Spectacle épatant, orchestre au diapason, technique époustouflante, un disque fédérateur (et un Blu-Ray de démo)

Note globale


Le dernier disque un peu sur-représenté, les coups de bourre de la réalisation

Editeur : GUN / Roadrunner
Durée totale : 5 h 48
(Je cite la jaquette verbatim : "8 heures d'images", no comment)

(96/24 !) - -

Image        PAL

2 CD du concert complet (édition limitée seulement)
Sous-titres anglais à chaque intervention batave
Menu en 5.1 (tant qu'à faire...)
Backstage : Fans (14 min)
Backstage : Countdown to symphony (6 min)
Documentaire semi-rétrospectif (23 min)
Concert bonus (62 min 16/9 DTS)
Road movie : Around the world (53 min)
Gag du Dutch Pop Award Show (3 min)
Les fans (4 min, bonus caché)
Sessions avec l'orchestre (9 min)
Conception de la pochette de Heart (3 min)
TMF Awards Benelux (10 min)
Making-of des clips (10 min)
Clips de What have you done, Frozen, The howling et All I need (16 min format respecté)

Tout a été réuni pour faire de ce DVD un très beau spectacle : la définition est épatante, les couleurs très belles, tout sent le carré et le pro. Hélas, quelques moments fiévreux viennent tout gâcher, et la compression en DVD a du mal à tenir la distance. Le tout est quand même magnifique, et le Blu-Ray rajoute une clarté et une fluidité tout à fait charmantes : son achat est vivement conseillé..
C'est ahurissant, et c'est la surprise numéro un de ce disque. Si la stéréo est bonne, un peu brouillonne, elle se fait laminer par un DTS où la spatialisation fera baver les plus exigeants d'entre vous (le Dolby se defend mais... le pauvre...). En Blu-Ray, vous avez la même chose en PCM 5.1 : absolument extraordinaire. Le meilleur mixage live de 2008 haut la main.
Alors en tant que vraie setlist, ça mérite 6, voire 5 : bien trop de nouvelles chansons par rapport aux autres, de gros oublis (où est See Who I Am ?), trop peu de vieilleries. Mais les orchestrations, les duos, la façon dont tout s'agence rend ce concert très plaisant, et à même de conquérir de nouveaux coeurs.
Dur dur : c'est aussi bien qu'avant, mais toujours un peu la même chose. Au moins voit-on de nombreux paysages, et quelques violons. Le concert bonus est une fausse bonne idée, et les clips sont ultra-pros... peut-être un peu trop, ils n'ont pas la magie de Silent Force. Mais on ne va pas se plaindre : c'est copieux, bourratif, mais il y a de vrais morceaux de truffe dedans.

"Je sais ce que tu te dis, bébé. Tu dois me trouver plutôt sadique. Mais non. Il n'y a rien de sadique, dans DDS. A ce moment précis, tel que tu me vois... je suis au sommet... de mon... masochisme".

"Mais Baker... Tu nous avais donné neuf sur d..." BANG !

On m'a retrouvée laissée pour morte au beau milieu d'une église à Tillburg. Plusieurs balles dans le corps : d'abord, un DVD douteusement froid qui avait déjà été étrillé par Baker, mon ancien amant. Ensuite la sortie de Silent Force dans un 5.1 totalement foireux qui a touché l'artère aorte. Et puis un album que même certains de mes amis ont boudé, se demandant à quoi bon ressusciter Evanescence qui était déjà crevé de mort naturelle. J'ai reçu une dernière balle dans la tête (et le pied) en annonçant un DVD mélangeant mon groupe et un orchestre symphonique, des années après qu'absolument tout le monde, de Metallica à Dream Theater en passant par Rage, Scorpions, Jeff Wayne ou Therion, l'aient fait, et bien fait. Je suis restée quatre ans dans le coma. Quatre ans à me faire abuser incessamment par les Epica, Leaves Eyes et autres After Forever. Mais ils vont payer. Ils vont tous payer. Je suis en route avec une liste de doutes à effacer, et une fois éliminés, je vais le tuer. Je vais tuer Baker.

 

 

Numéro 1 : LES BONUS

Un peu sonnée, je fis ma liste. A priori, cinq ennemis. Cinq Nemesis dont je connaissais les points faibles. J'ai commencé par le plus évident, les bonus. On a toujours été très amis, et une fois arrivée sur leur perron, ils m'attendaient déjà. C'était comme un échauffement pour moi, il n'y a pas cent façons de tuer un bonus. J'ai jeté en pâture tout ce que j'avais, après tout je n'avais pas grand-chose à craindre de cette première confrontation. Des récompenses, des clips, leur making-of, des backstages, des fans qui piaillent... Ce fut presque trop facile. Je tâchais cependant de garder des chances de mon côté : par exemple sur un road movie de 53 minutes, donc bien trop long, j'avais placé le maximum d'images des pays visités. Ca change des conneries dans les chambres d'hôtels. De même pour un petit documentaire où j'ai aussi placé un court historique de mon groupe. Je me suis même frisé les cheveux, je sais que Baker adore ça. Manque de pot, je suis une des rares jeunes femmes que ça n'embellit pas particulièrement. Pas grave, tout le monde a dit du bien de moi, de ma beauté, et de mes robes. Surtout dans la seconde moitié, lorsque la mariée était en noir... Au final, le combat a été particulièrement long, mais je m'en suis tirée avec à peine quelques égratignures. De quoi réveiller en moi le goût du sang. J'en ai aussi profité pour demander à notre bassiste ce qu'il avait pris pendant les TMF Awards, parce que ça avait l'air de bien fracasser.

Numéro 2 : LE SHOW

J'attaquai alors le premier ennemi réellement dangereux. Baker lui avait tout appris : l'art du playback, les arrangements mous, le sort de Fausse Ambiance, le décor rococo, les coupures nettes, et même comment briser un coeur avec un doigt (le majeur). C'était, je l'avoue, ma plus grande crainte après Baker, l'ennemi traître, celui contre qui je risquais de laisser le plus de plumes, voire la vie. Le concert. Certes, une foule déjà conquise était là pour faciliter ma victoire, mais j'avais appris à les ignorer, à rester "dans ma bulle" comme disait ma copine Diam's, une autre chanteuse lyrique. Je bandai mes forces et me jetai corps et âme dans la bataille. J'ai mis toutes les chances de mon côté, utilisé toutes les armes, toutes les techniques, et le combat fut, tel Saw VI, une boucherie sans nom.

C'est que je n'ai pas fait les choses à moitié. Quand je parlais d'orchestre symphonique, j'ai mis le paquet. Un orchestre énorme, rutilant, au son ample et précis, que je n'ai pas hésité à solliciter le plus possible : des cordes, une harpe, une chorale somptueuse m'évitant de réutiliser mes propres bandes, et des cuivres, oh oui, de gros cuivres bien Wagneriens que je n'ai pas hésité à balancer à toutes les sauces. De l'ouverture mégalomaniaque à un Ice Queen pompeux comme pas deux, je n'ai pas laissé l'ennemi souffler un seul instant. Ah tu n'aimes pas le dernier album, chacal puant ? Tiens, prends-toi ces nouvelles orchestrations dans ta gueule ! Et je t'achève avec All I Need à faire chialer le port de Dunkerque ! Tu n'as pas aimé l'intermède acoustique avec ballades ? Attends, je change de costume de combat, après tout c'est la black symphony ! Wayaaaa ! Mawashisolemnhour dans ta face !

Et comme le lion ne s'associe pas avec le cafard, j'ai balancé aux moments cruciaux quelques alliés : Keith Caputo pour un duo bien tubesque, du growl pour rappeler les vieux jours (les sentiments, dans un duel, ça compte), et au moment où on pense que ça devient mou, je sors l'arme ultime : ma vieille copine Anneke. Avec les frissons dans l'assistance, j'ai vite compris que la victoire était proche. Un dernier Ice Queen avec de nouveaux arrangements de porc, et je suis sorti vainqueur vainqueuse vaincrice indemne. J'ai aussi rajouté quelques éléments pour faire joli : une scène magnifique avec des fumigènes et des flammes partout, les choristes habillés en moines gothiques, et un écran géant tellement époustouflant que pendant la première chanson, on ne sait pas que c'est un écran. On pourra me reprocher d'avoir axé 85% du set sur les deux derniers albums, mais avec cet orchestre vibrant, cette sensation d'énormité dans le moindre détail, cette perfection dans le spectacle, mon ennemi se prosterna à genoux devant moi, en larmes et tremblant comme les 10.000 spectateurs de l'Ahoy. Victory is mine ! The battle has raged in the plains of Lothril and of Ushagark and of Utarg and of Targ and of la Hollande. I want dawn. Ennemi suivant.

Numéro 3 : L'IMAGE ?

J'ai une vieille affaire à régler avec l'image. J'avais la sale impression que jusqu'à présent, c'était un borgne qui s'en occupait. J'ai roulé pendant des jours pour arriver au studio de post-production, je voulais le meilleur. Ce sont donc des Belges qui s'y sont collé. On se fout d'eux, mais ils sont bons, les Belges. Il y a toujours eu des reproches sur mon image, même chez mes anciens amis : premier DVD pas en 16/9 et de jour (je ne vois pas ce qui les choquait), second avec une lumière et des couleurs hideuses. A peine l'image débarquée devant moi, je sortis le sabre magique, fin, tellement fin, mais si tranchant... 1080 points de suture par coup donné. Pour me donner du fil à retordre, je devais en plus m'occuper de l'associé de l'image : le Blu-Ray, un nouvel ennemi jeune mais très sournois, sans pitié. Je les ai pulvérisés tous les deux. Munie d'un nombre impressionnant de caméras numériques, j'ai balancé un montage dynamique, des couleurs incroyables, un piqué ahurissant de précision. J'ai eu du mal à tout faire rentrer dans mon petit disque argenté, d'où des carrés là où j'aime tant les rondeurs, mais l'image a vite succombé. Sur le disque bleu, celui de la Connaissance Sacrée, j'ai même pu augmenter la qualité pour en faire un produit sinon perfectible, du moins largement digne de ce nom. Fallait pas me chercher. Bon, on a tendance à ne voir un peu trop que moi, moi et moi, mais après tout, ce groupe, c'est moi, nom d'une pipe ! Le corps meurtri de mon opposant glissa le long de la falaise et bien que je ne pus voir son cadavre, je pensai être sortie une nouvelle fois triomphante et continuai ma route. Je garde quand même en mémoire le nom du monteur qui a massacré les parties "harde roque" avec des effets de merde qui font exploser la compression du disque argenté, et même trembler le disque bleu - et pourtant il faut le faire. Ce gars-là, s'il recommence, il goûtera à ma lame.

Numéro 4 : LE SON

A pas feutrés, je marchai derrière des paravents recouverts de boîtes d'oeufs. Je savais que Baker m'attendait sur ce coup-là. Il a toujours défendu le son avec ardeur, et lui appris tous les tours de cochon possibles. Là, il fallait me concentrer. Le son, c'est capital. Un ennemi redoutable, d'autant plus qu'on se connaît bien. Lui et moi, on a toujours vu les choses en grand. L'image ayant été assassinée, du moins selon mon intuition, je devais profiter de cette force intérieure pour régler son sort au mixage avec encore plus de violence. Cela me donnerait la force nécessaire pour affronter Baker.

Soudain, le paravent se déchira et 88 sons différents vinrent m'assaillir. Damned ! Prise au piège étais-je ! En effet, si mixer 6 musiciens était compliqué, mais dans mes cordes (ah ah), j'avais affaire ici à une grosse centaine de pistes différentes. Je ne me laissai pas décourager. Je sortis le sabre, une magnifique lame de 96 centimètres par 24, et je décapitai tous ces félons méthodiquement. Pan ! Paf ! Poum ! Je les envoyai aux quatre coins de la pièce avec une force et une précision très rarement entendues dans un DVD live. Dès les premières minutes, les cuivres (énormes) et les choristes mâles se retrouvèrent au fond, tandis que tous les autres s'éparpillaient avec un sens du placement qui m'a laissée béate. Au final, malgré le côté massif et grand-guignolesque de mon combat, chacun pourra délimiter dans l'espace le moindre instrument, renvoyant le "Score" de mes amis Dream Theater aux orties. J'ai même donné une fessée au clavier que l'on n'entend du coup pas du tout à part au piano. Fière de moi, j'assennai le coup fatal avec le "Blu-Ray en PCM non compressé", une arme de nouvelle technologie meurtrière quand elle est bien utilisée. Une fois le concert terminé, le son tomba lentement à genoux, dans la neige, la boîte crânienne tout aussi explosée que celle des auditeurs, et le cerveau mis à nu. Je souris en pensant à Baker, qui ne devait plus être très loin : il paraît que les cervelles à l'air, ça le connaît bien.

INTERLUDE : LE CONCERT BONUS

C'est alors que j'arrivais près du but que j'ai failli mourir une seconde fois. Dans mon élan de générosité, j'ai baissé ma garde et offert à nos fans un second demi-concert, gratuit. Je ne me doutais pas qu'il s'agissait du sixième ennemi, dont j'ignorais l'existence, bien que Baker m'en ait déjà longuement parlé. Emportée par mon enthousiasme, j'avais cru m'en sortir à bon compte : son toujours énorme, une vieillerie du premier album, écran géant et pyrotechnie comme à l'Ahoy, et une image encore meilleure ! Las... Je n'avais pas compris que réutiliser les bandes orchestrales de l'album signifiait revenir au côté deshumanisé et trop poli de Silent Force. Beaucoup de nouvelles chansons, un clavier ne servant strictement à rien, gimmicks de scène, on revenait au Within Temptation joli mais sans âme, sans foi, ne comptant que sur le spectacle pour rameuter les fans, ne prenant aucun risque. Une balle dans le pied qui s'infecta lorsque le spectateur fût pris de baîllements. Heureusement la perfection de l'image, les tubes hurlés par la foule et la durée raccourcie de moitié vinrent me sauver. Une fois remise d'aplomb, je m'enfuyai loin de ce live pré-cuisiné et pré-mâché, me maudissant de ne pas avoir utilisé un concert plus intime en Amérique du Sud comme on en voyait dans les bonus, voire un vrai unplugged. Moins de pyro, plus de celtique, plus de guitares, plus de vieilles chansons, du growl (du vrai, pas mon mari), et plus aucun sample : voilà ce que j'ai appris après m'être pris une volée de gros sel dans le cul. J'espère m'en souvenir pour plus tard.

Numéro 5 : BAKER

La porte s'ouvrit lentement. Couverte de sang, j'avançais dans le couloir, intriguée par le silence. Au mur, un poster du DVD de Kamelot qui pourrait faire penser que Baker avait déjà fait son deuil de Within Temptation. C'aurait été plausible. Mais je sus qu'il ne m'avait pas oubliée dès que nos regards se croisèrent. J'aurai pu sortir mon sabre et le découper en tranches sur le champ (NDKaworu : Et y'aurait du boulot). Il aurait pu faire de même. Au lieu de cela, nous nous sourîmes, malgré nous. Il me proposa un thé au jasmin et miel pour ma voix, un whisky pour lui (what else ?), et au lieu de nous entretuer, nous bavardâmes.

"Tu te rappelles ? Le neuf sur dix de Mother Earth Tour ?". Bien sûr, lui murmurais-je. On n'oublie jamais son premier amour. Le temps semblait se figer, notre méfiance semblait éteinte. Je lui passai le Blu-Ray et pendant deux heures, ses yeux s'embuèrent.

"Tu vas vraiment descendre le 5.1 de Silent Force ?" m'enquis-je, presque suppliante.

"Je le dois", dit-il dans un sourire triste. "C'est mon métier, tueur. Je ne sais faire que ça".

Le moment était propice pour la bataille, mais aucun de nous n'avait la force de bouger. Nous testions nos passés respectifs et communs, dans une reposante quiétude.

"Tu as eu raison de faire ce DVD finalement", lâcha-t-il presque soulagé d'avoir perdu. "Il est exceptionnel à plus d'un titre. J'adore comment tu as filmé les fans après le concert. Au lieu de les faire gesticuler comme des macaques, comme d'habitude, tu leur as volé les instants de solitude qu'on connaît tous après un bon concert. Certains se mettent même à pleurer, tellement ils ont été émus, et tristes que ça soit déjà fini. Le boitier est beau, le livret est beau... tu es belle", finit-il dans un murmure.

Un long silence pesa sur la maison. "Tu admets donc que Within Temptation est encore capable de sortir un DVD musical digne des tous meilleurs ?"

Il ne répondit pas. Son regard était plongé dans le vide. Une goutte de sang perla de sa lèvre inférieure. Je quittai la maison sans un bruit, le laissant derrière moi, sans le regarder. Je ne sais pas s'il est mort. Je ne sais pas s'il sait s'il est vivant. Je repris la voiture et, dans un vrombissement de moteur, continuai mon chemin, sans trop savoir où aller. Mais quelque soit mon destin, j'ai désormais sur moi une arme. Elle s'appelle Black Symphony. Et elle est mortelle.


09-02-2009


7 février 2008 - Ahoy (Rotterdam, Pays-Bas)
24 novembre 2007 - Beursgebouw (Eindhoven, Pays-Bas)


01. Ouverture
02. Jillian (I'd give my heart)
03. The howling
04. Stand my ground
05. The cross
06. What have you done
07. Hand of sorrow
08. The heart of everything
09. Forgiven
10. Somewhere
11. The swan song
12. Memories
13. Our solemn hour
14. The other half (of me)
15. Frozen
16. The promise
17. Angels
18. Mother Earth
19. The truth beneath the rose
20. Deceiver of fools
21. All I need
22. Ice Queen

   Bonus concert
01. Jillian (I'd give my heart)
02. The howling
03. The cross
04. Hand of sorrow
05. The heart of everything
06. Restless
07. Our solemn hour
08. Mother Earth
09. Jane Doe
10. The truth beneath the rose
11. All I need


Sharon Den Adel - Chant   
   Robert Westerholt - Guitare, chant, choeurs
Martin Spierenburg - Claviers   
   Ruud Jolie - Guitare, choeurs
Stephen Van Haestregt - Batterie   
   Jeroen Van Veen - Basse
The Metropole Orchestra - Cordes, cuivres, percussions, chorale   
   Jules Buckley - Direction d'orchestre et arrangements
Anneke Van Giesbergen, Keith Caputo, George Oosthoek - Chant