Concert bien meilleur que prévu, excellent documentaire

Note globale


Chant un peu en deça des attentes, effets d'image abusifs

Editeur : Universal
Durée totale : 2 h 02

- (PCM)

Image        PAL

"Archives" (17 min)
Année 2006 (31 min)

Hormis les problèmes d'effets, l'image est très agréable, typique à la Française : belle définition, montage sympa, couleurs chaleureuses. Hélas, la réalisation est régulièrement pillonnée par des idées loufoques tentant de tester la résistance de votre tube cathodique et de vos yeux. Beurk plage, mais à l'intérieur des Terre Neuvas, c'est tout de même joli.
Sincèrement, j'ai rien à redire. Ce n'est pas la spatialisation de malade ou la pureté à la Pat Metheny, mais là on parle de Trust, et en tant que tel, c'est parfaitement au niveau : solide, chaud, et au 5.1 qui gonfle le tout aux stéroïdes.
Hmmmmm.... Comment noter ça ? Trop court, trop attendu, l'enquillement de tubes n'a rien de révolutionnaire. Mais ça tabasse la nuque des petits jeunes qui pensent que Linkin Park est le summum de la rebelz attitude. Et les medleys sont réussis. Donc : magnanime.
Archive pour férus de vieilleries larmichouilleuses, docu contemporain pour apprendre plein de choses, le tout sans prétention et avec une solide dose de savoir-faire (...le 2006 évidemment). Rien d'éblouissant mais typiquement le bonus qui se laisse regarder avec plaisir.

On débute en 1977 en tant que pilier d'un groupe dangereux, dans la fureur d'une jeunesse dévastée par le chômage, la bienpensance Giscardienne et l'incapacité d'un pays à se moderniser et comprendre le monde et la révolte sourde de la Génération 13 (disons 12 et demie). On se retrouve trente ans plus tard, errant dans une avenue proprette d'un quartier chic du 17ème, portant l'emblême d'un cercle de poker. Et comment lui en voudrait-on ? Le constat est affligeant : il semblerait bien que Trust n'ait servi à rien. Trente ans plus tard, les problèmes sont toujours les mêmes, mais en pire. Chômedû, drogue, formatage des esprits, omniprésence de partis politiques nombrilistes et carriéristes, triomphe du politiquement correct, rêves vendus en boîte (ou en stade), communautarisme exacerbé, répression et chantage à la peur... Trust aura secoué les fondations de la jeunesse française à la fin des désillusionnées années 70 et, sans demander une révolution et le retour de la Terreur, on aurait à l'époque pensé que la musique eusse pu réussir à changer les mentalités. Dieu qu'on était naïfs. Limite cons. De nos jours, les anciens Trusteurs que nous étions sont tous devenus de proprets pères de famille... et certains ont même versé dans le côté obscur en devenant de ces patrons voyous ou chefs d'assaut marketing qui font désormais office de vrais ennemis du peuple...
D'où la question : Trust a-t-il encore un sens de nos jours ? Maintenant qu'on sait que la musique ne changera jamais rien durablement, à quoi bon continuer de gueuler ? Est-ce vraiment légitime de chanter en 2006 Antisocial ou Préfabriqués, au moment où toutes nos "idoles" sont préfabriquées et effectivement antisociales (vous aimeriez vous farcir Paris Hilton, vous ?)... Est-ce qu'arrêter de gueuler, ce serait ça, la chose à ne pas faire ? ...Ou bien la chose à faire tout en sachant qu'on est surveillés, casés, segment-de-famillés ? ...A la place de Nono et Bernie, qu'aurais-je fait ? Pour être tout à fait honnête, je n'en ai pas la moindre idée, et personne ne l'a. Trust s'est reformé, c'est tout, alors profitons-en. Qu'il ait un sens, n'a plus importance dans un monde où la dernière fois qu'on a entendu parler de "sens", c'était pour la défense des programmes people de TF1. L'on pourra même se demander pourquoi un groupe pareil utiise sa tournée 2006 pour réveiller les consciences et faire voter les gens, car quand on a porté aux nues l'énnemi public n°1, villipendé toute forme d'autorité, prôné la rebellion sauvage, dénoncé la connerie française dans toutes ses splendeurs, on reste dubitatif quant à l'utilité de mettre autant d'énergie dans des bulletins de vote (d'ailleurs quand on voit le résultat après la tournée... et de se demander quel pourcentage du public des Terre Neuvas a voté pour l'hypercéphalé de Neuilly...). Mais bon, la politique n'est pas tout dans la vie, et l'important musicalement, c'est que Trust is back.
Et pour leur retour, Trust a choisi le festival. Pas un Bercy noyé dans l'écho, pas une petite salle pour se chauffer, non : direct dans la fosse aux lions. Et on aura tout lu et tout entendu sur ce concert, des plus grandes louanges aux critiques (très) acerbes. A croire qu'il y avait deux publics différents ? Pas faux. Le public à gauche de la scène et le public à droite ? En tous cas, le groupe, lui, n'était plus le même. Au rayon déception, Bernie a un peu de mal à convaincre, et c'est sûrement cela qui a faussé les impressions (toujours ce tic franchouillard de ne parler que du chanteur). Voix pas toujours en forme, démarche hésitante, harangue molle, il est loin d'être mauvais mais on l'a connu bien plus inspiré, en verve (au moins puis-je certifier qu'il est fringué comme au naturel ! ^^). Fatigue, âge, rien ne compte dans ces cas-là. Rien sauf... lassitude. De la reformation du groupe... ou, plus simplement, lassitude de ce monde de merde qui a empiré ? Mouaif. Ben on ne lui en voudra pas. Par contre, lassitude du groupe ? Ca non !
C'est la grosse surprise du concert : Trust version 2006 est en forme. Batteur parfaitement à sa place (il succède à Nicko McBrain et Clive Burr, rimembeurre !), bassiste/choriste qui se démène comme un diable, Nono toujours aussi bluesy, et, enfin, un second guitariste ! Le duo de 6-cordes se complète à merveille, chacun répondant à l'autre quand il faut. Le "petit" (sic) gars Iso n'a pas à rougir en face de notre Norbert Krief national, et le groupe dans son ensemble est un plaisir à voir et à écouter. Du coup, comme le chant n'est pas au top et que de toutes façons, crier "Antisociaaaaaal !" n'empêchera pas les 3/4 du public de revenir le lundi matin faire des réunions marketing business plan réévalué sur le quote part de la tranche 25/32 suburbain, on met les paroles de côté et c'est le plaisir simple de la musique qui revient, une musique qui n'a pas pris une ride puisque, fortement parfumée au AC/DC, elle a toujours su être hors des modes.
Le tout est donc déjà bien supérieur au très moyen Still A-Live, si ce n'est deux soucis. Le premier, c'est la setlist : uniquement du tube, c'est bien pour un concert d'adieu, mais pour un concert de reformation (ahhhh... ouais, pas pareil), quelques titres moins connus et deux/trois nouveaux titres n'auraient pas été de trop (en plus, le public n'aurait pas eu l'excuse de ne pas connaître les paroles, il n'y a qu'à le voir sur Saumur !). Ensuite, vient la technique. Le son est excellent. Stéréo pas trop mal, mais surtout 5.1 parfaitement honnête, très clair, bonne batterie, guitares et toms qui de temps en temps passent à l'arrière, très bonne définition du public, rien à redire. L'image. L'image... est excellente. Définition ? Digne du DVD. 16/9ème en plus. Cadrages ? Propres, pros, rien de sublime mais très fonctionnels. Couleurs, piqué, tout ça très goûtu. Montage ? Argh, la malédiction du Still A-Live a ressurgi ! Vous trouverez donc nombre d'effets vidéo et d'inscrustations franchement datés, limite pourris, et qui ne font que faire pester devant la qualité du reste. Et au moment où l'on est prêts à le pardonner, arrive Antisocial qui est uniquement fait de flous, de ralentis, d'horreurs arty-kitsch qui n'ont rien à faire dans le live d'un groupe de hard-rock pendant un festival (NDBaker : Et nulle part ailleurs pour être franc). Dommage, on avait l'occasion d'avoir enfin un concert de Trust en DVD digne de ce nom... et d'ailleurs on n'en est pas loin !

Comme le disque ne dure qu'une heure quinze, soit trop peu, l'éditeur a jugé bon d'inclure quelques bonus... et il a eu bien raison ! Si vous faites votre tête de cochon, et décidez que Trust, c'était mieux âââââvant, vous aurez l'occasion de les voir... âââââvant. Quinze minutes volées lors d'un concert d'époque : l'image est nulle, le son catastrophique, ça coupe n'imp'comm', mais pour les fans c'est inestimable. Et puis vient une demi-heure de "l'année 2006", à savoir répétitions, backstage et enregistrement de nouveaux morceaux. Extrêmement bien filmé (mieux que le concert !), ce documentaire très sympathique donne la parole à presque tous, y compris un Bernie lucide, constatant l' "échec" de la rébellion qui se profilait, admettant devant caméra qu'il n'est pas vraiment chanteur (NDBaker : maintenant si Vincent Delerm pouvait faire de même...), et désirant continuer car en gros, Trust, ses livres et ses films (suis-je vraiment le seul au monde à avoir aimé Blanche ?!?), c'est tout ce qu'il sait faire car c'est ce qu'il est. Peut-on être et avoir été ? Difficile, mais malgré ses défauts, ce DVD possède des atouts inattendus, et sera tout indiqué pour la jeune génération qui n'a pas connu les glorieuses années d'or du metal français. Désormais, nous savons tous qu'écouter des chansons contestataires ne servira jamais à notre génération, voire celle d'après. Mais tant que ce n'est pas interdit par la loi, rien ne nous empêche de nous faire plaisir avec une bonne tranche de heavy blues. Et le jour du décret anti-Trust, on se démerdera comme on pourra.


02-02-2009

PS : Si vous voulez toujours être une star, regardez le bonus et imaginez "le fan" tous les jours, tout le temps. Ready for the trip-p-p-p-p-p ?

PPS : Je ne puis point ne pas citer cette citation citée par Didier Super : "J'aurais préféré la conne à la place du nazi". Et si DD Xper était le Trust des années 2000 ?

8 juillet 2007 - Festival des Terre Neuvas (Bobital, France)


01. Le mitard
02. Palace
03. Au nom de la race
04. Fatalité
05. On lèche, on lâche, on lynche
06. Medley (Saumur / Ride on / Dernier acte)
07. Par compromission
08. Sors tes griffes
09. Fais où on te dit de faire
10. Tout ce qui est bon est mal
11. Instinct de mort
12. Police milice
13. Medley (Préfab / Elite / Bosser 8 heures)
14. Antisocial



(A propos, ils se seraient pas gourrés avec l'album studio, dans le livret ?)

Norbert "Nono" Krief, Iso - Guitare   
   Bernie Bonvoisin - Chant
Vivi - Basse, choeurs   
   Farid - Batterie