis ? D'autant que, pour rester dans la Mairet connection, on perd au passage le magnifique Autoroutes jeudi d'Automne (ainsi que la Banlieue descendant sur la Ville, qui aurait aéré le concert). On perd le 5.1, on perd les bonus, on perd quatre chansons, bref ça partait mal pour le Perd Thiéfaine. Evidemment, on avait oublié le principal : lui.
Pour un "chanteur Français de plus de 50 ans", vous allez halluciner : oubliez les Cabrel, Schmoll, Goldman, tous les autres d'ailleurs, au niveau présence scénique, Thiéfaine les lamine tous, les écrabouille, les ratatine. D'une intensité qui jamais ne faille, il chante parfaitement (sauf quand il est abominablement faux exprès), ne se plante jamais dans des textes et scansions à faire passer Léo Ferré pour K-Maro, et se donne à fond avec une énergie qui a de quoi faire bien des envieux. Histoire de se pousser au cul, il a cette fois engagé un groupe restreint mais beaucoup plus rock, voire metal, que d'habitude, et c'est là que les avis vont se partager. Même si vous êtes comme moi un gros bourrin metalleux qui aime le bruit et la fureur, vous risquez de ne pas apprécier certains titres, réarrangés comme si OMD était rejoué par Gojira. L'appréciation variera selon les chansons et les personnes, mais globalement il n'y aura pas unanimité sur tout le concert. Evidemment, cela ne remet pas en cause les musiciens, qui sont bons et carrés, mais qui manquent peut-être de mordant, de rage par rapport au résultat voulu, sans compter que le guitariste est plus bruitiste que mélodiste, ce qui fera la joie des amateurs de rock alternatif et grunge et le désespoir des fans du duo Marzin/Chauvin.
Et le spectacle proposé sera donc plein d'inattendus et de cris, jusqu'à l'apothéose sur un final qui laissera le spectateur circonspect : Hubert aurait pu y être navrant, pathétique, hors-sujet : il y est non seulement éblouissant mais diablement convaincant, réussissant à merveille une ambiance de folie et de souffrance... Sauf que ce final semble du coup presque hors-sujet, et on a au bout du compte l'impression que la machine Thiéfaine pourtant déjà rutilante (les versions d'Alligator 427 et de Les Dingues et les Paumés sont définitives), cette machine déjà plus sanglante que d'habitude, était restée en première tout le long du concert, avec un moteur de Lamborghini ronronnant mais bridé. Le public, lui, s'en fout, et il fait un triomphe à son super-héros tout du long.
La salle du Zénith est assez méconnaissable sur ce DVD, mais il faut avouer que le spectacle en lui-même l'est aussi. HFT a choisi une ambiance très noire, minimaliste, avec des lumières exclusivement bleues, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça ne passe pas formidablement à l'écran, d'autant que sur certaines parties, les cadreurs ET le monteur (c'est un complot) se la pètent djeunz avec flashes, zooms et destructurations picturales aussi pertinentes qu'un arbre à came dans une baignoire. Seule pause colorée : La Fille du Coupeur de Joints. Et c'est le drame. Non seulement ce véritable hymne n'est tout de même pas la meilleure chanson d'Hubert, loin de là, mais en plus elle est braillée à tue-tête par le public qui nous donne une sale impression : celle que HFT n'a écrit qu'une chanson dans sa vie (alors que le même public a pourtant eu ses bons moments pendant le concert).

Impression malheureusement corroborée par la venue d'invités sur scène, et là, votre petit rédacteur chéri de faire un brillant exercice de style en revenant au début de son article, puisque cousin Hub n'a rien trouvé de mieux que nous inviter Tryo et Didier Wampas. J'ai essayé. Vraiment. J'y ai mis toute ma bonne volonté, mais le bordel absolu, les fausses notes, les braiements, ça passe pas. Et ce qui passe encore moins, c'est qu'on a 5 invités sur scène et qu'ils font moins de bruit, qu'ils dégagent moins de chaleur et d'énergie, qu'ils ont à la fois moins de sincérite et moins d'impact que Thiéfaine seul avec sa guitare, son médiator et son public, trois instruments irremplaçables lorsqu'il s'agit de faire de la vraie musique. Et malgré le ton un peu négatif que peut prendre ce texte, eh bien rassurez-vous : notre poète maudit préféré a toujours la trique, peut-être encore plus qu'avant, d'ailleurs son fiston prouve assez brillamment que la relève est déjà assurée le temps d'une partie de batterie à 12/13 ans avec plus de punch et de précision que des grands Faucheurs qui ont quatre fois son âge. Thiéfaine, une dynastie ? Possible. Et malgré tous les efforts de la Nouvelle Cène Française (le dernier soupé avant la mort), le bipède à station verticale continuera de faire de la Musique. Ca fait chier un paquet de cons, mais c'est le but, comme disait Thierry Gilardi. Pardon : c'est le buhuhuhuhuhuuuuuteuh.


27-05-2007

17 novembre 2006 - Le Zénith (Paris)


01. Cabaret Sainte-Lilith
02. When Maurice meets Alice
03. Soleil cherche futur
04. Confessions d'un never been
05. Sweet amanite phalloïde queen
06. Scandale mélancolique
07. Psychanalyse du singe
08. Bipède à station verticale
09. Rock-autopsie
10. Télégramme 2003
11. Première descente aux enfers
12. Lorelei Sébasto Cha
13. Les dingues et les paumés
14. L'étranger dans la glace
15. Mathématiques souterraines
16. Gynécées
17. La fille du coupeur de joints
18. Alligators 427
19. Narcisse 81



Hubert-Félix Thiéfaine - Chant, guitare   
   Yann Péchin - Guitare, pose
Christopher Board - Claviers   
   Arnaud Giroux - Basse
Bruce Cherbit, Lucas 'Vouvou tata' Thiéfaine - Batterie   
   Thierry Caens - Trompette
Tryo, Didier Wampas - Guest staaaaars