Un document honnête et pertinent sur ce qu'est l'entité Metallica post-St Anger

Note globale


Le concert n'est déjà pas exceptionnel, mais alors le DVD...

Editeur : MasterPlan
Durée totale : 1 h 55

Image        NTSC

Par définition, un DVD pirate n'a PAS de bonus. Mais certains bootlegs en ont. Pas celui-là. Dommage Eliane...

C'est punitif à cause d'une désynchro abominable, et c'est bien dommage car la définition et la réalisation étaient largement correctes, dignes d'une "vraie" sortie même avec un 16/9 zoomé. Voilà ce qui arrive quand on bosse mal.
Simple stéréo donnant lieu à des débordements de Trujillo bien trop phagocyteurs. Mais quelques bons points : les solos de Kirk parfaitement isolés à droite, le public présent (mais pas encore assez). Un peu fouillis, rien de vraiment mauvais, sauf Battery.
Une setlist sans prises de risques ou presque, agréable, mais prévisible. L'agencement est assez bon et évite répétitions et coups de mou, mais on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi Metallica revient aussi loin dans sa carrière et d'une façon aussi flagrante.
Rien de chez rien. Sauf à la rigueur si vous parlez couramment le coréen. Ce n'est pas linguoraciste, j'adorerais savoir ce qu'il se dit sur ces bandeaux. Faudrait juste que ce soit en sous-titres optionnels, mais pour ça, faudrait que l'éditeur du DVD possède les bandes vidéo d'origine. N'est-ce pas ?

Nous allons faire les présentations. Vous connaissez déjà VeoStar et All Stars, qui ont eu la joie et l'insigne honneur de se faire allumer le fion dans ces colonnes. Vous connaissez aussi FNM, qui a eu la chance de se faire rhabiller pour les quinze saisons à venir, et c'est pas fini (la collection automne/hiver est en cours de tissage). Découvrez désormais, ta na naaam, MasterPlan, un éditeur présent dans moults Virgin et autres Leclerc, parfois en tête de gondole (!!!), et qui n'est pas exactement du même acabit, même si les dommages collatéraux sont tout aussi importants. Contrairement aux petits collègues, chez MasterPlan, on ne pirate pas sans vergogne des DVD déjà existants, on ne grave pas n'importe quelle merde YouTube au petit bonheur la chance en ignorant jusqu'au titre des chansons même s'il est inscrit en maousse sur l'écran. Non, chez MasterPlan, on est spécialisés dans les lives mythiques, importants ou rares, ceux qui n'ont pas encore eu de sortie officielle pour des raisons parfois injustes, ceux dont les fans rêvent depuis longtemps, ou possèdent déjà mais en VHS sous perfusion : Donington de Maiden, Queen au Japon, le Lyceum de Genesis, bref du culte. L'intention est louable, mettre à disposition des pépites pour pas trop cher. Sur le fond, c'est nettement moins défendable puisqu'ils touchent des ronds, et les artistes représentés ballon. Et la mise en œuvre ? Alors là, c'est comme Jon Anderson ou une nouvelle fiancée : ça se gâte.
Mais revenons à Séoul. On se souvient surtout de cette ville, beaucoup avec tristesse, moi avec délectation, parce qu'une poignée de demi-dieux surpayés et surmédiatisés s'y étaient bouffé un méchant retour de bitume contre la mâchoire, façon American History X. L'histoire se répètera-t-elle ? Metallica fait-il désormais partie de cette caste ci-citée ? Le concert en tant que tel pourrait nous rassurer du contraire. S'il ne provoque pas un engouement immédiat de type concert-culte-imparable, il se laisse relativement suivre et écouter, agréablement, en passant, sans plonger le spectateur occasionnel dans l'ennui. Mais si on regarde de plus près, et nul besoin de se trop pencher, les dégâts infligés à l'un "des dix meilleurs groupes de rock du monde" sont des blessures non cutanées, mais profondes. On savait Lica terriblement affaibli après Some Kind of Monster, montrant un groupe en pleine implosion. La fin du film montrait un quartet reformé, plein de fougue, heureux de retrouver la scène. Un raccourci qui omettait le premier détail, important, critique même : la setlist. Si vous n'aimez que le "vieux" Metallica, vous serez aux anges puisque vous avez TROIS titres postérieurs à 1991. Ca en dit long sur l'état d'esprit des musiciens. Ah oui, les musiciens.
James. James, c'est un monstre de guitare rythmique. Il l'a toujours été, il le sera toujours, ça coule dans ses veines. C'est vocalement qu'il est à la peine : une fois de plus limite émouvant quand il est bon, il continue malgré tout de délivrer des pains pendant des phrases entières, et son phrasé est de plus en plus country, ce qui ne va pas plaire à tout le monde (loin de là). Rebert... pardon, Robert Trujillo ? Quelle déception !!! Le plus simiesque des bassistes a beau faire l'orang-outan sur scène, musicalement il est d'une fadeur surprennante. Voilà un des meilleurs bassistes de la scène metal qui en quelques mois a tout perdu ! Plus de slap, plus de montées aigües fulgurantes, juste de la basse, toute bête, avec un son trop gros et trop grave pour se faire réellement apprécier. A aucun moment il ne brille. On verra même le contraire, un de ces jours.

Putain, mais comment ça marche déjà ce truc, là ?!
Lars ? Pouah, Lars ! Une vraie quiche. J'ai horreur du Metallica-bashing gratuit, très en vogue depuis dix ans, mais il faut dire ce qui est : derrière les fûts, Ulrich est devenu lamentable. Pas une once, que dis-je, pas un atome de groove dans son jeu ! Des pains partout, un tempo rarement respecté (sauf pour les parties punk), un jeu brouillon, sans fluidité, des transitions catastrophiques, des erreurs impardonnables, des oublis inexcusables et de la fainéantise savamment dosée. Vous connaissez ce mec, là, le fameux "Baker" ? Eh ben ils sont arrivés chacun de leur côté au même type de jeu. Et non, ce n'est pas un compliment. Je suis sûr que Karen Cheryl jouerait mieux Enter Sandman, sans rire. Reste, CQFD, Kirk Hammett. Il fait toujours des fausses notes ça et là (surtout là), il est toujours incapable de sortir de la gamme de mi phrygien, ni de faire un solo sans abuser de la pédale wah-wah à foison, ni diront les mauvaises langues de faire la pédale wouh-wouh à toison (bon, ok, c'est le guitariste le plus métrosexuel de l'univers. A côté Brian Molko c'est, justement, Robert Trujillo). Mais malgré tous ces défauts qu'on lui connaît depuis vingt ans, en plus d'être resté sympa, Kirk est le meilleur musicien des quatre, en tous cas le plus régulier. Kirk Hammett, oui oui. Si on nous avait dit ça en 91...
Cependant, si on nous avait aussi dit en 91 que la setlist d'avant-hier serait presque celle de dans 15 ans... avec 3 albums de plus au compteur... eh ben on se serait déjà posé des questions. Mais on aurait éludé le problème principal : même setlist, 15 ans et quelques centaines (milliers ?) de concerts en plus, mais... cohésion de groupe dix fois moins bonne. En 91, il aurait été inconcevable que Unforgiven soit autant massacrée, qu'Orion la pièce maîtresse soit aussi déséquilibrée par endroits, ou pire, qu'Enter Sandman soit la victime de plantages aussi énormes que répétés. Mais avec la promesse de 3 albums supplémentaires, on aurait eu également les larmes aux yeux d'apprendre que Frantic réussirait à être plus fausse (voix, guitares, crédibilité) que le déjà horrible titre original, ou encore qu'une chanson inédite, mélange de youhou country et de refrain punk super-vieillot, puisse être autant sans queue ni tête (et après on dira qu'Opeth est brouillon !). On aurait également parié qu'un concert achevé par Seek & Destroy se finirait dans une dernière explosion metallique, pas une minute APRES le final pour faire retomber le soufflé. Mais bien plus grave, jamais, au grand jamais, même en 98 quand ils reprenaient du Blue Oyster Bar Cult avec synthés et tout le fourbi, jamais on n'aurait cru qu'ils oseraient "singer" (sic) Pink Floyd au détour d'une citation catastrophique et consternante, rendant Roger Waters meilleur bassiste que Trujillo - oui, vous avez bien lu.

Tout cela ne serait que pinailleries malheureuses, devant un Fade to Black très réussi ou un One où le groupe semble enfin soudé et heureux, si MasterPlan n'avait pas mis son grain de sable. L'image a été recompressée, puisque l'affreux logo de l'éditeur a été incrusté, pendant TOUT le concert. Vous imaginez ça vous, mater Harry Potter avec le logo de la Warner présent tout du long ? Ca plus un bandeau en coréen défilant à chaque chanson n'empecheront pas de trouver l'image plutôt bonne, bien définie, à la réalisation plus que correcte. Mais la désynchro, si. A partir d'Orion, le son se décale de près d'une seconde en avance, rendant le concert à la fois risible et irregardable. Le troisième tiers voit le décalage disparaître, puis revenir, telle la marée. Et si le son avance quand l'image recule, comment voulez-vous ? Au lieu de défigurer l'image avec leur logo à la con, MasterPlan n'aurait pas préféré VERIFIER son DVD avant de le mettre (illégalement) à la vente, voire de CORRIGER ce problème ? Non, ils ne pouvaient pas. Par contre, les pirates sur Internet, eux, l'ont fait : ils ont repiqué l'image, resynchronisé le son, et remis ça sur la Toile gratuitement. Illégal aussi ? Oui, mais beaucoup moins, si vous voulez mon opinion de redak'chef. On rajoutera un son pas mauvais mais complètement foireux sur l'intro de Battery (on dirait un overdub du vinyl original repassé en mono), un joli décrochage à 40 min 45 qui vous rappellera les joyeux délires de la TNT, l'absence totale de menu (ça aussi les pirates l'ont rajouté post-mortem), et on comprendra que si Metallica ne mérite peut-être plus qu'on leur file 70 euros pour un concert aussi bancal, MasterPlan méritent encore moins leurs 7 euros gagnés honteusement sur le dos du groupe ET des fans. Donc pour l'instant, "MP" comme ils disent, c'est comme la fiancée de Ash : à la trappe ! Better luck next time, les mecs ?


17-07-2008

15 août 2006 - Stade Olympique de Séoul (Corée)


01. Creeping death
02. Fuel
03. Harvester of sorrow
04. Frantic
05. The unforgiven
06. For whom the bell tolls
07. Orion
08. Master of puppets
09. Fade to black
10. Battery
11. Sad but true
12. Nothing else matters
13. One
14. Enter sandman
15. The other new song
16. Seek and destroy


James Hetfield - Chant, guitare   
   Kirk Hammett - Guitare, choeurs
Robert Trujillo - Basse, choeurs   
   Lars Ulrich - Batterie